Le tracé du Grand Prix de Singapour ressemble à celui de Monaco. En effet, la course se dispute en pleine ville mais elle comporte une dangerosité qu'on ne retrouve pas sur le Rocher monégasque car elle a lieu la nuit. Et en 2008, lorsque Fernando Alonso triomphe dans les rues de Singapour, Renault a pris un risque énorme qui aurait pu virer au drame.
Les stratégies de course adoptées par les écuries représentent environ la moitié du succès des pilotes. Cette saison en est le bel exemple avec les tactiques irréprochables de Red Bull qui propulsent Max Verstappen sur le toit de la Formule 1, là où Ferrari enchaine les erreurs et amenuise les chances de Charles Leclerc. Parfois, les directeurs sportifs sont prêts à tout pour remporter un Grand Prix, à l'image de Renault en 2008 à Singapour qui a explicitement ordonné au coéquipier de Fernando Alonso de finir dans le décor. Retour sur l'une des plus grandes discordes du paddock.
#OnThisDay in 2008 ?Nelson Piquet obeyed @RenaultSportF1 team orders to crash deliberately during the Singapore GP #Crashgate pic.twitter.com/PHwhIu4ean
— Motorsport Images (@MSI_Images) September 28, 2018
L'incroyable consigne de Renault
Fernando Alonso s'élance en 15e place sur la grille à Singapour en 2008. L'Espagnol part de très loin et dans un tracé urbain comme celui-ci, il est impossible de remonter autant de positions. Renault décide donc d'adopter une stratégie offensive en faisant chausser des gommes extra-tendres à son pilote. Mais au bout de onze tours, Alonso n'est remonté qu'à la onzième position. Flavio Briatore, patron de l'écurie, ordonne donc à son deuxième pilote Nelson Piquet Jr, de se crasher volontairement lors du 14ème tour. La course est neutralisée par la voiture de sécurité et Alonso passe en 5e position lorsque ses rivaux s'arrêtent aux stands. De plus Felipe Massa, leader du Grand Prix, repart trop vite et arrache le tuyau d'essence. Parmi les pilotes qui précèdent Alonso, deux doivent encore s'arrêter, et deux autres vont recevoir une pénalité. L'Ibère a un chemin royal vers la victoire et s'imposera au terme d'une course marquée par ce fait de course accablant qui sera finalement jugé comme une tricherie.
Piquet balance
Le mystère autour de ce crash va être levé un an plus tard après que Nelson Piquet Jr se soit fait viré par Renault. Furieux, le Brésilien décide de se rendre à la FIA afin de rétablir la vérité sur son crash à Singapour. « À Singapour, en 2008, Flavio Briatore et Pat Symonds m'ont convoqué et ce dernier m'a demandé si je serais prêt à sacrifier ma course pour l'équipe en provoquant une voiture de sécurité. Au moment de cette conversation, j'étais psychologiquement très fragile car M. Briatore avait refusé de me dire si mon contrat serait renouvelé ou non pour la prochaine saison, comme c'est habituellement le cas au milieu de l'année. J'ai accepté car j'espérais que cela améliore ma position dans l'équipe à ce moment critique de la saison » déclarera le malheureux Piquet. Cette déclaration fait bouger les choses et la FIA passe à l'action.
Renault passe aux aveux
Cinq jours avant le Conseil Mondial qui doit statuer sur l'affaire, Renault reconnait avoir triché à Singapour et annonce le licenciement de Flavio Briatore et de Pat Symonds. Ils sont tous les deux reconnus coupables par la FIA. L'Italien est radié à vie de la F1 et de tout sport régi par la FIA, tandis que le Britannique écope d'une suspension de 5 ans. Catastrophe pour Renault qui prend 2 ans de suspension avec sursis et qui perd deux de ses principaux sponsors avec la banque ING et Mutua Madrilena. L'écurie française mettra deux ans avant de sortir la tête de l'eau.