Grégoire Margotton va vivre sa première Coupe du Monde de football (14 juin – 15 juillet, en Russie) depuis son arrivée dans le groupe TF1. Un événement que la Rolls Royce des commentateurs attend avec une grande impatience et pour lequel il nous explique comment il va se préparer.
À 50 jours de l’ouverture de la prochaine Coupe du Monde en Russie, dans quel état d’esprit êtes-vous ? 50 jours ? Je ne m’étais pas rendu compte que c’était si près (sourire) ! Je suis impatient, comme tout le monde. On sent déjà cette attente des gens car cette saison, à part l’OM qui suscite un véritable engouement populaire, le football français n’a pas vraiment eu de quoi s’exciter. Il y a une grosse attente, elle est palpable et je la partage. En plus, c’est ma première Coupe du Monde avec TF1 donc j’ai vraiment hâte de pouvoir vivre ces moments. Je ne me suis pas encore pleinement plongé dans la compétition car je termine un projet important, un film autour des 20 ans de la victoire de l’équipe de France à la Coupe du Monde 1998, qui sera diffusé en juin. Donc en ce moment, c’est « mixage, écriture et montage » plus que « Russie ». Mais très rapidement, autour de la mi-mai, je vais me plonger dans la compétition pour entamer ma préparation. Cette Coupe du Monde, ça sera un peu comme un marathon. À quoi va ressembler votre préparation ? C’est d’abord une grosse consommation de foot. Chaque semaine, j’en bouffe énormément. De tout. Je picore de la Liga, du Calcio, bien évidemment de la Premier League, de la Ligue 1. Et quand je vois Eriksen, je pense Danemark, adversaire des Bleus. Quand je vois Salah, je pense Égypte et à ce qu’il va pouvoir être capable de faire en Russie. Vous devez aussi avoir un regard particulier sur les Bleus ? Évidemment, je regarde bien sûr ce que font les Français. Qui a joué, qui est entré en jeu, qui n’a pas été titulaire pendant 3 ou 4 matchs, pourquoi Mourinho a fait ce choix avec untel, etc… Je regarde tout, partout. Ensuite, quand j’entrerai en mode « Coupe du Monde », en mai, ce sera principalement une préparation de fiches sur les 17 pays que je vais commenter, plus l’équipe de France. C’est un travail important pour le début de la compétition. Il l’est moins pour les phases finales, car la compétition est lancée, les fiches deviennent moins importantes, on connait les joueurs, ce qu’il se passe et ce qu’il faut dire.
Finition, étalonnage, mixage... #fierté pic.twitter.com/H4y7sgswP5
— Grégoire Margotton (@gregmargotton) 5 mai 2018
« Je croise parfois des gens qui me disent : ‘On ne vous voit plus beaucoup, c’est la belle vie’. Mais je ne suis pas en vacances ! »
Cette nouvelle vie avec TF1 est radicalement différente de celle que vous avez menée pendant de longues années à Canal+. Comment avez-vous géré ce « virage », ce changement de rythme ? C’est vrai que je croise parfois des gens qui me disent : « On ne vous voit plus beaucoup, c’est la belle vie ». Mais je ne suis pas en vacances ! Le film sur lequel je travaille, autour de l’anniversaire de France 98, prend beaucoup de temps, depuis des mois. Ça ne se voit pas mais quand le film sera diffusé, on se rendra compte qu’il y a du boulot derrière. En effet, cette nouvelle vie est sans comparaison avec ce que j’ai pu connaître. Mais c’était une volonté de ma part. À 48 ans, je voulais une autre vie. J’ai eu deux filles ces deux dernières années, dont la dernière a moins de six mois. Je voulais profiter un peu plus de cette vie. Et je ne regrette absolument pas. J’ai été accueilli d’une manière admirable, je ne m’attendais pas à tant de gentillesse et de bienveillance. La Ligue des Champions en semaine, la Ligue 1 du dimanche soir, ça ne vous manque pas ? Pas du tout ! Je suis toujours cela, bien évidemment. Mais avec un regard différent. Je suis heureux de pouvoir être « consommateur » de ces événements plutôt que commentateur. Je pense avoir vécu de très nombreuses émotions avec la Ligue des Champions, la Ligue 1. Sans prétention aucune, je connais ces choses désormais et je ne suis surtout pas blasé. Mais j’avais envie d’autre chose. En revanche, ce qui me manque vraiment, ce sont les Jeux Olympiques. Ne pas commenter les Jeux de Rio m’a manqué. Et la présence sur le terrain, chaque week-end, le contact avec les joueurs, les dirigeants… C’est utopique de croire qu’on puisse avoir accès aux joueurs sous prétexte que l’on commente le match qui va avoir lieu. Ça a pu être vrai par le passé mais ce n’est plus du tout le cas. À Paris, à Marseille, à Lyon, c’est terminé. Quand vous allez à Dijon, à Guingamp, là, oui, vous pouvez échanger avec les gens, mais dans les clubs de plus grande importance, ce n’est plus possible. Sauf exception, comme avec Kevin Trapp (gardien de but du PSG) par exemple. Il aime venir reconnaître la pelouse avant les matchs donc on prenait souvent quelques minutes pour discuter (le père de Grégoire Margotton est professeur d’Allemand). Mais ça n’a jamais été mon truc, cette relation avec les joueurs. Je préfère ne pas être ami, rester neutre. J’aime commenter en étant totalement vierge, sans affect.
