France, Espagne, Allemagne… L'incroyable malédiction de la Coupe du Monde
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Championne du monde en titre, l’équipe de France ambitionne de décrocher une troisième étoile au Qatar, et vaincre par la même occasion une malédiction qui s'abat sur plusieurs sélections au XXIe siècle. Lors des cinq dernières éditions de la Coupe du monde, le tenant du titre a été éliminé quatre fois lors du premier tour. Les Bleus en 2002, suivi par l’Italie (2010), l’Espagne (2014) et l’Allemagne (2018). Un piège à surmonter pour les hommes de Didier Deschamps.

L’équipe de France arrive au Qatar avec l’étiquette de champion du monde et apparaît aux yeux de beaucoup comme l’une des favorites de la compétition, et ce malgré la cascade de blessures. Se présenter à un Mondial avec un tel statut est loin d’être un gage de réussite future pour l’équipe championne en titre. Au contraire même, puisqu’une vraie malédiction vient frapper les joueurs ayant soulevé le mythique trophée quatre ans plus tôt.

Le fiasco des Bleus en 2002

La France est prévenue, et elle n’est pas étrangère à cette exception devenue tradition au fil des années. Sacrée en 1998 sur ses terres, l’équipe tricolore arrivait confiante en Corée du Sud à l’été 2002, deux années après avoir triomphé à l’Euro, avec dans ses rangs certains des meilleurs joueurs de la planète. Certes, un acteur majeur manque à l’appel, à savoir Zinedine Zidane, blessé au mollet, mais Roger Lemerre peut se targuer d'avoir à sa disposition le meilleur buteur de Ligue 1 (Djibril Cissé), de Premier League (Thierry Henry) et de Serie A (David Trezeguet). Ce qui n’empêchera pas les Bleus de se diriger vers un fiasco. Les champions en titre démarrent l’édition 2002 par une défaite face au Sénégal (1-0) avant d’enchaîner sur un triste match nul contre l’Uruguay (0-0), au cours duquel Thierry Henry sera expulsé. Le retour de Zidane pour la rencontre ultime face au Danemark ne changera rien pour les Français, sortis par la petite porte après une ultime défaite (2-0).

L’exception brésilienne

Cette année-là, le Brésil emmené par Ronaldo, Rivaldo, Roberto Carlos ou encore Ronaldinho remportera sa cinquième Coupe du Monde. Quatre années plus tard en Allemagne, la Seleção parvient à sortir des poules, la seule exception au XXIe siècle, alors que la sélection avait déjà connu une élimination précoce en 1966. Pour autant, le Brésil n’aura pas eu davantage de réussite par la suite, éliminé par l’équipe de France emmenée par un Zinedine Zidane éblouissant en quarts de finale.

Le naufrage italien, dernier derrière Paraguay, la Nouvelle-Zélande et la Slovaquie

Depuis 2006, aucun tenant du titre n'a passé la phase de poules, reproduisant le triste parcours réalisé par les Bleus en 2002. C’est d’abord le cas de l’Italie en 2010. Dans le groupe du Paraguay, de la Nouvelle-Zélande et de la Slovaquie, la Squadra Azzurra termine dernière, une catastrophée presque éclipsée par la désastreuse campagne réalisée par la France, et le triste épisode de Knysna. Il n’empêche que la sentence est lourde pour la sélection italienne, tenue en échec par le Paraguy (1-1) puis par la Nouvelle-Zélande (1-1). La qualification se joue alors contre la Slovaquie, mais la Squadra se fait dépasser et chute sur la pelouse de Johannesbourg (3-2). Marcello Lippi pouvait pourtant compter sur l’ossature de l’équipe qui était venue à bout de la France en Allemagne, avec notamment Gianluigi Buffon, Fabio Cannavaro, Gennaro Gattuso ou encore Andrea Pirlo. Le cauchemar se poursuivra en 2014, avec une nouvelle élimination dès les poules. Depuis, l’Italie n’a plus participé à un Mondial, ne parvenant pas à se qualifier pour les éditions en Russie (2018) et au Qatar (2002).

La fin d’une ère pour l’Espagne

En Afrique du Sud, c’est l’Espagne qui sort triomphante du tournoi en impressionnant par son jeu. La poursuite d’une hégémonie qui a démarré lors de l’Euro 2008 et qui se poursuivra jusqu’à l’édition 2012. Mais la domination espagnole prendra fin à l’été 2014 au Brésil. Arrivée avec les cadres du Real Madrid et du FC Barcelone, symboles de cette puissance absolue (Casillas, Piqué, Ramos, Iniesta, Xavi, Fabregas), la Roja se fera sortir au bout de seulement deux matches. À l’inverse de l’Italie, l’Espagne dispose d’un adversaire de taille avec les Pays-Bas, finaliste malheureux du dernier Mondial. En revanche, les oppositions face au Chili et l'Australie semblent nettement plus abordables sur le papier. Mais cette campagne débute par une gifle infligée par les Néerlandais (5-1) et se poursuit par une défaite contre le Chili (2-0), dirigée par Jorge Sampaoli. La sélection espagnole est éliminée avant l’ultime match face à l’Australie, remporté pour éviter l’humiliation suprême (3-0), mais insuffisant pour faire disparaître la désillusion. La fin d’une ère pour ce groupe entraîné par Vicente del Bosque et le jeu de possession qu’il prônait.

Une première historique pour l’Allemagne

Auréolée de son titre mondial, l’Allemagne pense échapper à la malédiction en arrivant en Russie. Il faut dire que la Mannschaft n’a jamais été éliminée au premier tour. Une série qui touche à son terme en 2018. Les hommes de Joachim Löw sont battus d’entrée par le Mexique (1-0) mais relèvent la tête contre la Suède (2-1), grâce à un coup franc de Toni Kroos dans le temps additionnel. L’Allemagne réalisera le triste exploit de finir dernier de son groupe après sa défaite face à la Corée du Sud (2-0), troisième à la différence de buts. « Gagner est très difficile, se maintenir l'est encore plus. Cet historique vient le confirmer », a résumé Didier Deschamps, champion de l'édition 2018, avant de s’envoler pour le Qatar, conscient de la menace qui l’attend.

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