France - Afrique du Sud : Le muscle, le cerveau, et les nerfs !
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Face aux champions du monde Springboks ce dimanche, les Bleus feront face à l’équipe la plus dense et la plus agressive de cette Coupe du monde. Mais les Sud-Africains ont prévu quelques surprises. Le match sera aussi un combat stratégique. Un jeu d’échec avec les règles du MMA.

Nous y voilà ! Le fameux quart de finale décisif qui s’offre à l’équipe de France depuis le tirage au sort il y a trois ans est arrivé. Dans la trajectoire de la flèche du temps, il y a les Boks. C’est ce dimanche, dans l’enceinte dionysienne du Stade de France, dans l’antre des Bleus, dans leur forteresse, là où ils n’ont perdu qu’une seule fois en quatre ans depuis le début de l’ère Galthié. A domicile, le XV de France sera un peu favori, même si beaucoup diront que c’est du 50/50. Et qu’au regard de la prestation XXL des Irlandais et des All Blacks samedi soir dans la même enceinte, les chocs entre puissants se jouent le plus souvent sur des détails bien difficilement pronosticables. L’intensité, en revanche, devrait être la même. Le suspens aussi. Et peut-être aurons-nous droit à un pendant de cette étouffante fin de match et cette action de plus de six minutes et trente-sept temps de jeu des Irlandais butant sur la défense néo-zélandaise. On salive déjà d’en voir autant. Et peut-être plus.

Des Boks joueurs ?

Entre Français et Sud-Afs, le combat physique sera féroce. C’est écrit. C’est ainsi. Il faudra rivaliser physiquement et rester lucide mentalement. Mais la composition d’équipe concoctée par le duo Erasmus-Nienaber laisse à penser que les Boks ne vont pas se contenter de passer en force. A défaut d’enfoncer la ligne, les champions du monde peuvent aussi varier les plaisirs et tenter de la contourner. Plus encore qu’en 2019, les Springboks possèdent des joueurs rapides qui aiment aussi animer les ailes et jouer avec les défenses (Kolbe, Arendse, Willemse). La titularisation de Libbok plutôt que Pollard à l’ouverture, est un indice. L’ouvreur des Stormers n’est pas une garantie face aux perches, mais c’est un excellent animateur de jeu, rapide et créateur. A la mêlée, le Montpellierain Reinach, préféré à De Klerk pour débuter, a un profil de porteur, de neuvième avant. Les Boks ont visiblement l’intention de beaucoup déplacer le jeu. C’est une possibilité. Sans tomber dans un jeu contre-nature qui leur ferait perdre les repères, les champions du monde se sont finalement adaptés à la France. Même densité, même capacité à jouer. On pourrait croire à du mimétisme. Reste que Rasmie Erasmus, stratège hors-pair, n’a pas encore dévoilé toutes ses cartes.

« Une approche tactique très pointue »

Le sourire de Fabien Galthié en dit long. Lorsque la question a été posée au sélectionneur des Bleus vendredi après l’annonce de la composition d’équipe de l’Afrique du Sud. « Un niveau de réflexion poussée à son paroxysme, a répondu le sélectionneur. Pour bien connaître son équipe et son staff, ils ont une approche tactique très pointue, très réfléchie. Ils sortent toujours un plan très étudié par rapport à l’adversaire. Leur composition est assez particulière avec quelques changements, et ce banc, en cinq-trois, il est stratégique, réfléchi. C’est un jeu d’échecs ». Un jeu de stratégie avec des gants de boxe. Un combat de titan entre Bleus et Boks pour une place en demi-finale.

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