Commotion cérébrale, hémorragie interne, épaule et mâchoire déboîtées… Le match fou qui a terrorisé la WWE !
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

C’est l’un des combats de catch qui a marqué les mémoires. On fête en ce 28 juin 2024 les 26 ans du match brutal entre l’Undertaker et Mankind, aka Mick Foley, qui est rentré dans les vestiaires en piteux état après avoir mis sa vie en péril dans l'emblématique cage de la WWE. Retour sur cet Hell in a Cell légendaire que les protagonistes n’ont pas oublié.

28 juin. C’est en ce jour d’été que la WWE proposa en 1998 l’un de ses traditionnels pay-per-view, le King of the Ring, qui deviendra alors l’un des shows les plus marquants de l’histoire de la compagnie grâce à un combat au niveau de violence et de dangerosité rarement vu encore. Alors qu’il ne figurent pas dans le main event, l’Undertaker et Mankind s’affrontent dans un Hell in a Cell, un match en cage encore novateur à la WWE qui propose cette stipulation pour la troisième fois. Les spectateurs du Civic Arena à Pittsburgh en Pennsylvanie ne savent pas encore qu'ils n'oublieront jamais ce moment.

« Mon Dieu, ils l'ont tué ! »

L’Undertaker et Mankind, Mick Foley de son vrai nom, vont en effet se livrer une bataille brutale qui reste encore aujourd’hui considérée comme l’un des plus grands combats de la WWE, avec deux scènes mémorables toujours largement relayées aujourd'hui. Il ne faut pas attendre longtemps, moins de deux minutes après l’arrivée des deux protagonistes, pour voir la première action se produire. Foley est alors projeté du haut de la cage par son adversaire à travers une table située cinq mètres plus bas, provoquant le choc du commentateur Jim Ross : « Mon Dieu, ils l'ont tué ! ».

« 'Regarde s'il est vivant' »

Si le catch reste une discipline scénarisée, il est en revanche impossible de prévoir à l’avance les conséquences d’une telle séquence. Après une intervention médicale, le match reprend et Mick Foley se voit jeter une seconde fois du haut de la structure métallique, transperçant cette fois-ci la cage pour finir sur le ring, une chaise lui arrivant de surcroît et involontairement sur le visage. « La chaise est tombée avec Mick et a atterri sur son visage. Elle lui a coupé la lèvre et lui a enfoncé une dent dans le nez. La cage était censée protéger Mick. (…) Elle n'était pas censée se briser », révéla par la suite dans son podcast Bruce Prichard, producteur à la WWE présent à ce moment dans les coulisses. « Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie, confessa quant à lui l’Undertaker. Je ne veux pas dramatiser. Je l'ai déjà dit dans des interviews. Quand j’étais en haut, je ne savais pas si tu [Foley] étais encore avec nous ou pas. Parce que c'était... J'ai vu beaucoup de choses dans le monde du catch, avant et depuis. Mais je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. »

Preuve du choc ressenti par l’Undertaker, cette question discrètement posée par ce dernier à Terry Funk, venu durant le match afin de contrôler l’état de Mick Foley après la seconde chute provoquant le chaos en coulisses selon Bruce Prichard. « Je ne connaissais pas les mots qui avaient été prononcés, déclara des années après Foley dans son podcast. Ce n'est que lorsque Terry m'a intronisé au Hall of Fame en 2013 qu'il l'a révélé. Il a dit que l'Undertaker l'avait regardé et avait dit : 'Regarde s'il est vivant'. Ce que je pensais être une main posée au hasard sur mon visage était en fait Terry en train de prendre mon pouls. Quand il s'est retourné, il a dit à l'Undertaker : 'Il respire encore'. » Passée la crainte, les deux hommes reprennent le match qui se conclut après 16 minutes par un atterrissage de Mankind sur un lit de punaises pour sceller la victoire de l’Undertaker

« Je ne veux plus jamais voir quelque chose comme ça »

Ramené dans les coulisses avec l’aide des officiels de la WWE, le bilan est lourd pour Mick Foley. En plus d’une commotion cérébrale, le catcheur a souffert d'une hémorragie interne, s'est cassé des dents, contusionné quelques côtes, a subi de nombreuses piqûres dues aux punaises et s'est déboîté l'épaule gauche et la mâchoire, qui avait été remise en place pendant le match. « Tu ne peux pas savoir à quel point j'apprécie ce que tu viens de faire pour cette entreprise, mais je ne veux plus jamais voir quelque chose comme ça », lui aurait lancé dans les vestiaires Vince McMahon, le grand patron de la WWE à cette époque. « Quand Vince est venu voir Mick (durant le match, NDLR), ce n'était pas une mise en scène, c'était réel, précisa Bruce Prichard. Il était sincèrement préoccupé par la santé et l'état de Mick ».

Dans sa première autobiographie, Foley révélera qu'il envisagea se retirer complètement du catch à la suite d'un échange téléphonique avec sa femme, extrêmement bouleversée par ce qu'elle venait de voir. Mick Foley, aussi, va conserver un rapport particulier avec ce match, refusant d’être uniquement associé à ces prises de risque que certains qualifieront d’inconscientes. « C’est vraiment cathartique d'en parler, confiait-il en 2018 au podcast Two Man Power Trip of Wrestling. Je découvre de nouveaux éléments sur le match au fur et à mesure. C'est un match que j'ai fui pendant de nombreuses années et dont je ne voulais pas parler, mais au bout d'un moment, de la même manière qu'Adam West a accepté d'être Batman et que d'autres acteurs se sont sentis catalogués, je ne voulais pas être connu pour cette seule chose. Mais après un certain temps, je me suis dit que ce n'était peut-être pas la pire chose pour laquelle être connu, mais cela a été vraiment cathartique d'en parler ». Considéré comme l'un des catcheurs les plus populaires de l’histoire de la WWE, Mick Foley conserve aujourd'hui des séquelles physiques de ce 28 juin 1998.  « La chute depuis la cage lors du Chokeslam a encore des conséquences pour moi, révélait-il en 2020 dans une interview avec le journal britannique Metro. Je viens de payer 425 dollars pour me faire enlever ma prothèse dentaire du bas, des fausses dents qui ont été arrachées dans cette cage, je vais devoir débourser environ 15 000 dollars pour me faire soigner. »

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