Tour de France : Les fois où le Tour s’est joué la première semaine
Alexandre Higounet

Alors que la première semaine de ce Tour de France 2022 s’annonce absolument dantesque, entre plusieurs étapes promises à des bordures XXL et un petit Roubaix lors de la 5ème étape, le Tour pourrait bien connaître de gros bouleversements. Jusqu’à quel point ? S’est-il déjà joué en première semaine ? Analyse.

Ce Tour 2022 s’annonce alléchant à plus d’un titre, et notamment parce qu’il présente une première semaine absolument dantesque, entre plusieurs étapes promises à devenir de véritables chantiers avec les bordures le long de la mer et le mini Paris-Roubaix programmé pour la 5ème étape, avec 20 kilomètres de secteurs pavés ! Effrayant. Romain Bardet n’a d’ailleurs pas manqué de le souligner alors qu’il était interrogé dans L’Equipe sur ses ambitions : « Avant de penser au général, il faut déjà passer la première semaine de course... Je ne sais pas ce qu'en pensent les autres coureurs, mais je trouve que l'entame de course fait vraiment peur. Au bout de trois, quatre jours, je m'attends à voir déjà quelques cadors rentrer à la maison. Le vent, les bordures, les pavés, la nervosité... Je ne sais pas trop à quoi m'attendre. Ça va être la guerre ».

Le Tour s’y perd souvent mais s’y gagne rarement

Il y aura donc énormément de course lors de cette première semaine, peut-être comme jamais auparavant. Au point que le Tour se joue dès les premiers jours ? L’hypothèse ne peut être exclue, même si l’option la plus probable reste que beaucoup de coureurs y perdent toute chance de victoire finale sans qu’un vainqueur ne se détache pour autant. Dans l’histoire, il apparaît de toute façon que le Tour ne se joue jamais lors de la première semaine. Il s’y perd souvent oui, mais ne s’y gagne pas. Ou à de très rares exceptions près.

Si les Alpes ou les Pyrénées interviennent en première semaine…

Les éditions où le gagnant à Paris a pu se dessiner rapidement sont essentiellement celles où le parcours présentait un massif montagneux dès l’ouverture, ou peu de temps après, à l’image du Tour 1981, où l’épreuve partait de Nice, avec un passage dans l’arrière-pays dès la première étape créant des premiers écarts, et une arrivée rapide dans les Pyrénées par la suite, qui avait permis à Bernard Hinault d’assommer rapidement la concurrence, éliminant son dernier concurrent, Phil Anderson, lors du contre-la-montre de Pau à la 6ème étape, récupérant alors le maillot pour ne plus le lâcher.

Indurain et les chronos

Au début des années 90, un autre ténor, Miguel Indurain, assurait lui aussi très rapidement ses victoires dans la Grande Boucle à l’occasion du premier grand contre-la-montre, qui intervenait en général juste au sortir de la première semaine et juste avant l’entrée dans le premier massif montagneux. Ainsi, en 1993, 1994 et 1995, le même scénario s’est reproduit à chaque fois (à la 9ème étape en 1993 et 1994, à la 8ème lors l’édition 1995), Indurain écrasant toute concurrence lors du chrono, rejetant le deuxième à plusieurs minutes, ce qui lui permettait ensuite de gérer tranquillement son avance en montagne, où il n’avait plus qu’à suivre sans se mettre en danger, avant éventuellement d’éparpiller tout le monde dans les derniers kilomètres s’il voulait marquer le coup. Lors de ces trois éditions, le géant espagnol a conquis le maillot jaune à l’occasion du premier grand contre la montre et ne l’a plus lâché jusqu’à Paris, ce qui a conféré à ces cinq succès dans le Tour un caractère plutôt inéluctable. C’est en partie pour cela, d’ailleurs, que les organisateurs ont cherché avec le temps à réduire les distances des chronos, pour éviter que cela ne se reproduise.

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