Affaire Zidane : Macron lâche Le Graët, décision historique annoncée ?
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Les réactions fusent au lendemain de la sortie de Noël Le Graët sur Zinedine Zidane. Interrogé sur l’ancien technicien du Real Madrid après la prolongation de Didier Deschamps, le président de la FFF a assuré dimanche n’en « avoir rien à secouer » de l’avenir de Zinedine Zidane, le plaçant au cœur d’une énorme polémique qui pourrait lui être fatale.

« Zinédine Zidane, je ne l’aurais même pas pris au téléphone. » Invité de RMC au lendemain de la prolongation de Didier Deschamps jusqu’en juin 2026, Noël Le Graët a fait preuve d’un mépris incompréhensible à l’égard de l’ancien meneur de jeu, candidat pour le poste de sélectionneur. Une vague d'indignation s'en est suivie contre le président de la FFF, ajoutant au cours de l'entretien n’en avoir « rien à secouer » de l'éventualité que Zinédine Zidane puisse devenir le sélectionneur du Brésil. Alors que Le Graët est déjà bousculé par les accusations de harcèlement au sein de la Fédération Française de Football, les voix s’élèvent pour réclamer son départ, y compris dans l’entourage d’Emmanuel Macron.

« Il est temps de se poser les questions sur son avenir »

A la tête de la FFF depuis 2011, Noël Le Graët se retrouve de plus en plus isolé alors que celui-ci a présenté ses excuses à Zinedine Zidane. Depuis les révélations de So Foot pointant des dysfonctionnements graves au sein de la Fédération, cette dernière est dans le viseur de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra. Un audit a d’ailleurs été lancé sur le fonctionnement de l’instance. Hasard du calendrier, Noël Le Graët sera entendu ce mardi 10 janvier, alors que sa ministre de tutelle n’a pas mâché ses mots au moment d’évoquer «l’affaire Zidane». « Déclarations à nouveau hors sol avec en prime cette fois un manque de respect honteux, qui nous heurte tous, à une légende du foot et du sport : un "président" de la première fédération sportive de France ne devrait pas dire ça. Des excuses pour ce mot de trop sur Z.Zidane svp », a écrit Amélie Oudéa-Castéra dimanche soir sur Twitter.

De son côté, Olivia Grégoire est allée plus loin en évoquant ouvertement le départ de Noël Le Graët, alors que son mandat court jusqu’en 2024. « Le foot est important dans une société. Le respect est essentiel. Mbappé a eu des mots, j’espère qu’il m’autorisera à les reprendre, je pense qu’on ne parle pas comme ça à une légende. Zidane est une légende », a confié sur France 2 la ministre déléguée aux PME, dénonçant « un mépris confondant. » « Il est temps de se poser les questions sur son avenir, ajoute Olivia Grégoire. Le foot mérite mieux, et nos légendes aussi. » Une sortie très loin d’être anodine quand on sait que Noël Le Graët a perdu d’importants soutiens politiques au fil des mois, à commencer par celui d’Emmanuel Macron.

« On sait que Macron a lâché Le Graët »

Entre le président de la République et le patron du foot français, c’est en effet loin d’être l’amour fou. Comme l’explique RMC, le fossé s’est creusé durant la Coupe du monde au Qatar où les deux hommes ont pu se croiser. L’interview accordée par Noël Le Graët à Marion Bartoli n’est d’ailleurs pas passée inaperçue à l’Elysée. « On sait que (Emmanuel) Macron a lâché le Graët. Au Qatar, les entrevues ne se sont pas bien passées du tout, précisait le journaliste Daniel Riolo dans l’After Foot dimanche. Il n’a plus ce soutien politique qu’il avait. Je pense que ce sera fini d’ici la fin du mois et peut-être même cette semaine. » La perspective de voir Noël Le Graët poussé vers la sortie n’a donc jamais été aussi grande, bien que la décision ne pourra pas venir directement d’Emmanuel Macron ou d’Amélie Oudéa-Castéra. « La ministre peut demander des excuses, exprimer son indignation, sa réprobation, ce qu’elle fait mais elle ne peut pas démettre Noël Le Graët », rappelle Roselyne Bachelot, ancienne ministre des Sports, sur RMC. Seul un vote de défiance de la part de l'Assemblée Fédérale peut effectivement mettre un terme au mandat de Le Graët. La pression exercée au plus haut niveau de l’État peut néanmoins largement fragiliser la position du président de la FFF

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