Missoup : « Je veux rétablir la vérité »
La rédaction

Olivier Missoup vient d'être condamné à 3 mois d'interdiction de stade. Le troisième ligne, muet depuis le début de l'affaire, a accepté de s'exprimer. Il donne sa version des faits et crie au scandale.

Olivier, quelle a été votre première réaction suite à la décision du juge de vous condamner à 3 mois d'interdiction de stade ?

Je me suis dit : « Ce n'est pas possible ». Depuis le début de l'histoire, j'ai toujours été sincère. J'ai toujours dit la vérité.

Et c'est quoi la vérité justement ?

La vérité, c'est qu'il y a eu une altercation à la fin de la réception. Mais ce n'était pas prémédité. La preuve, je suis arrivé à la réception avec ma casquette, mes lunettes de vue et mon sac. Je n'avais donc aucune rancune envers lui. Je suis sorti du vestiaire le dernier et je me suis dirigé vers la réception. J'y suis resté entre 30 et 40 minutes. Il était là également. Il est passé à côté de moi, mais nous ne nous sommes pas parlés, ni regardés. Il s'est assis à trois mètres de moi. C'est lorsque je me suis dirigé vers la sortie pour rejoindre le bus de mon équipe que je lui ai parlé. Je lui ai lancé : « Tu t'es laissé pousser une paire de couilles. » C'était maladroit, mais pas méchant de ma part.
Je le connais, on a passé un an au Stade Français ensemble et nous avions de bons rapports. Il n'y avait aucune agressivité dans mes propos. J'étais tranquille. Mathieu Bastareaud, qui était à côté, en a même rigolé et a poursuivi sa discussion avec Steffon Armitage, comme il l'a précisé à la police. Il m'a répondu « Casse-toi, t'es qu'une merde ! T'as douze ans. » Puis quand j'ai posé ma main dans son dos pour passer, il m'a mis un coup de coude. Et c'est là que j'ai répliqué avec un coup de poing. Et en aucun cas je ne lui ai donné de coup de pied quand il était au sol. Je l'ai juste poussé avec mes pieds. La bagarre n'a duré que 15 secondes. Et plusieurs membres du staff de Montpellier, dont Fabien Galthié, sont venus demander ce qui c'était passé. C'est bien la preuve qu'ils n'avaient rien vu. Et pourtant Fabien Galthié m'a tout de suite dit : « On va porter plainte, ça va aller loin ». J'ai simplement répondu à son coup.

Le problème, c'est que Mathieu Bastareaud n'aurait pas confirmé votre version durant son interrogatoire devant la brigade criminelle...

C'est faux. Mathieu n'a rien vu, donc il n'a pas confirmé ma version. Il a simplement dit que je n'étais pas agressif. Du côté de Rémy Martin, ils en déduisent que Mathieu a confirmé leur version. Ce qui est faux. Mais du côté de Rémy Martin, ils ne parlent que de ce qu'ils veulent. Ils disent que j'ai déjà été condamné pour violence alors qu'il s'agissait d'une bagarre générale en fin de match et que d'autres joueurs ont également été sanctionnés et plus lourdement que moi. C'est comme quand Rémy Martin dit qu'il n'a jamais vu ça en rugby. Mais il oublie de préciser que quelques années plus tôt, il a tapé un joueur de Béziers par derrière ou qu'il a demandé à un joueur toulousain de poser son enfant qu'il portait dans ses bras pour se battre à la fin d'une rencontre.
Et les mecs en questions n'ont pas porté plainte. C'est comme les témoins qui ont été convoqués par Rémy Martin alors qu'ils n'ont rien vu. Et aucun des témoins n'a sorti la même version. Idem pour Rémy Martin, il a sorti plusieurs versions. Comme le fait qu'il était attablé avec sa famille. C'est faux, il était debout. D'ailleurs, au tribunal, il a reconnu qu'il m'avait peut-être poussé avec le coude. Et quand mon avocat lui a demandé pourquoi il ne l'avait jamais dit, il a répondu qu'il pensait que ce n'était pas important... En revanche, j'ai apporté dix attestations différentes de joueurs et membres du staff, qui ne pouvaient pas se déplacer car il y avait entraînement, mais qui donnent la même version des faits. Quatre d'entre elles confirment que je n'étais pas agressif.
Elles n'ont pas été prises en compte par le tribunal. Ce n'est pas normal. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'être une victime. Tout a été bien organisé. Le procureur vient au match de Montpellier et supporte le MHR. Au final, c'est lui qui a récupéré l'affaire. C'est trop facile. C'est grave même. Rémy Martin est un menteur. Il ne dit pas la vérité et il n'est pas le seul. D'ailleurs, je tiens à préciser qu'il n'a pas eu 10 mais 4 points de sutures et qu'il n'a eu aucun jour d'interruption temporaire de travail. Comme son histoire de dentier qu'il devait changer alors qu'il a reconnu au tribunal qu'il était déjà cassé.

