Les Anglais, mauvais, mais bronzés !
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

A la veille de la finale tant attendue entre la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud, l’Angleterre est allée cueillir la troisième place de la Coupe du monde au nez et à la barbe des Argentins (26-23) grâce à une entame de match réussie. Et c’est tout. Sans briller, les Anglais repartent avec la médaille de bronze.  

Comme dans les Malouines au début des années 80, la victoire est anglaise. Non sans la résistance farouche de l’Argentine, fidèle à sa réputation dans le cœur et dans le combat. Mais l’indiscipline est aussi le défaut des Pumas. Et dans ce sport qui se joue souvent sur quelques détails et beaucoup de coups de pieds, les pénalités d’Owen Farrell, impérial sous les sifflets, ont fait mouche à chaque fois. Notons que l’ouvreur des Saracens, mal-aimé jusque dans son pays, terminera surement avec le titre de meilleur réalisateur de la compétition.
Face à la fougue latine, plus obsessionnelle qu’inspirée, les Anglais ont donc répondu par leur pragmatisme, et cela s’est avéré suffisant. D’autant que les Pumas ont donné de quoi se faire punir. Les Anglais ont surtout parfaitement débuté la rencontre, confisquant le ballon et inscrivant le premier essai grâce au troisième-ligne Ben Earl par une belle action dans le côté fermé. La suite fut plus équilibrée, et la deuxième période plutôt argentine, mais l’essai casquette offert à Theo Dan a remis rapidement les hommes de Steve Borthwick sur pied au moment même où le XV de la Rose aurait pu sombrer. Le fautif se nomme Santiago Carreras, celui-là même qui venait de donner l’avantage aux Pumas en conclusion d’un exploit personnel. Les Argentins auraient quand même pu revenir à hauteur en fin de match, mais Nicolas Sanchez a loupé la dernière pénalité de sa carrière internationale. Les Anglais s’en sortent bien. Chanceux jusqu’au bout.

Une médaille de bronze que d'autres n'ont pas

Peu d’observateurs viendront contredire le constat que cette Coupe du monde aura vu naviguer dans ses eaux l’une des équipes anglaises les plus moches de l’histoire. Mais cette même histoire retiendra aussi que XV de la Rose va reprendre l’Eurostar avec la médaille de bronze autour du cou. Breloque que n’ont ni les Français ni les Irlandais, pourtant bien supérieur, bien plus que sur le papier. C’est ainsi. Devant les 77 674 spectateurs du Stade de France, les deux équipes n’auront finalement donné qu’un tout petit avant-goût de ce qui attend le public du Stade de France demain. A moins d’une pluie terrible – c’est possible – le spectacle de la finale Nouvelle-Zélande - Afrique du Sud sera bien supérieur, en tout point, à celui de la petite finale. C’est dans l’ordre des choses. Au moins pour ça. Vivement demain.

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