Cyclisme : Alaphilippe-Evenepoel, l’alliance inattendue
Alexandre Higounet

Sans que cela soit volontaire, Julian Alaphilippe et Remco Evenepoel ont renoué avec leur alliance historique de l’ère Soudal-Quickstep pour terrasser Tadej Pogacar lors de l’Amstel Gold Race dimanche dernier, même si c’est au final le Danois Mathias Skjelmose qui en a profité. Analyse.

Coéquipiers pendant de longues années sous les couleurs de la Soudal-Quickstep, Julian Alaphilippe et Remco Evenepoel ont involontairement renoué avec leur ancienne alliance dimanche dernier sur l’Amstel Gold Race. En effet, en se projetant vers l’avant en portant une offensive violente dans un mont à 50 kilomètres de l’arrivée, Julian Alaphilippe a sans le vouloir fait les affaires d’Evenepoel, car il a emmené avec lui Pogacar, qui s’est retrouvé ensuite seul face au vent avec une trentaine de secondes d’avance sur le peloton, une position dans laquelle il a lâché beaucoup d’énergie, permettant à Remco Evenepoel de revenir petit à petit sur lui. Si au final, le Belge n’a pas gagné, le Danois Skjelmose profitant du combat entre les deux titans, il aura au moins marqué de gros points psychologique en concassant le Slovène dans leur duel à distance.

« Il ne faut jamais sous-estimer Julian, alors j’ai décidé de le suivre »

Après la course, Pogacar a reconnu qu’il avait commis une erreur en insistant seul après qu’Alaphilippe ait marqué le pas : « Il ne faut jamais sous-estimer Julian. Cela semblait être une bonne décision, alors j'ai décidé de le suivre. Finalement, il a craqué rapidement. J'espérais que Julian resterait avec moi plus longtemps. Nous avons peut-être été un peu trop enthousiastes en attaque. Il y avait un fort vent de face à la fin, j'ai essayé de tenir bon, mais quand Remco est revenu sur Skjelmose, je savais que cela pourrait être difficile ». Une analyse partagée par l’ancien coureur Jérôme Coppel sur RMC, comme relayé par la Voix du Nord : « C’est une erreur de courir sur Alaphilippe quand tu t’appelles Pogacar, ça crée du mouvement de course, ça fait réagir les autres. C’est une erreur quand tu sais que le vent est de trois-quarts face. Mais c’est aussi, peut-être, une accumulation de fatigue avec toutes les courses que tu as faites, notamment Roubaix ».

« Je voulais anticiper l’attaque de Tadej, mais... »

Julian Alaphilippe lui-même s’est dit surpris, lui qui avait surtout dans l’intention d’attaquer pour anticiper sur l’offensive de Pogacar : « Je suis content, parce que je n’ai pas de regret. J’ai couru avec les sensations, je voulais anticiper l’attaque de Tadej… mais il s’est aussi anticipé lui-même, donc c’était un peu dur pour moi. Je me sentais bien, et comme je l’ai dit ce matin : je ne voulais pas avoir de regret. Je pense que c’était un bon moment pour y aller. Après, j’avais besoin de récupérer un peu, et il m’a manqué quelque chose pour suivre le bon groupe. C’est comme ça ».

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