Antonin Panenka l’a inventé, Zidane l’a hissée à son apogée. La Panenka fascine, autant qu’elle irrite.
« Est-ce que c'est bien de faire ça à un gardien avec qui tu as travaillé pendant deux ans?Je ne sais pas ». La question, et la réponse, sont énoncées par la même personne, le technicien niçois Éric Roy. « Ça », c’est la Panenka de l’ancien Rouge et Noir Loïc Rémy, caressée dans les dernières encablures de la rencontre, alors que l’OM menait 1-0. L’homme à tout faire de l’OM se présentait pour la deuxième fois face à Ospina (le premier penalty, transformé, n’avait pas été entériné), et optait pour le geste passé à la postérité par Antonin Panenka, en finale de l’Euro 76. Au lieu de flirter violemment et dangereusement avec l’un des deux poteaux, le footeux décide de frapper tendrement la balle. La trajectoire, lobée, trompe le gardien, déjà le nez dans le gazon.
Une arme pour les uns
Un geste de classe pour certains. Un manque de respect, pour d’autres. La parole est donnée aux intéressés, les gardiens, cibles de ces ballons piqués. Grégory Wimbée et sa longue carrière en ont vus défiler : « Ce n’est pas un manque de respect. Au contraire, il faut du courage pour tenter ce geste. Ce n’est pas se moquer du gardien adverse. Les gardiens anticipent souvent, c’est donc un bon moyen de les tromper. Surtout quand les deux adversaires se connaissent par cœur ». Même son de cloche pour Thierry Omeyer. Le meilleur gardien de la planète handball, qui suit l’actualité footballistique, compare la Panenka au chabala ou à la roucoulette : « C’est surtout très compliqué à réaliser, avec la pression du match. Mais comme d’autres gestes, c’est une arme comme une autre pour inscrire un but. Après, c’est sur que pour un gardien, c’est moyennement agréable. Mais ce n’est pas un manque de respect ». Deux portiers à l’avis identique. Éric Roy doit être mauvais joueur, comme ces gamins dans les cours de récré.
Une humiliation pour les autres
Grégory Coupet, pourtant, se charge du donner du poids aux paroles du Niçois. Roy était resté conventionnel. Coupet enlève les gants : « Je n'ai pas aimé la Panenka de Loïc Rémy. Mais alors pas du tout. Je ne regarde même pas si le geste est bien réalisé, s'il y a but. Je vois surtout qu'il a en face de lui un pote, David Ospina, gardien avec lequel il a joué et qu'il humilie, tout simplement ». La frontière, entre recherche d’efficacité et plaisir personnel, est infime. Zidane, auteur de la plus célèbre des Panenka en finale de la Coupe du Monde 2006, a flirté avec l’égoïsme. Il voulait « que ça reste », comme il le confiait quelques temps après. Coupet, sur le banc ce jour-là, raconte : « Il faut avoir des c... Contre Buffon, en finale d'une Coupe du monde, c'est surréaliste. Mais pour le coup, je trouve ça tellement gonflé, tellement osé, tellement courageux, que je m'incline ».
Les avis divergent donc autant que les possibilités d‘un joueur une fois le cuir posé sur le point de penalty. « Je me suis toujours dit que si je prenais une Panenka, je courserai le mec, explique Jean-Daniel Padovani, portier de Dijon. C’est une forme de provocation mais cela reste une solution comme une autre dans un exercice, le penalty, qui n’est pas simple. Beaucoup le tente à l’entrainement mais en match, ils dont dans leur froc… » Le slip de Zidane aura beau être sale, sa Panenka restera un bijou de maitrise. Et de provocation.
Petit florilège
L'objet du scandale
Hazard, face à Carrasso. Oui, Gravelaine sent toujours aussi bien les coups...
La plus célèbre. Oui Thierry, elle est dedans.
La première, toujours la plus belle, signée Antonin Panenka, et sa jolie moustache.