Le Graët attaque Zidane, les politiques réclament une révolution
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Avec sa sortie lunaire contre Zinedine Zidane, Noël Le Graët affronte une tempête médiatique. Le président de la FFF est au cœur d’une grosse polémique après son intervention médiatique non maîtrisée survenue dimanche sur l’antenne de RMC, durant laquelle il a notamment indiqué n’en avoir « rien à secouer » de l’avenir de Zidane. L’indignation est unanime contre lui, dépassant le cadre du football.

Noël Le Graët est au cœur d’une grosse polémique. Au lendemain de la prolongation de Didier Deschamps, le président de la FFF s’est lâché au sujet de Zinedine Zidane, candidat à la succession de l’actuel sélectionneur. Invité de l’émission « Bartoli Time » sur RMC dimanche soir, Noël Le Graët n’a pas mâché ses mots au moment d’évoquer l’ex-technicien du Real Madrid, désireux de prendre la tête de l’équipe de France et désormais contraint de regarder ailleurs pour son avenir. « Zidane au Brésil? Je ne sais pas, ça m'étonnerait. Il fait ce qu'il veut, ça ne me regarde pas. je ne l'ai jamais rencontré, on n'a jamais envisagé de se séparer de Didier, a-t-il lâché, avant d’en rajouter une couche. Zidane au Brésil? Je n'en ai rien à secouer, il peut aller où il veut! Il peut aller où il veut, dans un club... sélection, j'y crois à peine en ce qui le concerne. Si Zidane a tenté de me joindre? Certainement pas, je ne l'aurais même pas pris au téléphone. Pour lui dire de chercher un autre club? Faites-lui une émission spéciale pour qu'il trouve un club ou une sélection. » De quoi susciter une vague d’indignation, avec plusieurs prises de positions majeures, dont celle de Kylian Mbappé. Noël Le Graët réussit également l’exploit de faire l’unanimité contre lui dans la classe politique, de la Nupes au RN, en passant par la majorité présidentielle.

« Des excuses et surtout une démission ! », unanimité politique contre Le Graët

Rapidement dans la soirée de dimanche, Amélie Oudéa-Castera, ministre des Sports, est montée au créneau en publiant un tweet très fort dans lequel elle réclamait des excuses à Noël Le Graët. « Déclarations à nouveau hors sol avec en prime cette fois un manque de respect honteux, qui nous heurte tous, à une légende du foot et du sport : un "président" de la première fédération sportive de France ne devrait pas dire ça. Des excuses pour ce mot de trop sur Z.Zidane svp », écrit sa ministre de tutelle, déjà scandalisée ces dernières semaines par les récentes déclarations de Noël Le Graët au sujet des conditions de vie de travailleurs au Qatar. Le président de la FFF est également dans le collimateur du ministère des Sports en raison des accusations d’harcèlement sexuel au sein de la 3F. Un tweet largement relayé et commenté. « Des excuses et surtout une démission ! Trop c’est trop », répond notamment Fatima El Ouasdi, maire-adjointe de Rueil-Malmaison.

Au sein de la gauche, on dénonce aussi l’hallucinante prise de parole de Noël Le Graët. « Quelle honte qu'un dirigeant de la FFF tienne de tels propos. Le football français mérite mieux que M. Le Graët », a réagi sur Twitter l'élu François Piquemal, député du groupe France Insoumise, rappelant les récents scandales révélés au sein de la Fédération Française de Football : « Attitudes sexistes, affaires de pédophilie étouffées, lâcheté face au régime qatari, et désormais propos méprisants à l’encontre de Zidane. Madame la Ministre du Sport, il est temps de mettre fin au mandat de M. Le Graët qui n’est pas à la hauteur du football français. » Un son de cloche partagé par une grande partie de la gauche ces dernières heures. « Incroyable manque de respect », commente son collègue de la Nupes Carlos Martens Bilongo.

« On a vraiment un problème avec les présidents des deux principales fédérations, FFF et FFR, estime pour sa part le député socialiste Jérôme Guedj, faisant allusion à la récente condamnation de Bernard Laporte par le tribunal correctionnel de Paris à deux ans de prison avec sursis et 75 000 euros d’amende pour corruption passive, trafic d’influence, prise illégale d’intérêts, abus de biens sociaux et recel d’abus de biens sociaux, avant de faire appel. Disons-le, les deux nous font honte et injure aux deux sports préférés des Français et à tous ceux, joueurs, dirigeants, bénévoles, qui les font vivre au quotidien. » L’écologiste Sabrina Sebaihi considère de son côté qu’il est « plus que jamais temps de mettre un terme au mandat de ce président indigne de représenter le foot français, qui a couvert de son autorité tous les scandales de la FFF et est en prime visé par des accusations de harcèlement sexuel. » « Le Graët est la honte du sport français, il doit démissionner, acquiesce Fabien Roussel, chef du Parti communiste. Combien de temps devrons-nous supporter Noël Le Graët ? Vive la retraite à 60 ans ! »

« Probablement que le Dry january, ce n'est pas son truc »

Pieyre-Alexandre Anglade dénonce quant à lui un « mépris confondant » pour défendre Zidane, qu'il décrit comme « un monument du football et du sport français. Une personnalité aimée par tous les Français. Des excuses s’imposent Monsieur Le Graët. Notre football mérite mieux que cela », dénonce le député Renaissance. L’extrême droite appelle également Amélie Oudéa-Castera à agir pour mettre fin au mandat de Noël Le Graët. « Vous êtes Ministre. Agissez pour que ces gens ne nuisent plus au football Français, interpelle le député RN Jordan Guitton. Retrouvons une vision populaire et humaine du football qui mène à un sport festif et non d'une gestion d'entre-soi qui mène à un football business... Un Président de FFF ne devrait pas dire ça. »

Invité du Face à Face d'Apolline de Malherbe ce lundi sur RMC-BFMTV, Jordan Bardella a lui aussi condamné le dérapage verbal du patron du foot français. « Ce sont des propos qui sont particulièrement inélégants, méprisants et insultants à l'égard d'un joueur qui est une légende de l'histoire du football. Ces propos blessent énormément de supporters, a confié le président du Rassemblement National en se fendant d’une punchline à l’encontre de Noël Le Graët. Probablement que le Dry january (mois de janvier sans alcool), ce n'est pas son truc. Ses propos sont hasardeux et j'espère qu'il aura l'occasion de s'excuser. » Le boss de la FFF a depuis présenté ses « excuses » dans un communiqué, reconnaissant des « propos maladroits », ce qui ne devrait pas suffire à éteindre l'incendie. 

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