A chaud, les supporters français - et aussi quelques joueurs - ont remis en cause l’arbitrage de Ben O’Keefe durant le match. Il y a en effet des coups de sifflet oubliés qui coutent cher. Mais la défaite des Bleus s’explique aussi par bien d’autres aspects. Le XV de France avait largement la place de passer sans ces quelques détails qui font le sel du très haut-niveau.
La tactique des Boks a payé. Dans ce jeu de chessboxing entre la France et l’Afrique du Sud, la stratégie des Springboks s’est avérée finalement payante. Rassie Erasmus, Maître Shifu de la prédisposition tactique, avait surpris tous les observateurs en annonçant sa composition d’équipe. Mais il avait finalement bien lu ce qu'il allait se passer et avait concocté un solide banc de finisseurs bien plus coriace et expérimenté que celui des Français. La domination des Boks en fin de match dans les impacts en est le résultat. Si les Bleus ont largement dominé la première période dans les collisions, la tendance s’est ensuite inversée en deuxième période lorsque les premiers changements ont eu lieu. En première ligne, les entrées de Wardi et Aldegheri n’ont pas compensé l’absence de Baille et Atonio, auteurs tous les deux d’un match plein. De l’autre côté, Smith et Fourie ont amené du punch en troisième ligne. Et côté pilier Koch et Nche ont tenu la ligne et continué de malmener la mêlée française, pénalisé à quatre reprises durant le match. Dans les choix de jeu, les Boks ont aussi ciblé les fragilités de la défense tricolore, avec des chandelles croisées sur les ailes (sur tout celle de Bielle-Biarrey) sous lesquelles les Bleus n’ont pas été performants. Au contraire de Kolbe ou Arendse qui ont mis une pression terrible sous les ballons hauts. Avec notamment un essai opportun d’Arendse (8ème) qui remet les Springboks dans la partie alors que les Bleus avaient réalisé une entame parfaite et venait juste de louper la balle du 12-0… En champions, les Boks ont eu l’efficacité et la maîtrise qu’il a manqué aux Bleus.
La tension et la nervosité ont gagné les Bleus
Erreurs individuelles et perte de lucidité L’image de Matthieu Jalibert qui dévisse son coup de pied au moment de dégager son camp restera un symbole fort des petits ratés inhabituels qui ont marqué le match des Bleus lors de ce quart de finale. Jamais avant ça, le public du Stade de France n’avait vu une équipe perdre du terrain sur une pénaltouche !! Dans la même verve, le renvoi au vingt-deux mètres directement en touche de Ramos est une erreur fatale à ce niveau. A mesure que le match avançait, les Bleus ont perdu le fil de leur sérénité et de leur rugby. De l’action gâchée par Gaël Fickou proche de la ligne d’en-but adverse à la 7ème minute qui aurait pu – du – déboucher sur le deuxième essai français, à l’en-avant de Taofifenua en fin de match, les Bleus ont additionné les petites erreurs ou les mauvais choix et ils en ont perdu leurs nerfs. Les fautes de mains et la fébrilité sous les ballons hauts ne sont pas du ressort de l’arbitrage de Ben O’Keefe. Au mieux, c’est la pression et l’agressivité des Sud-Afs qui est à l’origine de la gaucherie des Bleus. Mais cela reste du rugby. Les Français sont tombés dans le piège Springboks et cela a joué dans leurs têtes. L’agacement des Bleus dans les dernières minutes, le manque de connexion, les protestations envers les arbitres sont les signes d’une équipe qui sort de son match. Jamais auparavant, les Bleus avaient fait montre d’autant de nervosité durant une rencontre. Cette fois, les émotions n’ont pas été maîtrisées. La bulle des Bleus a été moins efficace. Et pourtant, les hommes de Fabien Galthié tenaient le score jusqu’à la 67ème minute.
Mais que fait le TMO ?
L’arbitrage… Au-delà de l’aspect sportif, il y a aussi, quand même, quelques décisions du corps arbitral qui suscitent de l’interrogation. « Il y a des choses claires et évidentes à siffler qui ne l’ont pas été », a souligné le capitaine Antoine Dupont à l’issue du match, évoquant même un arbitrage « pas au niveau de l’enjeu ». Il ne s’agit d’ailleurs pas que de l’arbitre central Ben O’Keefe selon Fabien Galthié qui a rappelé que « ce n’est pas une seule personne qui arbitre. Il y a des TMO, des assistants. Ils ont le temps de regarder les images. Ils ont aussi le droit de participer à l’arbitrage ». La réalisation du match, le peu de ralentis sur les situations intrigantes, et la passivité du TMO à des moments clefs, alimentent l’amertume au lendemain du match. Comme pour ce contre de Kolbe sur la transformation de Thomas Ramos après l’essai de Peato Mauvaka (23ème). Une analyse vidéo aurait pu constater que le Sud-Africain engage sa course avant la prise d’élan du Français. Rien ne dit que le Toulousain allait mettre ce coup de pied en coin. Mais les deux points envolés coutent cher au final sur le tableau d’affichage. De même, la pénalité offerte à Pollard après le grattage de Kwagga Smith dans un ruck (69ème) alors que le Sud-Af pose une main au sol avant de gratter le ballon. Ben O’Keefe n’a rien vu alors même que le public du Stade de France a grondé en revoyant l’action sur l’écran géant. Dans l'ensemble, l’arbitre central a été très permissif avec les Boks sur les regroupements. Ils ont pourtant volontairement ralenti les ballons dans les zones de ruck et auraient dû être plus souvent sanctionnés pour cela. « Il y a des situations assez flagrantes pour nous le terrain et qui ne semblaient pas l’être pour le corps arbitral », s’est étonné Jonathan Danty. Les images tourneront en boucle pendant encore quelques jours. Celle du coude en avant de Kriel sur le visage d’Antoine Dupont (24ème) aurait également mérité un TMO. Mais visiblement, malgré l’intensité des chocs, l’arbitre vidéo s’est endormi pendant le match.