Malaise au PSG, le clash est inévitable
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Entre Christophe Galtier et Luis Campos, il y aurait de l’eau dans le gaz. Les deux hommes, disposant d’une relation forte avant leur arrivée au PSG suite à une collaboration gagnante au LOSC, ne seraient plus sur la même longueur d’onde. Un nouveau malaise qui vient s’ajouter à la longue liste des tensions entre les entraîneurs et la direction sportive du club.

Il ne fait pas toujours bon de travailler en binôme au PSG. Depuis le début de l’ère qatarie, les entraîneurs se sont succédé sur le banc de touche, et leur histoire avec le club de la capitale ne s’est jamais achevée sur une note positive, à cause notamment d’une entente délicate avec le directeur sportif en place. Et Christophe Galtier pourrait ne pas faire exception. Alors que le10sport.com révélait dernièrement que l’ancien technicien de l’OGC Nice avait de grandes chances de rester à son poste au terme de cette saison éprouvante, sauf catastrophe sur le rectangle vert ou nouveau rebondissement extrasportif, celui-ci étant porté par le projet mis en place par Luis Campos, la situation pourrait se dégrader pour lui.

Entre Galtier et Campos, ce n’est plus l’amour fou

Dans ses colonnes du jour, L’Équipe annonce en effet que la relation entre Luis Campos et Christophe Galtier n’est plus aussi solide que par le passé. Le Portugais est pourtant à l’origine de l’arrivée de l’entraîneur détenant le ratio de défaites le plus élevé pour un entraîneur sous l’ère QSI, ayant perdu 20% de ses rencontres en compétition officielle avec le PSG. Les deux hommes sont proches après leur passage commun au LOSC, mais l'aventure parisienne entamée il y a plusieurs mois semble mettre à mal leur excellente entente. Le point de bascule aurait eu lieu le 11 février dernier, jour de la défaite parisienne sur la pelouse de l’AS Monaco (3-1). Luis Campos était venu dans le vestiaire dès la mi-temps du match pour fustiger la prestation des joueurs, avant de réapparaître au bord du terrain la semaine suivante contre le LOSC (4-3). Des interventions qui n’avaient pas été du goût de Christophe Galtier selon les informations divulguées par Le Parisien.

« Il y a une fissure entre Campos et Galtier, l’épisode de Nice les a rapprochés, sinon c’était un peu plus compliqué ces dernières semaines, confirmait dernièrement Loïc Tanzi sur le plateau de L'Equipe de Greg. Si Luis Campos a les mains aujourd’hui, son choix est d’avoir une rupture complète, de prendre un entraîneur totalement différent de Galtier. » La relation entre les deux hommes pourrait donc ne pas résister au contexte parisien, favorables aux discordes entre l’entraîneur et la direction sportive.

Kombouaré, première victime de Leonardo

Et il n’a pas fallu attendre longtemps après le lancement du projet QSI pour voir apparaître les premières tensions au sein du PSG. Sur le banc à l’arrivée du Qatar, Antoine Kombouaré n’a jamais été vu comme l’homme providentiel par les nouveaux dirigeants, Leonardo en tête. « Ces six mois avec Leonardo étaient compliqués, c’était parfois chaud, reconnaissait Antoine Kombouaré en 2021 dans un entretien accordé à Pierrot Le Foot. Tous les jours, les journalistes me parlaient d’Ancelotti. Et quand je demandais à Leonardo, il me disait que non, Ancelotti n’allait pas venir. » Finalement, le Brésilien a bien fait appel au technicien italien pour remplacer Antoine Kombouaré, pourtant leader de Ligue 1.

Menacé par Leonardo et le Qatar, Ancelotti est parti

Une expérience qui aura été de courte durée, Carlo Ancelotti restant à son poste une saison et demie avant de plier bagage. La collaboration avec le Qatar et Leonardo a été difficile, le futur entraîneur du Real Madrid ayant notamment été agacé d’avoir été mis sous pression après une défaite survenue face à Nice en Ligue 1 le 1er décembre 2012. « Pour moi, plus rien n’était pareil. Je ne sentais plus le soutien du club, qui m’a mis dans une situation impossible, en particulier dans un projet de perspective à long terme comme ça, et j’anticipais donc que Leonardo me dise qu’à la fin de la saison ce serait terminé. Leonardo était mon ami, c’est ce que je pensais, mais il ne m’a pas donné de véritable explication sur les raisons pour lesquelles j’avais été traité de cette façon. Je fus surpris qu’une telle chose puisse arriver, dans le football comme dans tout autre contexte. Si vous voulez congédier quelqu’un, faites-le. Ne lui dites pas que s’il perd alors vous le licencierez », a regretté plus tard Carlo Ancelotti dans son autobiographie, relayé par le site Canal-Supporters. L’Italien espérait aussi avoir plus de poids sur le mercato, une requête vue d’un mauvais œil par Leonardo. Nasser Al-Khelaïfi avait finalement pris le parti du Brésilien, acceptant le départ de son entraîneur.

