De passage à Paris après la victoire à Boulogne (1-2), Fabrice Abriel revient sur la bonne passe de Marseille. Si le milieu de terrain ne veut pas encore parler de titre, il sait que l'OM a toutes les cartes en main pour retrouver les sommets. Comment avez-vous vécu le périple jusqu'à Boulogne ? Ça nous a plus motivé qu'énervé. On avait demandé le report du match car il y avait des circonstances exceptionnelles. On n'allait pas prendre de risque pour un simple match de football. On était énervé par rapport à ça car la Ligue a notifié son refus un peu sèchement. On est parti à 17h de Marseille pour arriver au Touquet à 2h du matin après avoir pris l'avion jusqu'à Auxerre et terminé par 5h de bus. On a la chance de bien vivre ensemble. Ça c'est donc bien passé. Mais la dernière heure a été longue.
La réponse a finalement eut lieu sur le terrain avec cette victoire 2-1 à Boulogne... C'est la meilleure des réponses. On ne voulait pas laisser de points et prouver que face à l'adversité, on pouvait répondre présent.
Avec ce but victorieux dans les arrêts de jeu et les résultats de vos concurrents directs, ce week-end apparaît décisif dans la course au titre et vous avez bien fait de jouer ce match ? On savait qu'on avait un coup à jouer. En plus, c'était le dernier match d'une longue série. On venait d'enchaîner quatre victoire. On voulait finir sur une bonne note. C'est le cas. Maintenant, on va pouvoir se reposer.
Marseille est leader de la Ligue 1 avec une avance confortable sur ses poursuivants. Peut-on parler du titre ? On peut surtout parler d'une qualification directe en Ligue des champions. On est dans les temps car ça reste l'objectif prioritaire de l'OM cette saison. Après, si on continue à avancer comme ça, et plus la fin de championnat approchera, plus on pourra s'attacher à garder cette première place. On parlera du titre quand on jouera un match et qu'en cas de victoire, nos poursuivants ne pourront plus revenir. Le jour de ce match, on dira clairement : on joue le titre! Aujourd'hui, il reste 15 points à prendre et nous n'en avons que 5 d'avance. En sachant qu'en janvier, nous avions 12 points de retard sur le leader. On sait d'où on vient. Rien n'est terminé. On se doit donc d'avancer avec humilité.
Qu'est ce qui a changé depuis le début de cette année 2010 qui vous sourit ? Ça a basculé à la trêve. On a fini notre première partie de saison avec une élimination de la Ligue des champions. Nous avions des joueurs en situation d'échec. Il faut le dire. L'intelligence du club a été de ne pas recruter, même si on a essayé. On a continué avec les mêmes hommes, le même groupe et ces hommes qui ne jouaient pas beaucoup on changé leur destin et leur saison, et par la même occasion celle de l'OM. Il y a eu un déclic. C'est un peu nos recrues du mercato. Et en plus, ils sont frais car ils n'ont pas été beaucoup utilisés. Ils ne sont donc pas épuisés. C'est ce qui fait la différence aujourd'hui.
Mais comment expliquez-vous ce changement d'attitude ? En faisant le choix de rester, ils n'ont pas forcément choisi la facilité. C'était un challenge pour eux. Ils ont changé leur quotidien. Et finalement, ils ont fait le bon choix. Pour eux, mais également pour le bien du groupe, du club. Et puis il ne faut pas oublier qu'il y a eu pas mal de changement à l'intersaison. Et cinq mois, c'est très peu pour se connaître vraiment. Aujourd'hui, avec le temps, je peux affirmer qu'à Marseille, il y a un vrai groupe. Nous sommes tous concentrés et concernés vers nos objectifs.
La finale de la Coupe de la ligue n'est-elle pas aussi le tournant de la saison ? Oui, c'est certain. C'est ce qui nous a fait basculer vers cette logique de victoire. Si nous avions perdu, nous aurions pu couler comme Bordeaux. Ça aurait pu nous arriver car après une défaite, il faut du temps pour évacuer la frustration.
On suppose que la folie qui entoure le club et le soutien des supporters vous transcende encore un peu plus ? Après la victoire en Coupe de la ligue, quand on a vu cette foule sur le Vieux Port, ça nous a touché. Et on s'est tous dit qu'on aimerait revivre ça en fin de saison.
Justement, comment gérer cette fin de saison, sans tomber dans l'euphorie ? On veut tuer le championnat dès que possible. Si une occasion se présente, il ne faudra pas la rater pour ne pas se faire de frayeur jusqu'au bout.
Avec cette coupe de la ligue et ce titre de champion qui se profile, on a l'impression que l'Olympique de Marseille est reparti pour un long bail au sommet ? Il faudra s'appuyer sur cette saison car beaucoup de chose ont marché. Mais le problème, c'est que quand tu gagnes quelque chose, l'année d'après, il faut faire mieux. Le plus dur commence. Mais si on gagne le titre cette année et que l'an prochain ça se passe moins bien, il ne faudra pas s'énerver et tout remettre en cause, à l'image de notre début de saison qui n'était pas forcément réussi. Avec les hommes qu'il y a à la tête du club, je ne me fais aucun souci. Ils gardent le cap!