"Je ne peux pas accepter cette sanction" 

Qu'allez-vous faire ?

Je vais faire appel. Moi, depuis le début de l'affaire, je suis resté muet. Eux, ils n'ont pas arrêté de parler dans la presse. Ils ont tout fait pour me faire passer pour un voyou. L'affaire a été traitée comme une affaire de meurtre alors que j'ai simplement répondu à une première agression physique. Je le répète, il n'y a pas eu d'agression de ma part, juste une réaction. Si je parle aujourd'hui, c'est pour casser cette image et rétablir une certaine vérité. Aucun de ses témoins n'a donné la même version. On n'a jamais condamné quelqu'un avec un dossier comme ça. Il y a trop de zones d'ombre, que ce soit pour le grand public ou pour le juge.
Je ne peux pas accepter cette sanction. Sinon ça voudrait dire que je confirme sa version et que je suis coupable. Je suis un mec droit qui a toujours donné le maximum sur un terrain. Je ne suis pas quelqu'un de violent. C'est comme sur le terrain, je n'ai jamais menacé Rémy Martin de mort, je n'ai proféré aucune menace. D'ailleurs, pendant le match, il n'y a rien eu de spécial. Juste des accrochages comme on en voit tous les week-ends sur un terrain de rugby. Il me met la main sur le visage et je lui arrache son casque. Mais je n'avais aucune rancune, j'étais calme à la sortie des vestiaires. Mais pour des non-initiés au rugby, ça peut être mal interprété. D'ailleurs, la police criminelle m'a bien fait comprendre qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle avait été saisie de cette affaire. Mais tout s'est bien passé avec eux.

On vous sent très remonté...

C'est normal. Je dis la vérité, mais ça n'est pas pris en compte par le tribunal. Dans n'importe quel jugement, il y a des témoins pour la défense. Là non. Ils ont convoqué les témoins qu'ils voulaient et ne se sont pas servis de mes attestations signées sur l'honneur par dix personnes. Ce n'est pas rien. Et comment peut-on prétendre que j'ai prémédité mon geste alors que ma femme était enceinte de neuf mois (elle a accouché depuis) et que le matin du match, elle enterrait un membre de sa famille ? J'ai prouvé tout ça aussi. Je n'avais pas que ça à faire. J'ai juste réagi à un coup par un coup. C'est comme l'histoire des propos racistes, j'ai tout de suite dit que c'était faux. Ça ne venait pas de moi. Mais ça aussi, ils s'en sont servis pour dire que j'avais changé ma version.
On veut me faire passer pour un voyou. Car cette sanction est réservée aux hooligans. D'ailleurs, si ma sanction est confirmée, ça pourrait créer un précédent. C'est-à-dire que tout geste effectué à l'encontre des règles du rugby dans un stade pourrait entraîner une plainte. C'est n'importe quoi ! Mais je ne vais pas lâcher. Je tenais d'ailleurs à remercier mon président, les membres du staff, mes coéquipiers, mais également les clubs dans lesquels je suis passé (Racing, Aurillac, Oyonnax), les supporters et tous les joueurs du Top 14, dont certains montpelliérains que je ne citerai pas pour leur éviter d'être sanctionné, pour les messages de soutien et d'encouragements. Ils savent que sur le terrain, je donne tout et qu'en dehors, j'ai toujours eu de bons rapports avec tout le monde.