« Palatine Women Project », le programme qui donne des « Elles »
Alexis Bernard -
Rédacteur en chef
Footballeur presque raté, j’ai choisi le journalisme car c’est l’unique profession qui permet de critiquer ceux qui ont réussi. Après avoir réalisé mon rêve de disputer la Coupe du Monde 2010 (en tribune de presse), je vis de ma passion avec le mercato et les grands événements sportifs comme deuxième famille.

Au sortir d’une carrière sportive, la question de la reconversion est toujours centrale et rarement simple. Pour accompagner des anciennes championnes de haut-niveau, le « Palatine Women Project » a permis à quatre d’entre elles de bénéficier d’un programme unique, efficace et gorgé de sens. Portrait.

Elles ont traversé des Océans, dunké aux quatre coins de la planète, fais tomber des chronos ou encore conquis des titres mondiaux. Mais pour elles, quand la lumière d’une carrière sportive bien remplie commence à s’éteindre, difficile de rejoindre le chemin parfois plus obscur d’une retraite avec des doutes et une vie entière à reconstruire. Autrement. Avec des outils que personne ne leur a donné. Encore plus quand on doit « raccrocher » avant même d’avoir 40 ans. La délicate thématique de la reconversion sportive n’est pas un sujet nouveau mais trop peu souvent pris à sa juste valeur. Si les Fédérations, les clubs ou encore les institutions commencent à éveiller leur regard sur la nécessaire prise en charge et accompagnement des athlètes à l’aube de ces « vie d’après », un projet vient d’émerger avec un regard neuf, pétillant et plein de sens. Depuis avril dernier, le « Palatine Women Project » permet à quatre anciennes sportives de haut-niveau de bénéficier d’un programme de reconversion unique en son genre. Avec, déjà, les premiers résultats concrets de réussite.

Neuf mois pour une nouvelle vie

« Le Palatine Women Project, c’est du mécénat de compétence, explique Patrick Ibry, directeur général délégué de la Banque Palatine. Bien sûr, on donne beaucoup de notre temps, on permet aux athlètes d’accéder à tous les réseaux. Avec Séverine Desbouys, on utilise souvent le terme « accélérateurs de particules » parce qu’on va les garder avec nous à peu près un an. Le parcours dure neuf mois et est composé de trois cycles de trois mois. On va leur enseigner toutes les bases dont elles manquent et dont elles ont besoin pour se réaliser dans cette aventure qu’est l’entrepreneuriat ». Un programme de neuf mois, en trois étapes. Une première phase d’audit, pour lister les compétences, élaborer un projet et fixer des objectifs. Un atelier de « bootcamp », pour des rencontres avec des experts, la montée en compétence et la résolution des premières problématiques. Et enfin la personnalisation du projet, avec les premières rencontres avec des entrepreneurs et potentiels investisseurs, le pilotage et avancement du projet.

Quatre projets retenus

Pour intégrer le « Palatine Women Project », un comité de 10 personnalités issues du sport de haut-niveau comme de l’entreprise sélectionne les projets soumis. Des projets qui doivent être innovants et socialement responsable. Ancienne championne de cyclisme, reconvertie avec succès dans le monde entrepreneuriale, Sévérine Desbouys a cofondé ce programme et accompagne aussi bien les mentors que les athlètes : « Elles ont besoin d’un accompagnement sur le plan personnel avec des coachs et des mentors. Elles ont également besoin de conseils sur leur business plan et enfin on leur apporte des connaissances sur l’écosystème de l’entrepreneuriat. Il faut vraiment individualiser les parcours, faire quelque chose sur mesure. Ça me semblait important parce que quand on est athlète de haut niveau on est déjà cheffe d’entreprise mais quand on bascule de l’autre côté, dans le monde de l’entrepreneuriat, on n’a pas les codes. Et enfin la partie chouette c’est de leur enseigner toute la partie business développement et levée de fonds. Le but est de leur amener cette connaissance du monde des finances et du business ». En quelques mois, les premiers projets sortent déjà de tête, de Terre et même de Mer. A l’image de l’association 4MyPlanet, pilotée par la navigatrice Alexia Barrier. Soucieuse de sensibiliser les jeunes générations à la cause écologique et océanographique, elle met en place une mini-série en réalité virtuelle à destination des enfants. Un programme pédagogique associé à un développement de nouveaux capteurs pour la recherche qui séduit déjà des investisseurs…

La première promo

Alexia Barrier
Navigatrice et skippeuse professionnelle, finisher du Vendée Globe 2020, entend mettre sa passion pour les océans au service de leur préservation en travaillant au développement de nouveaux capteurs pour la recherche océanographique et à la construction d’un programme pédagogique immersif et expérienciel
 
Alexia Dubié
Ancienne joueuse de basket professionnelle pendant 13 saisons, Alexia Dubié a mis fin à sa carrière en juin 2021 pour se consacrer pleinement à son projet d’Eshop Mode. Un concept store proposant des accessoires, bijoux, prêt à porter féminin et objets du quotidien
 
Coralie Gassama
Sprinteuse internationale Coralie Gassama a inventé les Key One, des coques de protection adaptables aux chaussures à pointes des sportifs et travaille actuellement sur un nouveau modèle complémentaire destiné aux disciplines du saut en hauteur, du triple saut et du lancer de poids
 
Anne-Caroline Graffe
Ancienne taekwondoïste professionnelle, championne du monde à Gyeongju en 2011 et vice-championne olympique à Londres en 2012, Anne-Caroline Graffe est à l’origine de Puna Ora, une ferme pédagogique et sportive mettant en place des projets orientés vers l’éducation alimentaire, l’agriculture, la préservation de la nature et l’expression de la culture polynésienne