Loin des objectifs de jeu et de résultats, l’équipe de France de Jacques Brunel a l’occasion de faire table rase. Une victoire face à l’Angleterre permettrait de sauver un Tournoi décevant. Encore faut-il gagner…
Il suffirait presque d’un succès pour tout oublier. Tirer un trait sur un an de disette, de pauvreté dans le jeu, de chamboulements dans le staff, dans les hommes… On y inclurait même les écarts de conduite et les affaires. Vous n’y croyez pas ? Pourtant. Une belle soirée ce samedi 10 mars au Stade de France réduirait les échos médiatiques de la nuit d’Édimbourg et sauverait quand même un peu l’image du président Bernard Laporte. Elle crédibiliserait presque tous ses choix, même les plus discutables. Sûrs que certains médias l’écriront ainsi. Mais pas tous. « Personne n’est dupe, précise l’ancien trois-quarts international Pierre Bondouy. Ce match, si on le gagne, ne suffira pas à effacer le contenu de la dernière année. Il faudra de la continuité dans les résultats pour enrayer cette pente négative ».
L'Angleterre, le rival idéal
Pour les Bleus, battre les Anglais est une jouissance ultime, quelque soit l'époque. Le Crunch symbolise une rivalité vieille de plusieurs siècles. « Ce ne sont pas seulement deux équipes ou deux pays, mais bien deux modes de vie qui s'opposent, rappelle le pilier des Bleus Rabah Slimani. Lors des France-Angleterre, ce sont deux mondes qui s'affrontent ». Le choc du moment se compare ainsi aisément au Classique du football OM-PSG… Dans cette métaphore, le XV de la Rose joue le rôle du club parisien. Plus constant dans le jeu, possédant les meilleures individualités, prétendant au sommet, et rarement pris à défaut. L'exploit, lui, appartient aux Marseillais, donc aux Bleus. Car même si les Anglais ont chuté en Écosse, les statistiques plaident en leur faveur. « Aujourd'hui, le French-Flair, ce sont les Anglais qui l'ont », explique Pierre Bondouy. Pour l'ancien joueur du Stade Toulousain qui a participé au Grand Chelem des Bleus en 1997, l'équipe de France a perdu son style. « Le jeu des Bleus manque de spontanéité et d'imprévisibilité, analyse-t-il. Il y a des coups bons à jouer mais le système de jeu annihile la créativité. Les Anglais créent beaucoup plus, ils sèment le trouble ». « Les Anglais sont très efficaces, ils profiteront de chaque ballon perdu, chaque turnover, annonce de son côté Rabah Slimani. Il ne faudra donc pas leur laisser la moindre miette. On n'aura pas le droit à l'erreur. Il va falloir s'adapter à leur jeu. Il est bien plus physique, plus rapide et nous sommes tous conscients que ça va être un tout autre niveau ».
Sursaut de fierté ?
Les Bleus peuvent-ils le faire ? Sur la forme du moment, non ! Les Anglais sont plus forts, homogènes, constants. Les Bleus sont irréguliers, fébriles, en quête de repères. Mais parfois tout est à faire de motivation. Après avoir dompté l’Italie, le XV de France s’est libéré d’un poids. Le goût de la victoire est revenu. La cuillère de bois est oubliée. « Malgré tout, on n’est pas si loin, confie Pierre Bondouy. Contre l’Irlande, sans la pénalité de Sexton, on peut gagner. En Écosse, sur le contenu de la première période, on peut gagner… » Confirmation que dans le très haut-niveau, ça se joue parfois à rien. « Il faudra un sursaut de fierté, espère l’ancien toulousain. Faire LE gros match ! » Et enfin avoir un match référence. Enfin une image positive du rugby français. Enfin sortir du côté obscur. Programme de la 4e journée du Tournoi des 6 Nations Sam 10.03 – 15h15 – Irlande-Écosse Sam 10.03 – 17h45 – France-Angleterre Dim 11.03 – 16h00 – Galles-Italie Classement 1 – Irlande, 14 pts 2 – Angleterre, 9 pts 3 – Écosse, 8 pts 4 – Galles, 6 pts 5 – France, 6 pts 6 – Italie, 0 pt