NBA - Nicolas Batum : « Je sais où j’en suis dans ma carrière »
Benjamin Moubèche -
Journaliste, correspondant à San Antonio (USA)
Éperdument passionné de basket, parti vivre à San Antonio pour suivre les Spurs de Victor Wembanyama après un diplôme à l'IEJ, le regard constamment fixé sur la NBA, tant sur le terrain que sur les statistiques et les contrats.

En quelques mois, Nicolas Batum s’est imposé comme l’un des piliers des Philadelphia 76ers, où il joue actuellement sa seizième saison en NBA. Le 10 Sport a rencontré le Français de 35 ans à l’occasion de son match contre les San Antonio Spurs de Victor Wembanyama. Interview.

Nicolas, tu as été transféré aux Philadelphia 76ers au début de la saison et tu sembles t’être parfaitement fondu dans le collectif. Peux-tu nous raconter ton intégration ?
Ça a été très simple. Je suis arrivé avec le MVP en titre (Joel Embiid), avec qui j’avais déjà une relation, donc on avait directement une connexion sur le terrain et mon intégration était facile. Je savais que Nick Nurse (le coach de Philadelphie) m’appréciait, car lorsque j’ai été libéré par les Charlotte Hornets (en 2020), j’avais parlé avec lui pour peut-être aller aux Toronto Raptors. Ensuite, quand vous jouez avec de bons joueurs dans une bonne organisation comme c’est le cas ici, c’est facile de s’intégrer. Je suis conscient que je suis un joueur qui a besoin d’être entouré de bons joueurs pour briller. Je le sais très bien. Si je suis dans une équipe bancale, je ne serai pas bon. Dans une équipe qui tourne bien avec de bons joueurs, je peux être bon, parce que je peux lier le collectif. Et ça marche cette année, c’est donc tant mieux.

À 35 ans, tu as toujours un temps de jeu conséquent en NBA. Comment tiens-tu le rythme physiquement et comment perçois-tu l’évolution de ton rôle ?
On me demande beaucoup moins en attaque. J’ai un rôle spécifique à jouer, je ne suis pas souvent impliqué dans les « actions directes », donc c’est une charge mentale et physique en moins par rapport à avant. Mais je cours beaucoup. L’équipe des datas nous suit et me dit que je cours énormément. En fait, j’essaie simplement de jouer. Sauf hier où on a gagné facilement (victoire 116-96 face aux Memphis Grizzlies), je pense que j’ai joué plus de 30 minutes dans six ou sept matches consécutifs. Je reste sur le terrain, car j’apporte autre chose que l’action directe. Je pense que ça marche, que c’est apprécié. C’est ce qui compte pour moi. Les blablas en dehors, je m’en fiche un peu.

D’une certaine manière, on peut dire que tu ne t’intéresses pas à la fiche de stats.
Ce qui compte pour moi, c’est mon temps de jeu. Si je joue pendant 35 minutes et qu’ils ne veulent pas me sortir, par exemple. Ce soir, je leur ai dit : « Vous n’avez pas besoin de moi pour gagner ce match ». Ils m’ont répondu : « Si, on a besoin de toi pour jouer ». Ce que pensent mes coéquipiers et mes coaches, c’est le plus important. Je sais où j’en suis dans ma carrière. Je connais l’impact que j’ai sur le terrain. Je sais qui je suis et ce que je peux encore faire avec mon répertoire pour avoir de l’impact sur une équipe. Ça fait seize ans que je suis en NBA et je je joue encore. Je ne suis pas en bout de banc, j’ai un certain rôle dans une équipe qui compte, donc ça marche.

Joel Embiid a récemment fait son retour après deux mois à l’infirmerie. Comment abordez-vous collectivement cette fin de saison avec lui ?
Les choses se sont un peu accélérées, parce qu’on retrouve Joel. On doit continuer à travailler, mais aussi l'aider à retrouver son rythme en même temps. Il est bien, il retrouve ses jambes. Nous, on essaie de continuer à jouer autour de lui, d’apprendre. On a de nouveaux joueurs qui n'ont jamais joué avec lui et qui tentent aussi d'apprendre. Donc on est en apprentissage accéléré.

Ces dernières années, tu avais prévenu les Américains qu’il fallait s’attendre de grandes choses de la part de Victor Wembanyama dès son arrivée en NBA. Mais t’attendais-tu à une telle saison ?
Je suis un peu surpris, mais sans l’être vraiment. Quand je dis que je ne suis pas surpris, c’est parce que l’on connaît son talent, on connaît son travail, le bonhomme, sa mentalité. On sait ce qu’il va être et ce qu’il doit être. Il le sait aussi et il fait tout pour. Défensivement, son impact est extraordinaire, il est incroyable. Il y a des choses que je ne pensais pas qu’il ferait dès son année rookie.

As-tu des exemples ?
Les chiffres, par exemple. Je ne pensais pas qu’il aurait autant d’impact des deux côtés du terrain. Il se développe à une allure monumentale. C’est bien pour lui, ce n’est que le début. À lui de continuer, mais je ne m’inquiète pas pour ça. Moi, je suis content pour cet été (les Jeux Olympiques de Paris 2024, auxquels Wembanyama et Batum devraient participer ensemble). Et s’il élève encore son niveau, c’est encore mieux pour nous. Ce qu’on disait là, c’est que je suis content de gagner des matches comme celui-ci. Parce que s’il continue comme ça, il ne sera pas évident à battre le coco.


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