XV de France : Ce joueur qui a failli être amputé d’une jambe
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Champion de France l’an passé, puis sélectionné en Bleu depuis novembre dernier, Bastien Chalureau est désormais en lice pour participer à la Coupe du monde avec le XV de France. Un sacré retour en grâce pour le deuxième-ligne montpellierain qui a connu des heures sombres, la prison, et un risque d’amputation de la jambe.

Bastien Chalureau est un phénix. Il renaît de ses cendres. Sa résurrection à lui s’est faite sur les terrains de rugby. Au moment même où il touchait le fond. Car le parcours du bonhomme est loin d’être linéaire. Depuis sa blessure avec l’équipe de France des moins de 20 ans en 2012, tout s’est mal enchaîné pour Bastien Chalureau. Dans les colonnes du Midi Olympique, le joueur s’est confié sur ces années sombres et ses moments de doutes, notamment lors de sa deuxième rupture des ligaments croisés du genou lorsqu’il jouait à Perpignan : « J’ai failli être amputé d’une jambe, explique le joueur. J’ai attrapé un staphylocoque epidermus et malgré les lavements et les six opérations du genou, ça n’allait pas mieux. Je faisais des infections à cause des intraveineuses. J’ai eu 42 cathéters en un mois. J’avais des pansements partout, c’était de la folie. Un jour, l’infirmière, l’anesthésiste et le chirurgien viennent me voir pour m’expliquer qu’il fallait que je me prépare à vivre avec une seule jambe parce qu’ils n’arrivaient pas à soigner l’infection. Je leur ai dit tout de suite que ce n’était pas envisageable. J’ai dit à tout le monde : s’ils me coupent la jambe, je me suicide ! »

En détention à Seysses

Bastien Chalureau n’en a pas fini avec les mésaventures. En 2020, il est impliqué dans une altercation musclée avec un ancien joueur dans un bar toulousain. Des coups sont portés et des propos jugés racistes sont prononcés. Un procès est encore en cours actuellement sur cette affaire qui a envoyé Bastien Chalureau derrière les barreaux de la maison d’arrêt de Seysses pendant une nuit. « J’ai passé 24 heures dans des conditions de détention affreuses, détaille le Montpellierain. La personne qui était passée avant moi avait mis des excréments partout sur les murs. J’ai même demandé qu’on m’achète une madeleine au distributeur pour dormir avec une madeleine sous le nez pour couper l’odeur, tellement c’était infecte. La cellule était saccagée. Là j’étais au fond du seau ».

Une revanche sur la vie

Malgré ces moments de vie délicats, Bastien Chalureau a su rebondir. Grâce notamment à Xavier Garbajosa qui le fait signer à Montpellier. Il devient petit à petit un élément essentiel de l’effectif héraultais, jusqu’au Bouclier de Brennus la saison passée. Une saison pleine qui lui ouvre les portes de l’équipe de France en novembre dernier à l’occasion de la tournée d’automne. Et depuis, Bastien Chalureau est systématiquement convoqué dans le groupe France. Il postule pour la Coupe du monde. « Quand j’étais en cellule, je me suis rendu compte que tout pouvait basculer très vite, raconte Bastien Chalureau au Midol. C’est un passage de ma vie qui m’a fait grandir. J’ai vu une psychologue qui m’avait dit : il y a deux genres de personnes dans ces moments-là. Soit tu touches le fond et tu t’écrases, soit tu te sers du fond pour rebondir plus haut. J’ai choisi la deuxième solution ». Et le joueur conclu l’interview : « Si je fais cette Coupe du monde, j’aurais pris ma revanche sur la vie ».

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