Rugby : Urios, Ntamack, XV de France... Matthieu Jalibert règle ses comptes
Axel Cornic

Matthieu Jalibert s’est longuement confié dans un entretien publié par Midi Olympique ce lundi. L’ouvreur de 23 ans y a abordé les principaux sujets qui ont émaillé sa dernière saison, de sa prise de bec avec Christophe Urios à l’UBB, jusqu’à la concurrence avec Romain Ntamack et son avenir au sein du XV de France.

Pendant des années et plus précisément depuis cette finale de Coupe du monde perdue sur le fil en 2011, le rugby français a mangé son pain noir. Mais c’est désormais fini ! Certes, le XV de France n’est pas resté longtemps à la première place du ranking World Rugby cet été, mais le changement est incroyable. A un an de la Coupe du monde, qui se tiendra sur le sol français, les hommes de Fabien Galthié s’avancent comme des grands favoris au même niveau si ce n’est plus que les Champions en titre sud-africains ou encore l’Irlande, l’autre grande nation de l’hémisphère nord. Les prochains mois promettent toutefois des gros maux de têtes au sélectionneur, qui devra trancher dans un effectif extrêmement fourni à tous les postes, pour décider qui ira au Mondial défendre les couleurs françaises.

« Romain a sans doute marqué des points durant le Tournoi des 6 Nations, mais... »

C’est surtout le cas au poste d’ouvreur, qui a souvent été un gros problème pour le XV de France et qui peut désormais compter sur deux immenses talents avec Romain Ntamack et Matthieu Jalibert. Ce dernier semble pour le moment partir avec une longueur de retard sur son homologue du Stade Toulousain, même s’il a été titulaire lors de la tournée estivale au Japon après avoir raté le dernier Tournoi des 6 Nations. « Les absents ont toujours tort. Romain a fait de bons matchs durant le Tournoi des 6 Nations, il a pu marquer des points dans l’esprit du sélectionneur. Je me devais au Japon d’être le meilleur possible. J’ai tout donné pour prouver au staff qu’il pouvait compter sur moi » a déclaré l’ouvreur de l’UBB. « Je n’aime pas parler de hiérarchie. Après, je ne me voile pas la face : Romain a sans doute marqué des points durant le Tournoi des 6 Nations. Mais, peu importe. Dans ma tête, tout est clair. Quand je suis appelé en équipe de France, qu’importent les joueurs avec qui je suis en concurrence, c’est pour essayer d’être le meilleur possible et de tout donner pour l’équipe ».

« La concurrence, ça me plait, ça m’excite »

Une situation assez particulière, sachant que son coéquipier de la charnière bordelaise Maxime Lucu est également en concurrence avec une star du Stade Toulousain, qui n’est autre que le capitaine d’Antoine Dupont. A la seule différence que lui, a peut-être accepté ce rôle de remplaçant... un exemple pour Matthieu Jalibert ? « Je ne sais pas si Max est dans cet état d’esprit. Pour ce qui est de mon cas personnel, je veux simplement donner le meilleur de moi-même, sans trop me poser de questions. Cette interrogation sur la hiérarchie au poste d’ouvreur, je ne suis pas du genre à renoncer. Je vais travailler dur pour faire les meilleurs matchs possibles avec mon club et répondre présent si je suis appelé en équipe de France. Cet état d’esprit, il m’anime depuis mon plus jeune âge. Et je vais vous faire une confidence : la concurrence, ça me plait, ça m’excite. C’est probablement ce qui me rend meilleur » a expliqué le numéro 10 de l’Union Bordeaux-Bègles. « Je pars du principe que c’est déjà une grande chance d’être retenu dans le groupe de l’équipe de France. Nombreux sont les joueurs qui rêvent d’être à notre place, il faut en avoir conscience. Pour être clair et clore le sujet : quand je suis retenu dans le groupe France, je suis très heureux. Après, je fais tout pour gagner ma place dans le XV de départ. Si j’y suis tant mieux, sinon je m’adapte. Le but, c’est quand même d’avoir le meilleur ouvreur possible sur le terrain. Et s’il faut être remplaçant pour aider l’équipe en fin de match, ça ne me pose pas de souci. Il n’y a aucune ambiguïté possible ».

« Urios ? J’ai été vexé par ses déclarations, je lui ai dit »

Dans cet entretien, il est également revenu sur l’énorme clash avec Christophe Urios, son manager à l’Union Bordeaux-Bègles. Pour rappel, au tout début des phases finales du Top 14 Matthieu Jalibert comme Cameron Woki avaient publiquement été critiqués par leur coach et si cela a marché contre le Racing 92 (36-16), le contrecoup est arrivé face à Montpellier en demi-finale (19-10). « Je suis de ceux qui pensent que le linge sale se lave en famille. Très sincèrement, j’ai détesté cette période. Pour moi, cibler des joueurs dans la presse après une rencontre, ce n’est pas la meilleure façon de faire. Nous en avons parlé avec Christophe, c’est ce que nous lui avons reproché. Fin de l’histoire. En dehors de cet épisode, je n’ai pas de problèmes avec Christophe » a poursuivi Matthieu Jalibert. « Par le passé, il m’a parfois pris dans son bureau pour me reprocher certains comportements, certaines contre-performances. A juste titre. Mais ça restait dans l’intimité. Or là, il nous reprochait dans la presse de manquer d’ambitions. Ça a été dur à accepter. D’autant plus que les médias en ont fait une affaire d’Etat et tout le monde ne parlait que de ça. Franchement, c’était pénible à vivre. Pour moi, l’affaire est close. J’ai été vexé par ses déclarations, je lui ai dit. Nous nous sommes expliqués. Evidemment, ça a créé quelques frictions. Mais je suis sûr qu’avec le temps, tout va rentrer dans l’ordre ».