Après l'épreuve en ligne des championnats d'Europe, les cartes pourraient avoir été sérieusement rebattues quant aux prétendants à la victoire dans les Grands Tours à l'avenir. Alors que Jonas Vingegaard semble de plus en plus plier les ailes face à Pogacar, d'autres concurrents frappent ou vont frapper à la porte. Et selon le sélectionneur de la Belgique Serge Pauwels, un en particulier pourrait parvenir à l'ouvrir...
A l'occasion des championnats d'Europe disputés dimanche dernier sur un parcours très vallonné et exigeant, on a peut-être assisté au début d'un changement d'ère quant aux prétendants à la victoire au Tour de France derrière l'ogre Pogacar. L'abandon rapide de Jonas Vingegaard, décroché à plus de 100 kilomètres de l'arrivée symbolise parfaitement la nouvelle position du leader danois de la Team Visma-Lease A Bike, qui paraît avoir plié les ailes face au Slovène et renoncé à la victoire dans le Tour pour se concentrer sur la Vuelta, qu'il vient de remporter, et le Giro, sur lequel il prévoit d'être aligné la saison prochaine.
« Il deviendra assurément un nouveau challenger pour Pogacar »
A l'inverse, d'autres candidats se dessinent de plus en plus. Certains sont connus, comme Remco Evenepoel, qui apparaît de plus en plus déterminé, encouragé par ses victoires répétées en chrono et ce sentiment qu'il se rapproche un peu du moment où il sera en mesure de suivre Pogacar dans les ascensions. D'autres en revanche, émergent à peine. Et le premier d'entre eux est Français : Paul Seixas. Le jeune coureur (à peine 19 ans) de la formation Décathlon-AG2R La Mondiale a littéralement crevé l'écran ces derniers temps. Après avoir été à la bagarre lors du terrible Mondial au Rwanda (13ème à l'arrivée), il a été le seul à pouvoir suivre le duo Pogacar-Evenepoel, lors de la grande offensive du Slovène lors des championnats d'Europe. Et sa troisième place à l'arrivée confirme qu'il ne s'agissait pas que d'un feu de paille sur quelques kilomètres.
« Pogacar est plus âgé et finira par perdre de sa force, et Seixas est celui qui est prêt à prendre le relais »
A l'image de cet épisode de course où la victoire s'est jouée, le potentiel et la progression de Seixas impressionnent le monde du cyclisme, comme le sélectionneur de la Belgique Serge Pauwels, qui le voit capable d'être le principal concurrent de Pogacar sur le Tour de France dans les prochaines années. Pauwels a ainsi affirmé, dans des propos rapportés par Sporza.be : « Ce que nous avons vu lors des derniers championnats est impressionnant. Si l'on respecte la logique et qu'il continue de progresser, il montera sur le podium du Tour de France d'ici deux ou trois ans. Je ne serais absolument pas surpris. Je l'ai vu remporter la Classique des Alpes Juniors l'an dernier. C'était phénoménal. Il avait encore tellement de panache à la fin. Il a maintenu une cadence élevée et n'avait pas l'air épuisé du tout ; il aurait probablement pu continuer encore 50 kilomètres. 'C'est vraiment spécial', me suis-je alors dit. Les Français peuvent légitimement rêver d'un successeur à Bernard Hinault. Attention, si tout le monde crie ça, il y aura une grosse pression sur lui. Espérons que ça ne devienne pas paralysant. Si on regarde ses performances et qu'on continue sur cette lancée, il deviendra assurément un nouveau challenger pour Pogacar. Il ne le battra peut-être pas encore, mais avec Vingegaard et Evenepoel, il s'en rapprochera. Pogacar est plus âgé et finira par perdre de sa force, et Seixas est celui qui est prêt à prendre le relais. À son âge, on n'est généralement pas encore au sommet de sa forme. Et la marge de progression n'est pas forcément énorme, de toute façon ; il est déjà proche des meilleurs pros. Il était très fort au Dauphiné, et j'ai l'impression qu'il a franchi un nouveau palier depuis. Je le vois bien performer l'année prochaine, sur des courses d'une semaine comme le Dauphiné, Paris-Nice, la Catalogne ou le Pays Basque. Mais un Grand Tour ne sera pas loin. Le Tour arrive peut-être trop tôt, mais le Giro ou la Vuelta pourraient aussi être une option la saison prochaine. Il est capable de terminer dans le top 10 et de remporter une étape. Il grimpe exceptionnellement bien et est très fort contre la montre, donc je n'ai pas besoin de tirer de conclusions. Il peut aussi créer la surprise sur les courses d'un jour, mais je ne le vois pas disputer des classiques comme le Tour ou Roubaix pour défier Pogacar dans les cinq prochaines années. Liège-Bastogne-Liège suivra plus tôt. Seixas pourrait bien être un ultra-talent ».