L’étape du jour entre Albertville et le Col du Granon constitue assurément l’un des grands rendez-vous de ce Tour de France 2022. Tant par le profil, avec l’effrayante montée finale du Granon, que par le contexte de la course, tout semble réuni pour vivre une étape marquant l’histoire du Tour de France. Analyse.
Attention, monument en vue ! Cette 11ème étape du Tour entre Albertville et le Col du Granon, sur le domaine de Serre Chevallier, s’annonce dantesque. Le programme a de quoi faire peur. Les coureurs escaladeront en effet trois cols, un de première catégorie et deux hors-catégorie, avec le Col du Télégraphe d’abord, puis une très courte descente jusqu’à Valloire pour amorcer la terrible montée du Galibier par son versant le plus dur, qui amènera les coureurs jusqu’à 2650 mètres d’altitude, avant la plongée en direction de Briançon. Seulement avant d’arriver à la cité Vauban, le peloton tournera sur la gauche pour aller chercher le Col du Granon.
Tour de France : Après Roland-Garros, ils perturbent la 10ème étape https://t.co/0PYHxFGwIa pic.twitter.com/JvTvo96dqQ
— le10sport (@le10sport) July 12, 2022
La légende du Granon…
Et là, l’affaire sera effrayante. Réputé col le plus dur de France, le Col du Granon, qui n’a été gravi qu’à une seule reprise dans l’histoire du Tour, en 1986, fait peur à voir. Avec 11,3 km d’ascension à 9.2% de moyenne, une altitude très élevée (arrivée à 2410 mètres) et une route étroite, qui ne rend pas bien, le terrain est propice aux plus grandes défaillances. En 1986, Bernard Hinault y perdit son maillot jaune, cédant plus de 4 minutes sur son coéquipier Greg Lemond. Le coureur français Jean-Claude Bagot, qui avait abordé la montée dans les premiers au pied, y connut une telle défaillance qu’il s’arrêta en cours d’ascension, posa son vélo pour continuer à pied avant qu’un spectateur attentionné ne lui ramène sa machine en lui signifiant gentiment qu’il était peut-être préférable qu’il reparte avec… On se souvient aussi du petit colombien Cabrera, en poursuite derrière l’Espagnol Chozas, le vainqueur du jour, qui en voyant au loin l’ascension alors qu’il roulait dans la vallée à la sortie de Besançon, se tourna vers la caméra et pointa son doigt sur sa tempe l’air de dire aux organisateurs « Mais vous êtes fous de nous faire grimper là-haut ! ». Cette année-là, les coureurs avaient au préalable escaladé le col de Vars (1ère catégorie) puis le col d’Izoard (HC). Cette fois, ils auront donc franchi le Télégraphe et le Galibier. Le menu sera donc équivalent…
Les lacets de Montvernier, le point stratégique en début de course
Au vue du menu XXL, il est clair que la course au général va se faire. Or le leader Pogacar va l’aborder avec une équipe diminuée et pourrait rapidement se retrouver isolé. En conséquence, les Jumbo-Visma auraient tout intérêt à lancer la bagarre très tôt, dès les lacets de Montvernier en début de course (3.4 km à 8%) pour isoler Pogacar, l’agresser ensuite dans la vallée et tenter de placer Roglic devant avec au moins un équipier, un Van Aert ou un Christophe Laporte, et ce afin de laisser le double vainqueur slovène s’épuiser en poursuite. Vingegaard aurait alors un terrain idéal pour s’envoler dans l’enchaînement Télégraphe-Galibier.
Si les Jumbo attaquent très tôt…
Un tel scénario, qui pourrait permettre aux Jumbo de prendre un net avantage en vue de la victoire finale, serait l’assurance de vivre une étape de légende, avec une ascension du Granon digne des moments d’anthologie du Tour de France. Mais pour cela, il faudra que la Jumbo décide de lancer très tôt la grande bataille des Alpes…