Lhomme qui fait gagner Federer
La rédaction

Contrairement à la légende, Roger Federer a un entraîneur. Il s'appelle Severin Lüthi, il est Suisse comme lui et il est même le capitaine de l'équipe de Coupe Davis. Le numéro 1 mondial ne peut se priver de ses conseils.

Federer ne s’en sépare jamais
Severin Lüthi a réussi ce qu’a raté Tony Roche : faire en sorte que Roger Federer gagne enfin Roland-Garros. L’heure de gloire, tout le monde s’en rappelle, a sonné l’année dernière. Le technicien était dans l'ombre de son compatriote, comme toujours depuis trois ans. Eminemment discret, Lüthi, 34 ans et capitaine de l’équipe de Suisse de Coupe Davis, est un ami proche. Depuis que Federer voyage sans entraîneur officiel, en mai 2007, il fait office de coach. Et le grand Rodgeur compte sur lui, bien plus que ce que l’on pourrait croire : «Certains pensent qu'il est entraîneur à mi-temps avec moi, mais ce n'est pas le cas. Depuis 3 ou 4 ans, il voyage avec moi à plein-temps, il travaille très bien avec moi. Il n’a peut-être pas entraîné beaucoup de joueurs, mais il a l’expérience de la Coupe Davis notamment et c’est un excellent coach. Il donne tout. On ne le considère pas à sa juste valeur parce qu'il ne parle pas beaucoup. En tout cas, il ne vous parle pas beaucoup à vous (les journalistes)».

Aux antipodes de Noah
Federer marque un point. Nos confrères du quotidien suisse Le Matin décrivent même Lüthi comme l’exact opposé de Yannick Noah, qui a également porté la casquette de capitaine de Coupe Davis. Lüthi, lui, parle peu pendant les matches et ne semble pas très proche des joueurs. «Chacun a sa façon de faire pour aider les joueurs. Pour moi, beaucoup de capitaines font le show, ce qui peut parfois énerver les joueurs. Moi, je ne fais pas de cinéma. Je ne vais pas me lever ou faire de grands gestes parce que les gens attendent peut-être ça. La star, c'est le joueur. Ce qui compte pour moi, c'est sentir que ça passe avec lui. Et je crois que c'est le cas», affirme-t-il. Federer, on le sait, n’a jamais vraiment aimé être chaperonné depuis son aventure avec son vrai mentor Peter Lundgren. José Higueras et Tony Roche, dans une moindre mesure, n’ont pas su lui apporter le déclic sur terre battue. Ce que fait parfaitement Lüthi, qui a joué un rôle primordial mercredi lorsque le n°1 mondial était en difficulté face au Colombien Alejandro Falla.

«Roger ne mentirait jamais»
Interrompu deux fois par la pluie, Federer a trouvé la solution à ses problèmes en parlant avec son ami : «Je me suis changé, j’ai mangé un petit truc et je me suis couché sur la table de massage, raconte le Bâlois. J’ai discuté avec Stéphane mon physio et Séverin pour voir ce qu’il était important de faire. Il m'a dit que je devais être beaucoup plus agressif, ce que j'ai fait. Et au troisième set, il a ajouté qu’il fallait que j'utilise plus les amorties, ce que j'ai fait». La victoire fut alors limpide, en trois sets secs. Dans les pires moments, Federer sait aussi qu’il peut compter sur son coach. Depuis deux ans, le Bâlois est tancé par la presse helvétique pour son absence régulière en Coupe Davis et donc dans le groupe de Lüthi. Ce dernier est toujours venu à sa rescousse, notamment lorsque le champion a été soupçonné de blessure imaginaire pour ne pas représenter son pays en 2008 : «Roger ne mentirait jamais, il a connu un nombre incroyable de succès en Grand Chelem et il n'y avait pas de place pour tout dans son calendrier. Cette année-là, il y tenait vraiment. Il se disait qu'avec le niveau qu'avait atteint Wawrinka dernièrement il y a la possibilité de faire quelque chose», avoue-t-il. Lüthi, un vrai pare-feu on vous dit.