Cyclisme : Pogacar unique leader ? Vers une rivalité inexorable au sein du Team UAE…
Alexandre Higounet

A l’occasion d’une interview accordée en Espagne, Juan Ayuso, promu leader pour le Giro par le staff de l’équipe UAE, masque de moins en moins ses aspirations à un vrai leadership pour l’avenir. Au point qu’une rivalité avec Tadej Pogacar pourrait bien poindre à l’horizon.

Il y a quelques jours, à l’occasion de la remise du Vélo d’Or, Tadej Pogacar n’avait pas fait mystère que s’il ne tentait pas dès l’an prochain un incroyable triplé Giro-Tour-Vuelta, ce qui le propulserait définitivement comme le meilleur coureur de tous les temps, ce n’était pas tant pour une question de capacité physiologique que d’équilibre politique interne au sein de l’équipe UAE, afin de laisser un terrain d’expression à certains de ses lieutenants, tous étant capable de jouer la victoire en Grand Tour. Le leader slovène avait ainsi exprimé : « Le Triplé ? Non, je n'y pense pas vraiment. C'est déjà spécial de faire trois Grands Tours en un an, c'est encore plus difficile de gagner les trois. De plus, nous avons une trentaine de coureurs au sein de l'équipe. Ils méritent également une chance, donc je n'en ferai que deux pour l'instant ».

Ayuso maque mal sa défiance vis-à-vis d’une éventuelle participation de Pogacar au Giro…

Cette diplomatie du leader slovène pouvait a priori surprendre. Compte tenu de sa domination sur le cyclisme mondial, il aurait en effet été en position d’imposer sa volonté de tenter un triplé. Mais il semblerait bien que Pogacar ait compris que pour l’équilibre collectif, il était préférable de laisser une place grandissante à Juan Ayuso, dont les velléités de leadership n’étaient plus compatibles avec un unique rôle d’équipier. Le crack espagnol a d’ailleurs de plus en plus de mal à le dissimuler, comme en témoigne ses mots presque désinvoltes à l’évocation d’une éventuelle participation de Pogacar au Giro l’an prochain, alors qu’il est lui – pour l’instant – le leader désigné. Ayuso a ainsi déclaré à In de Leidestrui, dans des propos rapportés par cyclismactu.net : « Je vais au Giro. Si Tadej ne va pas au Giro, qu'il en soit ainsi. S'il va au Giro, j'irai quand même. Je suis pleinement concentré sur le Tour d'Italie, un de mes grands objectifs. Si Tadej fait aussi le Giro, cela changera quelque chose et je roulerai pour lui, mais cela ne changera pas ma préparation ».

La comparaison avec les déclarations d’Adam Yates est édifiante

En comparaison, les mots d’Adam Yates, l’autre leader désigné pour le Tour d’Italie, sont beaucoup moins contestataires, plus enclins à accepter le leadership du Slovène : « J'aimerais retourner au Giro pour voir ce que je peux y faire, car je ne sais pas combien de temps je pourrai continuer à concourir à ce niveau. Le parcours devrait me convenir, avec toujours de nombreuses montées et normalement un seul contre-la-montre plat. Maintenant, si Tadej fait le Giro, c'est lui le leader. C'est lui le patron et il fait ce qu'il veut. Il ne l'a gagné que la saison dernière, donc je pense qu'il serait logique pour lui d'en faire un objectif principal de le gagner à nouveau ». Autant d’éléments qui tendent à confirmer qu’une potentielle rivalité est en train de naître au sommet de l’équipe UAE. Car si Ayuso venait à remporter le Giro, il deviendrait alors difficile de lui intimer de ne pas jouer un jour sa carte au Tour de France…

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