Cyclisme : « Pogacar, on ne peut pas lui en vouloir »
Alexandre Higounet

A l'occasion d'un entretien accordé au quotidien Ouest-France, David Lappartient, le président de l'Union Cycliste Internationale, est revenu sur la domination écrasante de Tadej Pogacar, dont certains estiment qu'elle a atteint un tel niveau qu'elle nuit à l'intérêt des courses, allant jusqu'à décourager les rivaux du Slovène, qui partent battus d'avance dès qu'il est au départ.

Il y a quelques semaines, Tadej Pogacar clôturait son année 2025 avec une cinquième victoire d'affilée au Tour de Lombardie, après un raid solitaire de plus de 30 kilomètres après s'être envolé dans le dernier col de la course. Une nouvelle fois, le champion slovène a ultra dominé la saison, remportant la grande majorité des courses auxquelles il a participé, du Tour des Flandres à Liège Bastogne Liège en passant par le Dauphiné, le Tour de France et les championnats du monde, entre autres.

« En sport, quand on peut prédire le résultat, son intérêt diminue, c’est une évidence »

Cette domination n'est pas sans créer un sentiment de fatalité au sein du peloton, où l'on en est réduit à espérer que Pogacar ne soit pas présent au départ d'une course pour la gagner, comme l'avait expliqué avec sincérité le coureur français d'EF Education First, Alex Baudin, il y a quelques semaines : « Honnêtement, c'était assez drôle à regarder au début. Mais cette année, malheureusement, mon programme était très similaire à celui de Pogacar. Sans vouloir paraître démoralisé, sinon on ne serait pas au départ, on sait très bien ce qui va se passer dans le final. Il a deux vitesses d'avance sur les autres. Dans le peloton, beaucoup commencent à en avoir marre d'être écrasés. C'est peut-être bien pour le cyclisme à la télévision de voir des attaques à 100 kilomètres de l'arrivée, mais ça brise aussi le suspense. Pogacar gâche un peu la course. À chaque fois qu'il est là, tous les autres se battent pour la deuxième place ».

« Pogacar est au sommet de sa carrière, comme Merckx l’était au même âge, comme Hinault »

A l'occasion d'un entretien accordé au quotidien Ouest-France, David Lappartient, le président de l'UCI, a été interrogé sur cette domination totale de Pogacar : « On ne peut pas lui en vouloir. En sport, quand on peut prédire le résultat, son intérêt diminue, c’est une évidence. Mais sur Paris-Roubaix ou Milan San Remo, cette saison, il y a match entre Van der Poel et Pogacar, c’était passionnant. La première semaine du Tour n’était pas mal, puis dès la première étape de montagne, c’était fini. Oui, Pogacar est au sommet de sa carrière, comme Merckx l’était au même âge, comme Hinault. Il y a toujours eu des époques d’ultradomination, ce n’est pas idéal pour le suspense. Mais des attaques à 100 km, comme au championnat du monde, il faut du panache. Quand les champions ne gagnent pas, c’est bien aussi ».

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