Rugby - XV de France : Brunel, un homme en pleine tempête
La rédaction

Dans le contexte actuel, Jacques Brunel est un sélectionneur en souffrance. Même s’il ne tangue pas, il s’use. Rien ne joue en sa faveur. Et rien n’indique que les lendemains seront meilleurs.

On rigole un peu. Mais on est surtout triste. A chaque conférence de presse du sélectionneur, on s’inquiète. Jacques Brunel a-t-il perdu la flamme ? Il a beau conserver son flegme habituel, on voit bien que les maxillaires sont plus serrées. L’homme est marqué par les évènements et le poids des défaites. Lors de sa nomination il y a 14 mois, Bernard Laporte avait évoqué les « épaules larges » de son élu. Aujourd’hui, la carrure de Jacques Brunel a pris un sacré coup de vieux. Le dos est courbé et les épaules tombantes. Le langage corporel en dit long. Pourtant, le sélectionneur n’est pas en danger. L’idée de s’en séparer n’effleure pas le président actuel de la Fédération Française de Rugby. Trop cher ! Et les liens sont trop forts pour que le contrat de confiance soit rompu. Sauf qu’au moment de dresser le catastrophique bilan du XV de France depuis l’éviction de Guy Novès, c’est Jacques Brunel qui est montré du doigt. Et son staff en second.

La fronde des Clermontois

La critique est omniprésente. En interne comme à l’étranger. « Pour moi, le plus gros problème de l’équipe de France, ce sont les entraîneurs, fustige l’ancien capitaine écossais Jason White. Honnêtement, quand je vois comment le jeu des Bleus est structuré, je me demande si Jacques Brunel est un coach de classe mondiale ». Et bim ! De même, en interne, après la débâcle à Twickenham, Morgan Parra et Camille Lopez ont pointé dans la presse la pertinence du projet de jeu, et donc le travail du staff. Une remise en cause peu appréciée en haut lieu, d’où la mise au point de Bernard Laporte aux premières heures du rassemblement à Marcoussis avant la rencontre face à l’Écosse. Les deux mutins sont coupables d’avoir supposé que le staff n’était pas à la hauteur des enjeux. Idée qui a pourtant fait son chemin jusqu’à Clermont puisque leur coéquipier anglais, Nick Abendanon, a livré son analyse dans la presse locale : « Selon moi, le problème vient du staff. Il faut le changer. Ce qu’ont montré les Français, c’était catastrophique. Ils ne pouvaient pas espérer venir gagner à Twickenham avec ce qu’ils ont proposé. Ce sont les entraîneurs qui déterminent le plan de jeu. Et si les Français ont joué comme ça, c’est que les coachs ont demandé ça ». Aïe ! Traditionnellement, au sein du XV de France, on lave son linge sale en famille. Pas de fuite. Sinon, c’est le bagne. Les deux clermontois, pourtant annoncé comme indispensables dépositaires du jeu, se sont donc retrouvés hors du groupe pour affronter le XV du Chardon. Et mission donnée à Jacques Brunel d’expliquer ceci à la presse sans trahir un certain mal-être. Raté !

Macron plaint Brunel

Une autre secousse de moindre magnitude est venue faire trembler la trembler la fausse quiétude du sélectionneur. La secousse se nomme « Fabien Galthié ». Lui n’y est pour rien. Mais le nom de l’ancien manager de Montpellier et Toulon est sorti de la bouche de Bernard Laporte comme « une solution » pour épauler le staff actuel. « Si Jacques en fait la demande, je ne suis pas contre », annonce le président. Blague ! Jacques, lui, a fait mine de ne rien savoir, ni rien entendre. « Je ne suis pas au courant, je ne lis pas la presse », a balancé le sélectionneur. Cette même presse qu’il fustigeait parce qu’il avait lu que sa compo avant le Pays de Galles avait fuité. C’est risible. Même le président de la République en personne souffre de la position actuelle du sélectionneur du XV de France. Interpellé avec humour par le président du conseil départemental de l’Ariège, « Que pouvez-vous faire pour le XV de France ' », Emmanuel Macron a répondu sur le ton de la boutade : « Je ne veux pas reprendre le XV de France. Parce que sélectionneur, c’est, je pense, pire que président ». Au regard de la position actuelle du chef de l’État, c’est dire si le métier est difficile. Heureusement pour Jacques, son staff reste soudé derrière lui. « Quand j’entends des critiques sur Jacques, je le prends pour moi, confie le coach des trois-quarts Jean-Baptiste Elissalde. Mais j’aime bien quand ça cogne comme ça. Allez-y, tapez fort, ça endurcie. Je suis persuadé que tout ce qu’on mange depuis quelques mois, quelques années, on va s’en servir pour sortir cette boule de feu qui grandit en nous ». Du feu ? Génial ! Vivement que ça sorte ! Romain Amalric

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