Alors que Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France, estime que les coureurs français ne devraient pas chercher à jouer le général à partir du moment où ils n’ont aucune chance de jouer un top 3, Marc Madiot, le manager de la Groupama-FDJ, tient un discours radicalement inverse...
Interrogé à l’occasion d’un long entretien accordé à L’Equipe, Bernard Hinault, dernier vainqueur français du Tour de France et cinq fois maillot jaune à Paris, a indiqué que les coureurs français ne devraient pas forcément jouer le général du Tour pour se concentrer sur leurs points forts dans les classiques, à l’image de Julian Alaphilippe.
« Le classement général fait partie de la culture du haut niveau »
Hinault a ainsi affirmé : « Que peuvent espérer les coureurs français face à Pogacar, Vingegaard ou Evenepoel ? Rien évidemment. Mais qui les oblige à s’entêter à faire le Tour de France ? Il y a d’autres belles courses à gagner, Julian Alaphilippe aurait dû servir d’exemple à pas mal de Français. S’il a un tel palmarès, c’est qu’il ne s’est jamais focalisé uniquement sur le Tour. On a des puncheurs très performants, capables de gagner des classiques, comme Liège Bastogne Liège ou le Tour de Lombardie et l’Amstel. Pourquoi alors les brider en les contraignant à viser un top 10 du Tour que tout le monde aura oublié aussitôt ? ».
Arrêter de jouer le général entraîne mécaniquement une moindre concentration
Au-delà du fait qu’aucun Français ne focalise sa saison à 100% sur le Tour et qu’ils sont nombreux à viser à la fois les classiques et le Tour, à commencer par Julian Alaphilippe lui-même, au-delà du fait que le même Alaphilippe a gagné sa popularité en France en grande partie sur les routes du Tour où il a fait 4ème du général en 2019, les mots de Bernard Hinault livrent surtout une question : les coureurs français doivent-ils malgré tout essayer de jouer le classement général alors qu’ils n’ont aucune chance de l’emporter et peu de faire un top 5 ? Interrogé dans L’Equipe, Marc Madiot, le patron de la Groupama-FDJ, livre une analyse inverse à celle d’Hinault : « Le classement général fait partie de la culture d’une équipe de haut niveau, il faut l’entretenir. Si on se retire, c’est une forme de renoncement, ce n’est pas comme ça qu’on progresse ». L’analyse de Madiot sonne juste : souvent, le fait d’arrêter de jouer le général entraîne une démobilisation inconsciente de l’équipe, qui n’est plus aussi concentrée sur chaque moment de la course et qui se retrouve souvent à moins performer au final, y compris dans les victoires d’étape.