Le nouveau défi de Sarah Ourahmoune
Alexis Bernard -
Rédacteur en chef
Footballeur presque raté, j’ai choisi le journalisme car c’est l’unique profession qui permet de critiquer ceux qui ont réussi. Après avoir réalisé mon rêve de disputer la Coupe du Monde 2010 (en tribune de presse), je vis de ma passion avec le mercato et les grands événements sportifs comme deuxième famille.

Figure emblématique de la boxe française, Sarah Ourahmoune est aujourd’hui une entrepreneuse accomplie. Entre monde associatif, salles de boxe, conférences et casquettes institutionnelles, la vice-championne olympique est sur tous les fronts. Et son nouveau projet, accompagné par le Palatine Women Project, ne manque clairement pas d’ambition.

Avec ou sans gant, sur un ring ou dans la vie, Sarah Ourahmoune propose la même énergie. Celle d’une femme déterminée, dynamique, ambitieuse et pleine de rêves. Et si le grand public a encore en mémoire sa médaille d’argent aux Jeux Olympiques, c’est mal connaître l’ancienne petite reine des poids-mouches que d’imaginer qu’elle se repose, depuis, sur ces lauriers de Rio (2016). Hyperactive de nature, Sarah mène de front plusieurs vies entrepreneuriales en même temps. Patronne de trois salles de boxe, elle est une conférencière très prisée des mondes professionnels et sportifs, friands de son discours et de ses prises de parole habitées. Impliquée dans le monde associatif, elle assume et assure également de nombreux rôles institutionnels, notamment dans la perspective des Jeux Olympiques de Paris 2024 (Vice-présidente du CNOSF, vice-présidente de la fédération de Boxe…). Mais cette fois, la championne du monde 2008 a un projet bien précis en tête. Un rêve, un peu spécial. Et un peu plus « technique » que les précédents à mettre en place.

Un lieu hors du commun

Accompagnée par le Palatine Women Project, Sarah Ourahmoune porte en elle un projet qui gravite dans son esprit depuis quelques temps maintenant : « Je rêve d’un lieu très particulier, un lieu de répit. Un endroit éloigné de la ville et de son agitation. Ce lieu, je l’ai trouvé, en Bourgogne. A deux heures de Paris, déconnecté de presque tout, coupé du monde, idéal pour se concentrer sur des choses importantes, comme soi (sourire). Un lieu dans lequel il est possible d’organiser des temps de formation, des séminaires, des camps d’entraînement, des retraites autour de la thématique du sport et bien évidemment de la nature. Un lieu qui m’appartiendrait, dans lequel je pourrai proposer des programmes, mais que je pourrai aussi mettre à disposition pour de sociétés ou de personnes qui souhaitent eux-aussi organiser des événements, notamment autour du développement personnel ». Tout un symbole, pour celle qui incarne mieux que personne la lutte d’émancipation des Femmes, ce lieu hors du commun se trouve dans un village nommé « Beauvoir ». Le clin d’œil à Simone, icone du féminisme, résonne comme une évidence.

Professionnaliser sa démarche

Le plus dur semble fait pour Sarah Ourahmoune. Dénicher la pépite qui peut abriter le cœur de son projet. Mais le défi entrepreneurial ne fait que commencer. Issue du monde associatif et amateur, la boxeuse se doit de professionnaliser sa démarche en envisageant une structure plus adaptée à son projet. « C’est l’autre grosse réflexion du moment, le statut juridique que je dois choisir. Possiblement, on se dirige vers une société immobilière. Et c’est là que les conseils du Palatine Women Project sont précieux. Cela permet de lever des zones de flou et de challenger le projet sur des aspects pas toujours évident ».

L’entrepreneuse peut notamment s’appuyer sur l’expérience et l’expertise de Pascal Tapissier, directeur de la Région Centre Est de la Banque Palatine : « Sarah Ourahmoune a déjà fait du conseil, des salles de sport, elle sait déjà ce qu’est l’entrepreneuriat. Elle a déjà une bonne base. Mon rôle est d’essayer de poser des questions sur des thématiques précises et l’interroger sur des points qu’elle n’aura peut-être pas pensés. Un mécénat de compétences qui prend la forme d’un petit « crash-test » projet afin de vérifier sa solidité et sa viabilité. Et puis, je connais bien la région, le secteur, donc c’est un plus pour nos échanges (sourire) ». En ce qui concerne l’idée de Sarah Ourahmoune, Pascal Tapissier semble convaincu : « Son projet a tout pour réussir, oui. D’autant plus que nous avons à faire à quelqu’un de très à l’écoute. C’est une sportive de haut-niveau qui dispose déjà d’une expérience post carrière sport. Et puis, elle ne part pas dans l’inconnu puisqu’elle exploite déjà des lieux pour la boxe et autre. C’est une démarche intelligente, un projet avec un peu plus d’envergure que ce qu’elle a déjà fait. Mais je crois en elle ».

« J’arrive au bout d’un cycle »

En négociation active avec les propriétaires du domaine, Sarah Ourahmoune construit pierre après pierre ce nouveau projet. Un nouveau bébé pour cette maman de trois enfants à l’agenda de Ministre. Une aventure qui modifiera naturellement les contours de son quotidien. Mais là encore, tout est prévu : « J’arrive au bout d’un cycle avec les Jeux de Paris 2024 cet été. Mes engagements vont s’éteindre progressivement et je n’ai pas l’intention de reprendre de gros mandats. Je vais avoir du temps et je souhaite le dédier à ce projet et à ma famille ». Quitte à changer de vie et de prendre le chemin de la Bourgogne ? « Pas forcément. Pas tout de suite, en tout cas (sourire) ».

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