Tennis : Djokovic, Zverev... La retraite surprise de Rafael Nadal à Roland-Garros prend forme
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Après une partie titanesque face à Félix Auger-Aliassime, Rafael Nadal a enchaîné jusque tard dans la nuit de mardi à mercredi contre Novak Djokovic. Désormais, l’Espagnol est attendu ce vendredi pour affronter Alexander Zverev en demi-finale de Roland-Garros. Une partie qui pourrait être une nouvelle fois remarquable, et même historique, alors que l’avenir du numéro 5 mondial s’inscrit en pointillé, avec l’ombre de la retraite qui plane.

Assistons-nous sans le savoir à un Roland-Garros historique, avec la dernière participation de Rafael Nadal ? L’hypothèse n’est pas à exclure, et n’a même jamais été aussi crédible. Miné par un physique capricieux, l’Espagnol a jeté un froid sur le Philippe-Chatrier mercredi, s’il le fallait encore en pleine nuit parisienne, après avoir délivré un spectacle grandiose avec Novak Djokovic (6-3, 4-6, 6-2, 7-6) en lâchant une réponse pour le moins énigmatique à Marion Bartoli, consultante pour Prime Video, désireuse de savoir si l’actuel numéro 5 mondial sera de retour du côté de la Porte d’Auteuil l’année prochaine. « À dans deux jours, c’est ce que je peux dire », a réagi Nadal, donnant rendez-vous aux fans pour sa demi-finale contre Alexander Zverev ce vendredi après-midi. Une rencontre qui pourrait être la dernière du Majorquin sur la terre battue parisienne, lui qui à l’aube de ses 36 ans, lutte pour conserver son meilleur niveau.  

Les signaux inquiétants lâchés par Nadal ces dernières semaines 

Rafael Nadal n’a pas attendu son affrontement dantesque de 4h12 face à Novak Djokovic pour semer le trouble sur son avenir. « C'est peut-être mon dernier match à Roland-Garros », soufflait-il déjà avant son quart de finale, pour justifier sa volonté de jouer en journée plutôt qu’en night session comme l’a décidée la direction du Grand Chelem parisien. « Chaque fois que je joue ici, je suis conscient que ça peut être mon dernier match dans ce tournoi. En un an, il se passe beaucoup de choses, et à ce stade de ma vie et de ma carrière, avec tout ce que j'ai, tout peut arriver », déclarait-il, marqué par ses absences de plus en plus répétées, écarté des courts ces dernières semaines après une fêlure à une côte avant de connaître une grosse alerte au pied gauche au début du mois de mai. Depuis 2005, Rafael Nadal souffre du syndrome de Muller-Weiss, une nécrose de l’os scaphoïde de son pied gauche, pathologie rare qui impacte le joueur. « C’est tout le temps là. Parfois plus, parfois moins. Mon problème, c’est qu’il y a beaucoup de jours où je vis avec trop de douleur, soufflait le Taureau de Manacor quelques jours avant le début de Roland-Garros. Je vis avec une tonne d’anti-inflammatoires au quotidien pour me donner une chance, précisait-il. Si je n’en prends pas, je boite. J'aime ce que je fais, la compétition, ça me fait vivre des moments inoubliables, mais aussi beaucoup de jours où je suis malheureux. » 

« Je vais continuer à me battre pour trouver une solution. Pour l'instant, on ne l'a pas trouvée »

