L'emblématique Arrigo Sacchi, qui inspira notamment Carlo Ancelotti, Fabio Capello, Marcello Lippi, ou bien encore Jürgen Klopp, s'est confié ce mois-ci pour So Foot. Le temps pour lui de revenir sur l'évolution du football anglais au fil des années.
Avant tout propos, si le nom d'Arrigo Sacchi ne vous dit rien, c'est qu'à l'évidence vous avez raté l'immense période de l'AC Milan dans les années 90. Véritable légende vivante du football italien, Sacchi est le grand artisan du succès du "Grand Milan" à cette époque. Vainqueur de la Coupe d'Europe des clubs champions en 1989 et 1990, Champion d'Italie en 1988, mais pas seulement, puisque c'est bien lui qui était sur le banc de la Squadra Azzura lors de la finale de la Coupe du Monde perdue en 94 face au Brésil, le fameux penalty manqué de Roberto Baggio. Il restera pour toujours le "père spirituel" de beaucoup de grands entraîneurs d'aujourd'hui, comme notamment Carlo Ancelotti qu'il eût sous sa coupe durant son passage au club lombard en tant que joueur (1987-1992), et en tant qu'adjoint avec la sélection italienne.
Hier soir, à l'issue de la qualification du Borussia Dortmund pour la finale de la Ligue des Champions, Jürgen Klopp, entraîneur comblé au terme d'un épilogue heureux pour les allemands, déclarait à propos de Sacchi : « Je ne l'ai jamais rencontré mais j'ai tant appris grâce à lui, de son travail et de sa discipline tactique. Avec mon mentor, Wolfgang Frank, nous avons énormément appris de son travail. On peut considérer que mon équipe est un peu la sienne », plutôt flatteur !
« En Angleterre, il y a la volonté d’organiser le jeu mais pas la culture », Arrigo Sacchi.
« Tactiquement, les Anglais sont encore très, très en retard. Ils font les choses bien grâce à leur extraordinaire professionnalisme, l’engagement qu’ils y mettent, mais l’organisation tactique laisse à désirer. Depuis que les gros investissements sont arrivés, c’est là-dessus qu’elle s’est le moins améliorée. Le championnat anglais a grandi en termes de qualité de ses individualités, avec des joueurs importants, souvent étrangers. Mais elle doit encore faire un saut qualitatif dans la capacité organisatrice si elle veut réussir à faire jouer en Europe onze joueurs comme s’ils n’étaient qu’un. Il est encore là, l’objectif. On peut avoir les meilleurs joueurs au monde, leur production collective sera toujours limitée si ce cap n’est pas franchi. Après, ils ont certains avantages : leur professionnalisme, capacité de tout donner, aussi bien lors des entraînements que lors des matchs. C’est une grande base pour progresser. Il y a la volonté d’organiser le jeu, mais pas la culture. Disons qu’il leur manque une certaine sensibilité », s'est exprimé le tacticien italien lors d'un entretien accordé à SoFoot.