XV de France : 6 coupables pour expliquer le désastre des Bleus ?
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Tenus en échec par l’Italie, les Bleus n’ont toujours pas retrouvé leur santé de la saison passée. Le mal semble profond depuis l’élimination en Coupe du monde. Les raisons sont nombreuses. Mais l’une d’elles semblent évidentes : les meilleurs joueurs ne sont pas là.

« Humiliant », « inquiétant », « désolant », « préoccupant »… Les mots durs sont nombreux dans la bouche des spécialistes pour qualifier cette nouvelle contre-performance du XV de France, tenu en échec à domicile par l’Italie (13-13) dans le Tournoi des 6 Nations. Humiliant parce que c’est contre l’Italie, nation moyenne du rugby mondial ; inquiétant parce qu’à une pénalité près, celle de Garbisi sur le poteau à la dernière minute, les Bleus auraient pu perdre ce match ; désolant pour le contenu et les approximations ; et préoccupant car depuis l’élimination en Coupe du monde, le ressort est cassé. Ce XV de France-là ne brille plus, ne domine plus, ne maîtrise plus. Et même si les Bleus ont concassé les Italiens en première période, les erreurs individuelles, techniques ou tactiques n’ont pas permis de scorer. Une domination stérile qui a couté cher.

La faute à qui ?

La tendance est désormais de trouver un coupable, ou des responsables. Le procès est ouvert. Il n’aboutira à rien sans raison ni recul. Bien sûr que les Bleus jouent mal et semblent encore affectés par l’élimination du Mondial. Ils semblent même émoussés physiquement. Mais n’oublions pas non plus le poids des absences. Ces joueurs qui auraient figuré à coup sûr dans le quinze de départ s’ils n’étaient pas blessés ou occupés ailleurs. Dupont, Ntamack, Alldritt, Jelonch, Flament, Meafou… Ces six joueurs-là par exemple sont parmi les meilleurs du monde à leur poste. Peut-être, donc, est-ce normal que leurs absences impactent fortement le XV de France. Bien plus qu’on ne le pense. Les Irlandais seraient-ils si fort s’ils étaient amputés de leur six meilleurs joueurs ? Et surtout parce que dans cette séquence temporelle post-Mondial les Bleus avaient besoin d’assurance, de confiance, et de stabilité. La perte des cadres essentiels est un manque évident. Rien ne dit que les Bleus n’auraient pas eu de doutes avec eux. Mais certainement qu’avec eux, les doutes auraient été moindres, les performances plus claires, et les victoires plus nombreuses. C’est une donnée à ne pas oublier au moment où chacun tentera de couper des têtes et de changer toutes les stratégies. Les meilleurs ne sont pas là.

Faut-il tout changer ?

A défaut de tout changer, il faut évoluer. « Ne pas se précipiter, indique Marc Liévrement, ancien sélectionneur du XV de France au micro de Canal+. Les changements doivent être faits à dose homéopathique. Ce serait inconcevable de changer massivement en cours de Tournoi ». Évidemment qu’il faut du sang neuf dans cette équipe de France. Beaucoup trop de joueurs ne sont pas à leur niveau. Par défaut des changements vont se faire. Avec la suspension de Danty et la blessure de Jalibert notamment, de nouveaux éléments vont avoir les honneurs du maillot tricolore. Histoire de voir si ce fameux réservoir exceptionnel de bons joueurs français est une réalité. Mais il ne faut pas tout bouleverser. « Il n’y a pas d’hommes providentiels à aller chercher » rappelle Marc Liévremont. Si, il y en a peut-être. Mais pas automatiquement chez les U20 champion du monde. Les joueurs qu’il manque sont à l’infirmerie ou sur des terrains de rugby à 7. Ils ne reviendront pas tous tout de suite (Meafou et Flament seront surement de retour contre le Pays de Galles) mais ils compteront pour l’avenir. Il faut juste être patient. Ce n’est qu’un Tournoi des 6 Nations. Un de plus que la France ne gagnera pas. L’avenir sera meilleur.

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