La rencontre disputée face à Djokovic jusque tard dans la nuit de mardi à mercredi n’a donc pas arrangé l’état de Rafael Nadal, deux jours après avoir dû batailler cinq manches pour venir à bout de Felix Auger-Aliassime (3-6, 6-3, 6-2, 3-6, 6-3), l’incitant à se montrer très prudent au moment d’évoquer son avenir. « Ce n'est pas le moment d'en parler, on en parlera quand mon tournoi sera terminé. Je donne tout ce que j'ai pour essayer de jouer ce tournoi dans les meilleures conditions possibles. Je ne sais pas ce qui peut se passer ensuite. Mais ici, je pense que ça va aller, reconnaissait Rafael Nadal en conférence de presse, tard dans la nuit. Je suis très clair là-dessus. Je suis suffisamment âgé pour ne pas cacher des choses, ou dire des choses que je ne pense pas. Je ne sais pas ce qu'il peut se passer. On a fait en sorte que je sois en mesure de jouer ici, mais derrière, on ne sait pas. J'ai ce que j'ai au pied. Si on ne trouve pas de solutions, ça deviendra extrêmement difficile. Je profite de chaque jour que je passe ici. Je vais continuer à me battre pour trouver une solution. Pour l'instant, on ne l'a pas trouvée. »

« Tant qu'il sera compétitif, il continuera. Si les problèmes deviennent plus difficiles et n'ont pas de solution… »

Jusqu’à quand pourra tenir Rafael Nadal ? Ce dernier joue peut-être plus qu’une simple demi-finale de Roland-Garros ce vendredi, avec l’espoir de finir en beauté sa carrière avec un 14e titre sur l’ocre parisien. Cependant, dans l’entourage de l’Espagnol, on tente de nuancer les gros doutes affichés par le principal intéressé sans écarter aucun scénario, comme un moyen de relâcher la pression ? « Je dirais qu’il essaie de jouer Roland-Garros et ensuite nous verrons. Ne parlons pas de la retraite mais essayons de trouver quelque chose pour ce pied pour qu’il aille mieux. Pas le guérir, mais nous cherchons quelque chose pour qu’il puisse jouer avec moins de douleur », a confié l’un de ses entraîneurs, Francis Roig, au micro de la Radiogaceta relayé par We Love Tennis. « Je ne veux pas penser à un dernier Roland-Garros, redoute de son côté Toni Nadal, oncle et entraîneur de la légende pendant vingt-sept ans. Aujourd'hui, l'âge des joueurs s'est un peu allongé, mais ce n'est pas trop long. Cela dépendra de Rafael. Tant qu'il sera compétitif, il continuera. Si les problèmes deviennent plus difficiles et n'ont pas de solution, il est évident que je ne pense pas qu'il appréciera d'aller à la limite tous les jours », poursuit-il au micro de la Cadena SER. Alors qu’il a rejoint l’équipe de Rafael Nadal en décembre 2021, l’entraîneur Marc Lopez reconnaît que son protégé n’est pas au meilleur de sa forme avant de retrouver Zverev. « Après Djokovic, il s’est levé avec un peu de douleur, mais il a pu bien bouger. Au final, Nadal est quelqu'un qui supporte bien la douleur », a-t-il révélé au micro de la COPE, tout en se montrant optimiste pour l’avenir du joueur, mais loin du tennis : « La blessure de Rafa Nadal est importante, chronique, mais je pense qu'il pourra mener une vie normale lorsqu'il prendra sa retraite. »

La retraite pour le début d'une nouvelle vie ?

Une vie normale qui pourrait arriver plus vite que prévu, l'occasion pour lui de fonder une famille avec sa femme Maria Francisca Perello, un élément à ne pas négliger dans sa décision puisque le tennisman semble vouloir attendre la retraite afin de se consacrer à son rôle de père comme le rappelait cette semaine Le Parisien. « Je pensais avoir des enfants à ma retraite mais la question s’est allongée. Cela arrivera probablement dans le futur parce que nous le voulons tous les deux », confessait l'Espagnol l'année dernière. « J'aimerais avoir des enfants, je suis une personne qui adore les enfants et la famille est quelque chose de très important pour moi mais j'aimerais commencer tout ça quand ma vie le permettra davantage, pensait déjà Rafael Nadal en 2017, dans l'émission Con Amigos AsiC'est essentiel de pouvoir être présent auprès de ses enfants et je ne sais pas si la vie de sportif de haut niveau est idéale dans cette perspective. »

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