Tour de France - 12e étape : Un énorme duel Vingegaard-Pogaçar dans l’Alpe d’Huez
Alexandre Higounet

Après la terrible étape du Granon, un nouveau parcours monstrueux se présente devant les coureurs avec cette étape entre Briançon et l’Alpe d’Huez via les cols du Galibier et de la Croix de Fer. Alors que les organismes auront été bien entamés par la dureté de la veille, un nouveau chambardement reste possible au général. Analyse.

Ce n’est rien de dire que le menu alpestre, entre l’étape d’hier au Granon et celle qui arrive aujourd’hui à l’Alpe d’Huez, est des plus épicés. Les coureurs ne s’y sont pas trompés. Interrogé à la veille de l’étape du Granon, alors qu’il venait de perdre son coéquipier George Benett du fait du covid, Tadej Pogacar n’avait pas fait le fanfaron, loin de là : « Ce n’est jamais bon de perdre un coéquipier, et je suis triste que George Bennett ait dû partir. J’espère survivre dans les prochains jours. En tout cas notre motivation est intacte et nous allons continuer de nous battre pour la victoire ». Geraint Thomas, vainqueur du Tour de France 2018, lui aussi interrogé à la veille des deux monstres des Alpes, ne disait pas autre chose : « Le Granon, ce sera une journée solide, c'est sûr. La journée d'après aussi : de nouveau le Galibier, la Croix de Fer et l'Alpe d'Huez. Ce sera clairement deux grosses journées ».

Une étape qui a de quoi faire peur…

Si les grands leaders du Tour appréhendent ces deux journées alpestres de haute altitude, ce n’est pas pour rien. Après l’étape monstrueuse du Granon hier, voici en effet que s’annonce un nouveau monument, l’étape Briançon-l’Alpe d’Huez, avec l’enchaînement Galibier-Croix de fer-Alpe d’Huez, le même qui avait permis en 1986 au duo Hinault-LeMond d’écraser la course, les deux coéquipiers de l’équipe La Vie Claire laissant le troisième, Urs Zimmermann, franchir la ligne à plus de 5 minutes. 

En 1986, Hinault et LeMond avaient attaqué dans la descente du Galibier

A l’époque, les deux champions étaient partis dans la descente du Galibier, juste après l’appendice du Télégraphe, avant d’assommer ce qui restait des poursuivants dans la vallée de la Maurienne, qui fait la transition avec le Col de la Croix de Fer, grâce aussi au concours de leur coéquipier Steve Bauer, récupéré au passage. L’épisode de 1986, inscrit dans la légende du Tour, marqué par la grande réconciliation entre Hinault et LeMond arrivant main dans la main à l’Alpe d’Huez, pourrait donner des idées aux leaders de ce Tour 2022. Le problème, c’est que Tadej Pogacar, qui a perdu le maillot jaune hier, n’a pas forcément l’équipe pour tenter un tel coup de Trafalgar. Surtout que Vingegaard est lui très entouré, avec une équipe très forte à ses côtés. L’équipe Ineos, en revanche, qui dispose de deux cartes avec Adam Yates et Geraint Thomas dans les dix premiers, pourrait tenter un coup de la sorte en projetant Yates devant. 

Pogacar tentera d’imposer un duel dans l’Alpe d’Huez

En l’état actuel des forces, l’option la plus probable sera une course d’usure maitrisée par les Jumbo avant une explication royale dans l’Alpe d’Huez. En tout cas Tadej Pogacar, lui, est condamné à attendre les ascensions finales pour jouer un mano à mano avec Vingegaard. On pourrait donc assister à un gros duel entre les deux champions à l’Alpe d’Huez. Surtout si le Danois n’a pas totalement récupéré de ses efforts du Granon

Dans cette optique, certains coureurs pourraient tirer leur épingle du jeu, car les Jumbo, qui ne peuvent être partout malgré leur force collective, surveilleront en priorité Pogacar. Des coureurs comme David Gaudu ou Nairo Quintana, un peu en embuscade derrière, pourraient profiter de cela pour lancer des coups et reprendre du temps. Car dans une telle configuration, et compte tenu des difficultés restant avant l’arrivée à Paris, le Tour sera encore très long. Un troisième larron est tout à fait susceptible de surgir là où ne l’attend pas. Et dans cette optique David Gaudu et Romain Bardet sont idéalement placés…

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