Irlande - France, les raisons de la défaite (2/3) : Le pied irlandais
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Face à l’Irlande, les Bleus ont rivalisé, tenu, et tenté. Mais ils ont commis trop d’erreurs pour espérer renverser cet incroyable XV du Trèfle et préserver leur invincibilité. Plus long et plus précis, les Irlandais ont dominé le jeu au pied.

L’Irlande est donc la meilleure nation mondiale. Et incontestablement la grande spécialiste du jeu au pied. Et finalement pas qu’avec Jonathan Sexton. L’ouvreur et maître à jouer irlandais a dû quitter les siens à la 49ème minute de jeu, blessé à la cuisse. La suite du Tournoi semble compromise pour lui. Mais sa sortie prématurée n’a en rien affecté la précision chirurgicale des coups de pied irlandais. Les chandelles de Murray, Casey ou Keenan, et les touches trouvées par Lowe ou Hansen ont démontré, s’il le fallait, que les Irlandais maitrisaient à la perfection cette arme de précision. Et avec quelques rebonds favorables qui ont parfois le don d’irriter même le plus calme des supporters français.

Précis et malin

Dans le ping-pong classique auxquels les acteurs se sont quelques fois adonné samedi après-midi, rarement les Bleus sont repartis gagnants ou avec une touche avantageuse. D’abord parce que les Irlandais ont bataillé dans les airs pour gêner les Français. Parfois avec un peu de roublardise comme ce fut le cas de Connor Murray à la lutte avec Ethan Dumortier. L’Irlandais sautant en travers, le corps tourné vers le joueur Bleu pour provoquer une faute évidente, et difficilement évitable pour le jeune ailier lyonnais.

La sortie de Ramos, comme un symbole

Symbole de ce délicat rapport de force pédieux (relatif au pied), la sortie de Thomas Ramos à la 62e minute de jeu. Non pas que l’arrière toulousain n’était pas à la hauteur des débats. Mais à la fatigue d’un match intense et d’une immense zone à couvrir sous les missiles irlandais, s’ajoutait le constat que Thomas Ramos n’avait pas assez de longueur pour rivaliser. « On avait besoin de longueur de jeu au pied et de fraîcheur, a justifié Fabien Galthié à l’issue du match. Thomas avait beaucoup couru, s’était beaucoup dépensé, avait beaucoup combattu... » Rappelons que la titularisation de Thomas Ramos était une décision tactique du staff qui voyait en lui son aptitude à la relance et à l’ouverture du jeu, en comparaison à Melvyn Jaminet qui possède pourtant un coup de tatane plus important. Matthieu Jalibert, seul trois-quart sur le banc, s’est donc retrouvé en 15 pour les 20 dernières minutes du match. Malheureusement, c’est lui qui loupe le plaquage sur Ringrose sur le dernier essai irlandais. La défense, un secteur moins préférentiel chez Jalibert. Là où justement Ramos était jusque-là impérial.

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