Interrogé dans les colonnes du Parisien, Steve Mandanda, le capitaine de l’OM, fait le point sur sa carrière. Equipe de France, OM, avenir professionnel, tout est abordé. Avec un Mandanda étonnamment réaliste.
Il est le capitaine imperturbable de Marseille depuis 3 saisons. Champion de France en 2010, pilier des victoires de l’ère Deschamps, Steve Mandanda a montré que c’était aujourd’hui un joueur aguerri.
Un capitaine endurci Le gardien de but des Bleus est un joueur émotionnellement stable, peu sujet aux sautes d’humeur. Une carapace forgée lors des remous des saisons olympiennes, notamment la dernière. « J’en suis sorti grandi, affirme Il Fenomeno. Avec le coach, on avait beau tout tenter, il y avait une cassure dans le groupe. » Toujours souverain dans la tempête de l’hiver 2011, le portier s’est « réfugié dans le travail. » Un travail sur son rôle de gardien, mais aussi de capitaine. « Aujourd’hui, je vois plus facilement les mecs qui décrochent du groupe », a-t-il ajouté.
Une étape ultime dans la construction d’un joueur de 27 ans, proche de son apogée. Une solidité primordiale à ce poste, qui fait de Steve Mandanda une pièce essentielle de l’OM. Mais en quoi le jeune débarqué du Havre en 2007 a changé ? « A mes débuts à l’OM, je finissais mes saisons exténué mentalement, précise-t-il. Aujourd’hui, je gère mieux mes matchs, mes erreurs. La faute à Valenciennes, si je la fais pendant ma première année, je mets deux semaines à récupérer. Là en deux jours c’est digéré. » Mandanda a pris de la hauteur, est devenu professionnel, et ne verse plus dans l’émotionnel. « A une époque, je prenais beaucoup plus les choses à cœur. Quand je suis arrivé en 2007, j’étais le petit nouveau qu’on cajolait, confie le Normand. Mais à partir du moment où j’ai évolué en équipe de France, les gens sont devenus beaucoup plus durs. Au départ, je ne comprenais pas, j’étais grognon. Ce n’était pas forcément la bonne attitude.»
Lucide, réaliste…froid ? Des années d’exploits mais aussi de critiques qui ont fait basculer Steve Mandanda de l’état de jeune fougueux à grand sage lucide. Il n’est dupe de rien, notamment concernant la bonne passe marseillaise de ce début de saison. « Annoncer début octobre qu’on va terminer sur le podium, ça je ne peux pas encore. Il ne faut pas oublier d’où on vient. » Il faut dire que 5 saisons à l’OM vous vaccinent contre les excès d’optimisme. Un OM qu’on l’imagine avoir chevillé au corps. Mais bizarrement, ce n’est pas forcément le cas. « Je peux très bien finir ma carrière à l’OM comme partir en décembre. Tout va tellement vite dans ce milieu. » Une déclaration peu commune un matin de Classico, face au nouveau PSG conquérant et puissant. Un PSG à même de séduire un capitaine de l’OM ? « C’est délicat de répondre. Il faut du concret pour réagir à un tel sujet, tente-il d’expliquer. Paris est en train de bâtir un projet pour devenir un grand club européen. » Un avis certes évident, mais aux allures d’un pavé dans la marre dans une ville qui s’enflamme pour la moindre déclaration. Mais il est comme ça Steve, fidèle à ses idées, sans détour. Un coté Ice man dans une ville bouillante. Mais le chouchou du public sait que ses performances sur le terrain sont son passeport pour la réussite. Notamment en vue de retrouver l’équipe de France. « J’aurais aimé avoir plus de sélection. Mais désormais je ne me prends plus la tête. » Avant de préciser qu’il reste ambitieux. « Non je n’ai pas renoncé. Il faut juste être performant. »
Par Ryad Ouslimani