Discuté en sélection alors même qu’il a réussi des débuts tonitruants avec Chelsea en Premier League, Eden Hazard reste un joueur spécial. Pour faire éclore sa pépite au niveau international, Marc Wilmots n’hésite pas à lui octroyer quelques avantages.
Un épisode cocasse mais qui a fait un peu de houle en Belgique. Alors que les joueurs titulaires doivent porter les numéros 1 à 11 en sélection depuis l’arrivée de Marc Wilmots, Hazard a eu le droit de garder le numéro 10, alors même qu’il débutait sur le banc. Un privilège un peu discuté, mais vraiment discutable ?
Wilmots veut le mettre en confiance Lorsqu’on a un joueur pas comme les autres, il a parfois des droits exceptionnels. Surtout s’il tarde à confirmer avec son équipe nationale ce qu’il montre avec son club. Eden Hazard a eu droit à ce genre de traitement de faveur par son sélectionneur. Il a ainsi eu le droit de garder le numéro 10 alors qu’il était remplaçant face à l’Ecosse et que les 11 premiers numéros sont dédiés au onze titulaire. Invité sur la RTBF, Wilmots ne s’en est pas caché : « J'ai décidé de lui laisser le 10. Ce n'est pas parce qu'il est sur le banc qu'il ne peut plus avoir son numéro fétiche, a affirmé l’ancien bordelais. C'est une exception parce qu'il sera très important dans le futur. » Le coach compte sur son joyau et le met dans les meilleures conditions pour qu’il brille avec les Diables Rouges. « On est en train de le former et le jour viendra où il lâchera les gaz. Oui, le maillot N°10 est intouchable. Mais le 10 peut aussi ... aller sur le banc. » Comprenez par là que la Belgique regorge de talents, mais que le fuoriclasse (joueur hors catégorie) c’est Hazard. De plus, déjà sans doute piqué au vif par son statut de remplaçant, Wilmots ne voulait pas rajouter une double-peine. « Il doit trouver l'équilibre entre son travail défensif et son apport offensif, explique le coach. Il a un vrai esprit de groupe et cela ne lui pose pas de problème de se retrouver sur le banc ».
Une gestion à l’opposé de Leekens Cette attitude, faite de patience et de mesures d’exceptions, est une nouveauté sous le maillot national pour le joueur de Chelsea. En effet, sous le mandat de Georges Leekens, Eden Hazard était plutôt soumis au régime de la tolérance zéro. Soucieux de lui inculquer le professionnalisme, l’ancien entraîneur employait la manière forte, ne passant rien à son jeune prodige. Une méthode à l’ancienne qui a fait parlé et qui a mené à des clashs, comme l’a confirmé le joueur dans la presse d’Outre-quiévrain : « Ça a été tendu à un certain moment avec le coach ». Un amour vache d’un entraîneur qui voulait polir un diamant brut. De l’histoire ancienne selon les protagonistes.
Aujourd’hui, Marc Wilmots tente l’autre approche, celle du pédagogue conscient que sa star a besoin d’être libre sur et en dehors du terrain pour donner sa pleine mesure. Et l’avis général est que la méthode est bonne. Hazard est même largement soutenu par des coéquipiers conscients qu’il peut faire la différence à l’avenir. Avec néanmoins une certaine urgence, car les talents existent et sont nombreux dans cette sélection. Les grognements ne sont jamais loin et les détracteurs de l’ancien lillois attendent un faux pas pour mordre.
Par Ryad Ouslimani