Rugby - XV de France : Lourdement critiqué, il règle ses comptes
Axel Cornic

Vainqueur du premier Bouclier de Brennus de l’histoire de Montpellier cette saison (10-29 contre le Castres Olympique), Philippe Saint-André ne semble pas avoir fini de savourer. Il faut dire que l’ancien sélectionneur du XV de France a été très critiqué ces dernières années et certains semblaient persuadés qu’il était fini pour le plus haut niveau.

Ce n’était pas vraiment l’affiche rêvée. Alors que l’on voyait plutôt le Stade Toulousain, le Racing 92 ou encore l’Union Bordeaux-Bègles et La Rochelle se disputer le Bouclier de Brennus, la logique sportive a été respectée. Affichant le meilleur bilan sur toute la longueur de la saison, le Castres Olympique et Montpellier ont terminé aux deux premières places du Top 14 et après avoir écarté leurs adversaires respectifs en demi-finale, ils se sont retrouvés au Stade de France le 24 juin dernier.

Un premier Bouclier de Brennus pour Montpellier... et pour Saint-André

La balance penchait clairement pour les Tarnais avant la rencontre, puisqu’ils semblaient pouvoir s’appuyer sur une plus grande expérience que leurs adversaires, avec quatre finales dont deux victoires depuis 2013. Les Montpelliérains les ont pourtant surclassés avec une première mi-temps à sens unique avec trois essais et sont ainsi partis chercher le premier titre de leur histoire. Plusieurs histoires s’entrelaçaient autour de cette finale, comme la dernière de Guilhem Guirado et Fulgence Ouedraogo, mais également un premier titre de Champion de France pour Philippe Saint-André !

« J’avais demandé des garanties sur la libération de joueurs qui devaient arriver à mi-mandat. Et elles ne sont jamais venues… »

Lors d’un long entretien accordé à Midi Olympique, Philippe Saint-André a réglé quelques comptes avec ses anciens détracteurs, notamment avec ceux qui l’enterraient après son passage compliqué à la tête du XV de France. « J’avais l’habitude d’avoir du nez, de bien recruter et d’avoir des résultats. Que ce soit à Gloucester, Bourgoin, Sale ou Toulon cela avait toujours marché. En équipe de France jusqu’en novembre 2012, nous suivons à peu près notre feuille de route : on termine l’année 2012 par deux victoires probantes sur l’Australie et l’Argentine. Sauf qu’à ma signature, j’avais demandé des garanties sur la libération de joueurs qui devaient arriver à mi-mandat. Et elles ne sont jamais venues… » a confié l’ancien sélectionneur des Bleus. « J’ai essayé, avec une préparation intense, de faire récupérer à mon groupe le retard physique et dans le développement à deux mois du Mondial. En vain, ça n’a pas marché… Je ne vais pas le cacher : après un tel revers, il y a forcément une remise en question ».

« J’étais juste le naze qui venait de prendre 62 points contre les Blacks »

Philippe Saint-André s’est notamment remémoré cette déroute historique pour le XV de France en quart de finale de la Coupe du monde 2015 face aux All Blacks (62-13). « Après l’élimination face à la Nouvelle-Zélande, la souffrance est venue petit à petit. Dans l’esprit des gens, sur les réseaux sociaux, il n’était plus question de mes 69 sélections, 34 capitanats à 78 % de victoires chez les Bleus. J’étais juste le naze qui venait de prendre 62 points contre les Blacks » a poursuivi le manager de Montpellier. « Elles étaient oubliées mes cinq finales comme entraîneur avec Sale, Gloucester ou Toulon... Je peux vous dire que ça fait mal. Surtout quand tu vois tes proches souffrir. Voilà pourquoi je ne voulais pas redevenir entraîneur principal ». Reste à voir si cette victoire n’est qu’un coup d’éclat, ou si Saint-André réussira à installer durablement le MHR en tête du Top 14.

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