France - Afrique du Sud : La journée du seizième homme vers le Stade de France
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Depuis ce matin les supporters du XV de France convergent vers le Stade de France pour soutenir les Bleus. Déguisés, coiffés ou colorés, ils seront au rendez-vous pour jouer le seizième homme. Le petit plus qui fera peut-être gagner les Bleus.

8h00 ce matin, en gare de Matabiau à Toulouse. La plupart des passagers du train de 8h28 ont leurs billets aussi pour le Stade de France. Les maillots bleus et les bérets vissés sur la tête ne trompent pas. Les puristes reconnaissent même, discrètement, la famille d’Anthony Jelonch qui monte à bord en gare d’Agen. Le fiston est titulaire ce soir avec le numéro 6. Et d’autres rames, tout aussi pleines, se rajoutent à Bordeaux, avec tout autant d’afficionados de l’ovalie et du XV de France, maillot bleu sur le dos, et peinture bleu-blanc-rouge sur les joues. Direction la capitale, comme des milliers du supporters, depuis d'autres trains, d’autres régions, d’autres gares. C’est comme un pèlerinage qui se répète chaque week-end. Le même qu’à Lille, Marseille ou Lyon pour les rencontres de poule. Le même que pour le match d’ouverture à Saint-Denis face aux All Blacks. Le même que pour tous les matches de préparation ou pour le Tournoi. Là où sont les Bleus, le peuple suit, en masse.

Des milliers de coqs, Obélix et Davy Crockett

Arrivée à Montparnasse, la voix d’Antoine Dupont résonne dans les enceintes de la SNCF et rappelle si besoin que la Coupe du monde se joue en France. La marée de bleu inonde alors la fourmilière de la capitale. Paris est si grand, les trajectoires divergent pour mieux se retrouver plus tard sur le parvis du Stade de France. Dans les rues, le Bleu se mélange alors à quelques verts, autour d’un verre, sur les terrasses. Malgré la baisse de température, c’est encore l’été dans les têtes. Le soleil s’infiltre entre les immeubles. Dans les rues, il y des Sud-Africains, antilope sur le poitrail. D’autres sont Irlandais et épongent leur tristesse de l’élimination de la veille. Pour ce soir, ils n'ont pas encore fait leur choix. Des écharpes noires All Blacks circulent aussi rue Montorgueil avec le sourire des gens heureux. Des Écossais passent, sans le kilt. Pour certains, l’affiche du soir n’est pas la bonne, mais ils iront quand même au stade. Plus tard dans l’après-midi, sur le quai de la ligne 13, la foule est plus dense. Une demi-douzaine d’Obélix attende le métro. Il y a aussi des coqs, des super-héros, des arbres, des insectes, des crètes d’iroquois, des perruques de Davy Crockett, des toques de cuisiniers… Les supporters ne manquent jamais d’imagination pour détourner le dress code.

Des centaines de « Marseillaise » en une seule journée

Arrivés devant la soucoupe du Stade de France, il y a toujours un moment d’émerveillement. Surtout pour les novices de l’enceinte Dyonésienne. Sur le parvis, après un premier sas de palpation, l’ambiance monte vite. Dans la rame du métro déjà, malgré la promiscuité inquiétante, quelques âmes ont chanté à tue-tête une première « Marseillaise », et un « Allez les Bleus ». Il y en aura des centaines d’autres d’ici la fin de la soirée. Les cordes vocales ont leur match à jouer. Car le bruit assourdissant du public français est une arme que redoute les Boks. Ils craignent cette atmosphère dans laquelle la communication ne passe pas. L’expérience de Marseille l’an passé, ou de la rencontre contre l’Irlande il y a un mois a laissé des traces. Désormais, les Sud-Afs s’entraînent avec des baffles et des chants de supporters pour apprendre à performer dans cette ambiance. Nous verrons ce soir comment ils réagissent à la pression du peuple. L’équipe du seizième homme est désormais dans les gradins du stade. La musique est à fond pour chauffer les corps. L’heure du match approche. C’est le moment de se prendre par l’épaule et de vibrer ensemble pour l’entrer des joueurs. Il y aura du stress et des frissons. Et le soutien de tout un stade pour cet XV de France. Il y aura des moments de joies intenses. Et peut-être le sentiment d’avoir servi la cause, au moment de se dire à la semaine prochaine… Espérons !

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