Margot Laffite : «Quand Ferrari gagnait, personne ne se plaignait !»
La rédaction

Présentatrice de Formula One, l’émission F1 de Canal+, Margot Laffite pose un regard très réaliste sur l’évolution de la discipline. À l’aube de la saison 2016, elle remet les compteurs à zéro et s’apprête à vivre une saison à rebondissements.

Pour ceux qui débarqueraient de la planète mars et qui découvriraient la saison de Formule 1 qui arrive, comment leur présenter ce qui va arriver ces prochains mois ?
Je pourrais leur dire que la discipline a connu de nombreux changements ces dernières années, avec l’apparition des moteurs V6. Cela a pas mal changé la donne. Certaines écuries n’étaient pas prêtes et cela à redistribué les cartes. Mercedes l’était un peu plus que les autres et s’impose depuis deux saisons sur le circuit, grâce à son pilote vedette, Lewis Hamilton. On peut aussi leur dire que Renault est de retour, qu’une écurie américain débarque, Haas F1 Team, avec un pilote français au volant !

Cette écurie US, justement, c’est un peu l’attraction de cette nouvelle saison. À quoi doit-on s’attendre ?
Même si les sports automobiles sont très populaires aux États-Unis, la Formule 1 n’est pas encore une discipline qui leur est « ouverte ». La F1 reste un monde assez fermé sur lui-même, très exclusif, très européen, même si l’engouement a une dimension internationale. La F1, n’est pas aussi « populaire » que l’IndyCar, par exemple, où l’on peut trouver plus de 100 000 personnes dans l’ovale alors qu’au dernier Grand Prix du Mexique on était content parce qu’il y avait 5 000 personnes (sourire). Ce n’est pas la même culture, l’état d’esprit est différent. Cela va être intéressant de voir cette écurie américaine faire ses débuts dans ce milieu qui n’est pas le leur.

Avec une vraie carte à jouer ou c’est trop tôt pour être candidat au poste de trouble-fête ?
C’est difficile à dire, il faut attendre le ou les premiers Grand Prix pour savoir. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne sont pas là pour plaisanter ou pour amuser la galerie.

Haas F1 Team a choisi Romain Grosjean, toujours parfait dans le rôle d’outsider ?
C’est vrai, c’est d’ailleurs sa force. Quand on n’a pas la meilleure écurie, avoir un pilote comme Romain Grosjean, c’est parfait ! Il est capable de faire de grandes choses avec peu de moyens. Alors si on lui en donne…

Vous expliquiez, dans votre présentation de la saison, que de nombreux changements avaient eu lieu ces dernières années. Est-ce que cela n’a pas eu un impact autour de l’intérêt général pour la discipline ?
Pour être honnête, oui, il y a moins d’intérêt de la part du grand public. Il n’y a pas si longtemps, les téléviseurs étaient allumés le dimanche, à 14h, avec le Grand Prix de F1 en fond. C’était un sujet de discussion, même si ce n’était pas « profond ». Aujourd’hui, moi qui côtoie le milieu de l’automobile, je sens qu’il y a moins de gens intéressés. Certains ont décroché.

Il y a moins de passionnés mais les fans sont de plus en plus fan ?

C’est exactement ça. Les fans de la Formule 1 sont là et sur Canal+, on s’attache à leur donner le meilleur. On n’oublie pas d’intéresser celui qui a envie de découvrir ou de s’intéresser ponctuellement à l’actualité de la F1, mais on pense aussi au passionné qui veut tout savoir, tout comprendre, tout analyser.

La complexité du règlement a-t-elle « tué » l’amour pour la discipline ?
Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une vraie excuse. Ça peut expliquer une partie de ce changement, mais pas tout. Il faut aussi reconnaître qu’il y a de plus en plus de sport à la télévision et qu’on ne peut pas tout regarder. Et quand j’entends qu’il y a une domination, qu’il n’y a plus de suspens, qu’il n’y a plus de pilotes charismatiques : c’est faux ! Hamilton est un véritable personnage ! Et quand Ferrari gagnait tous les titres de champion du monde avec Schumacher, personne ne se plaignait !

Hamilton, vous en parlez. Favori pour le titre, une nouvelle fois ?
Son père dit de lui qu’il peut être le roi pour « encore dix ans »… L’un des favoris, oui. C’est notre meilleur client et ce que j’aime, c’est d’entendre les gens dire : « Oh non, lui, je le déteste ». Il est controversé, on l’adore ou on le déteste mais il se passe quelque chose. 10 ans encore ? Oui… En tout cas, il peut encore faire de grandes choses, gagner encore 3-4 titres avant d’arrêter et de faire autre chose.

Du côté de Canal, pas de nouveauté particulière. On renforce l’existant, on peaufine les détails, on soigne la belle machine ?
Après avoir démarré la première année comme étant une très belle surprise, en étant primé la seconde année, on s’attache désormais à maintenir notre offre, notre proposition, avec la même équipe. Devant l’écran comme derrière la caméra, le dispositif ne change pas. On va apporter des ajustements pour faire évoluer des chroniques de Formula One, comme l’interview de Jean Alesi. On veut rester créatif, inventif tout en offrant cette qualité permanente dans l’analyse, le commentaire, la proposition aux téléspectateurs.

Est-ce qu’il y a des choses proposées à la TV, dans le sport ou dans le show, qui retienne votre attention et sur lesquelles vous aimeriez puiser ?
Je regarde assez peu la télévision mais suffisamment pour voir ce qui est fait ailleurs. En France mais surtout à l’étranger. Certains font mieux que nous dans certains domaines donc on regarde et on essaye de voir ce qu’on peut modifier. Après, notre identité est là, elle fait partie de nous. Ce n’est pas ailleurs qu’on la trouvera.

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