Mécontent avec Kluivert, Emery a regretté Henrique

Plusieurs années après, c’est Unai Emery qui a dû gérer les exigences du club, et les divergences avec le directeur sportif en place. N’étant pas sur la même longueur d’onde que Patrick Kluivert en 2017, le Basque avait demandé à Nasser Al-Khelaïfi de remplacer le Néerlandais. « L'année dernière, je me suis assis avec le président et je lui ai dit : 'Président, on peut prendre différents chemins. Si tu choisis de faire le chemin avec moi, tu dois m'écouter et changer certaines choses avec le directeur sportif'. Le président a décidé de remplacer Kluivert par Antero, révélait Unai Emery dans le magazine So Foot. Maintenant, nous sommes tous sur la même longueur d'onde. Le président connaît mes besoins et, avec l'aide d'Antero, il les satisfait. Quand je suis arrivé, j'écoutais le directeur sportif et le président. Je leur disais: 'OK, vous connaissez mieux l'équipe que moi, je vous fais confiance'. J'ai été passif. Maintenant, c'est fini. »

Un changement qui n’a finalement pas été bénéfique à l’entraîneur espagnol, quittant le PSG au terme de la saison 2017/18. RMC révélait à l’époque que la relation entre les deux hommes était très froide, Unai Emery s’estimant délaissé par son directeur sportif, le laissant selon lui seul maître à bord avec les médias et les joueurs. Une incompréhension se ressentant également sur le marché des transferts, le Portugais refusant de répondre aux demandes de son entraîneur qui recherchait notamment une sentinelle. « Nous disposons déjà de sept milieux de terrain. Il n’y a pas d’urgence pour nous... », avait répondu Henrique dans les colonnes du Parisien. Des tensions pas si étonnantes lorsqu’on sait que le Portugais avait tenté de remplacer Unai Emery dès sa nomination par l’un de ses proches. André Villas-Boas et Jorge Jesus étaient notamment ciblés selon France Football.

Tuchel en guerre avec Henrique puis Leonardo

Le mercato a également été la source de grandes tensions entre Antero Henrique et Thomas Tuchel, choisi pour succéder à Unai Emery. Contraint de laisser de côté Adrien Rabiot pour respecter la décision de la direction sportive, l’Allemand avait réclamé du renfort dans l’entrejeu en janvier 2019, mais seul Leandro Paredes avait rejoint les rangs parisiens dans les ultimes moments du mercato. Tuchel avait alors reconnu n’être « pas totalement satisfait » du recrutement, affichant publiquement ses désaccords avec le dirigeant portugais : « Il y a beaucoup de choses écrites dans la presse. Ce n’est pas le moment de commenter. Vous savez bien quel était mon souhait pour l’équipe, pour protéger mon équipe. C’était mon souhait cet été et cet hiver. Je comprends que le mercato d’hiver est super difficile. J’ai mes avis et il a les siens. On doit faire le mieux pour le club. Je ne sais pas si attendre les deux derniers jours est la meilleure solution pour trouver des joueurs lors du mercato. » La relation entre les deux hommes ne s’arrangera pas, et c’est le Portugais qui quittera ses fonctions au terme de la saison, le PSG rappelant Leonardo.

Disposant d’une excellente cote aux yeux des décideurs qataris, Thomas Tuchel n’a cependant pas résisté aux tensions existantes avec l’Italo-brésilien, retrouvant ses fonctions de directeur sportif à l’été 2019. Tout comme son prédécesseur, Leonardo aurait envisagé d’appeler l’un de ses proches pour prendre les rênes du PSG, le nom de Massimiliano Allegri revenant avec insistance. Tuchel avait finalement réussi à sauver sa tête en hissant l’écurie parisienne jusqu’en finale de la Ligue des champions. Le mercato est néanmoins venu envenimer la situation entre Leonardo et l’ex-coach du Borussia Dortmund, provoquant la chute de ce dernier. « On va voir en interne comment on fait. Mais là, c'est très clair. Si quelqu'un n'est pas content, on parle, il n'y a pas de souci. S'il décide de rester, il doit respecter la politique sportive, les règles internes ou le moment que traverse le club, qui est délicat », lâchait Leonardo un soir d’octobre 2020, répondant aux multiples piques de l’Allemand concernant le mercato. La sentence tombera deux mois plus tard, avec le licenciement de Thomas Tuchel la veille de Noël.

Le malaise a perduré entre Leonardo et Pochettino

Reçu par l’Emir du Qatar, Mauricio Pochettino est choisi pour remplacer le futur technicien de Chelsea et du Bayern Munich, et ce alors que Max Allegri était toujours visé par Leonardo. De quoi résumer les problèmes de gouvernance au PSG sur la dernière décennie, et ce qui laissait déjà présager l’énième malaise qui allait apparaître au sein du club, Pochettino et Leonardo ayant des divergences importantes. L’Argentin aurait notamment reproché au dirigeant sa position en interne, pointant du doigt le rôle prépondérant des stars en interne, se plaçant parfois au-dessus de l’institution et donc de l’entraîneur à ses yeux. Finalement, aucun des deux ne résistera à la nouvelle élimination prématurée du PSG en Ligue des champions, chutant sur la pelouse du Real Madrid dès les huitièmes de finale. Le Qatar pensait trouver la solution avec le tandem Campos/Galtier, ayant fait des merveilles du côté du LOSC. Le pari s’annonce pour l’heure perdant.

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