« Sincèrement, je pense que l’on a vu ou aperçu tous les joueurs français qui seront à la Coupe du Monde »
Même avec les joueurs de l’équipe de France depuis votre arrivée à TF1 ? C’est pareil. C’est peut-être une erreur de ma part, je ne sais pas, mais je n’ai pas envie de commenter les performances d’un « ami » ou d’une personne avec qui je peux avoir un autre lien que professionnel. Leur vie, leurs secrets, le fait qu’ils sortent, qu’ils fument la chicha, qu’ils soient sur Périscope, ça ne m’intéresse pas. Je n’ai pas envie que ça pollue ou influence mon commentaire. Bien sûr, je sais des choses, mais ce qui m’intéresse se passe sur le terrain. En revanche, la construction d’une relation avec votre acolyte, Bixente Lizarazu, c’est important… Au fil des matchs depuis l’Euro, on monte en puissance, on trouve des automatismes. On se retrouve à chaque fois avec bonheur. C’était la même chose avec Christophe Dugarry sur Canal+. Mais il y a un respect et une joie de se retrouver à chaque fois et je pense que c’est important pour le duo, la fluidité des échanges. Durant la prochaine Coupe du Monde, est-ce qu’il y a des joueurs que vous allez suivre en particulier, plus attentivement que les autres ? Mohammed Salah mon ami (rire) ! Ce qu’il fait cette saison est juste exceptionnel donc bien évidemment que je vais le suivre avec grande attention. Mais il n’y a pas que lui. Je pense à Luka Modric, qui est selon moi à 50% de ses possibilités en ce moment avec le Real Madrid. Est-ce qu’il est carbonisé ? Est-ce qu’il va sortir le grand jeu avec la Croatie ? Plus que Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo, que j’aime bien évidemment, je suis plutôt attentif aux milieux de terrain à vocation offensive. Ces créateurs, capables de casser les lignes. Les Dele Alli, les Kroos, les Goretza, s’il est retenu avec la Mannschaft. Il y a toujours un invité surprise lors des grandes compétitions de l’équipe de France. Vous avez la possibilité de choisir ce joueur, quelqu’un que l’on n’a pas vu en Bleu depuis longtemps ou que l’on a jamais vu, vous prenez qui ? C’est difficile… Peut-être Tanguy Ndombele (Lyon). Mais à son poste, il n’y a clairement pas de besoin donc c’est pratiquement impossible qu’il soit là. Je ne peux pas dire Nabil Fékir, parce que ça ne sera pas une surprise, même si je pense qu’il ne fera pas partie du groupe en Russie. (Il réfléchit). Sincèrement, je pense que l’on a vu ou aperçu tous les joueurs français qui seront à la Coupe du Monde. Et je ne vois pas Didier Deschamps et son staff faire appel à un joueur « surprise ». On les connait déjà tous.
Le dispositif de TF1
Diffuseur officiel de la Coupe du Monde 2018, TF1 retransmettra 28 rencontres. 16 matchs de poules, 5 huitièmes de finale, 3 quarts de finales, les demi-finales, la petite finale et la finale (dont toutes les rencontres de l’équipe de France). Dans le même temps, LCI proposera une grille dédiée à la compétition et sera l’unique chaîne d’information en continue à pouvoir diffuser les images des rencontres.