Surf : «Rookie of the year, c’est l’objectif», le Français Marco Mignot s’apprête à intégrer le Championship Tour
Kevin Laborde -
Rédacteur en chef adjoint
Diplômé à Bordeaux, titulaire de la carte de presse depuis 2009. Des débuts chez Sport24, puis L'Équipe, avant de rejoindre Le 10 Sport. Spécialiste foot, avec un profil orienté mercato, je suis également passionné par la NBA, LA Ligue, qui a tout compris. Incapable de rester insensible devant une étape du Tour de France.

Le Français Marco Mignot, 24 ans, va découvrir l’élite du surf mondial en 2025. Celui qui a composté son billet pour le Championship Tour de la World Surf League en octobre dernier s’est confié au 10 Sport alors qu’il peaufine actuellement sa préparation.

Dès janvier, le Championship Tour de la WSL, le plus haut niveau du surf mondial, reprendra ses droits. D’Hawaï à Fidji – lieu des finales en 2025 – en passant par l’Australie, la Californie ou encore la vague artificielle d’Abu Dhabi, les meilleurs surfeurs et surfeuses de la planète vont s’affronter au cours de 12 étapes. Et Johanne Defay, médaillée de bronze aux Jeux olympiques de Paris l’été dernier, ne sera plus la seule représentante tricolore sur le CT. Vahine Fierro chez les filles et Marco Mignot chez les garçons vont en effet la rejoindre et intégrer l’élite en 2025.

Début d’année difficile

C’est à Saquarema, lors du dernier Challenger Series de l’année 2024, que Marco Mignot a validé son billet pour le CT, et de la plus belle des manières : en remportant la victoire finale. Un véritable rebond après une première moitié d’année difficile. « J’avais beaucoup d’attentes pour 2024 et la première partie de l’année a vraiment été compliquée. Je voulais faire les JO et j’ai raté ma place d’un rien. Ensuite, je me suis concentré sur les CS pour me qualifier sur le CT, mais j’ai complètement raté les trois premières étapes… C’est dur à vivre, tu t’entraînes très dur pour atteindre un but et tu ne vois pas le résultat », raconte le natif de Nouméa, tout juste 24 ans.

Relance en Californie pendant l’été

Privé de JO, pendant lesquels son ami Kauli Vaast a remporté la médaille d’Or à Teahupo'o, c’est pourtant pendant l’été que Mignot a construit son accession pour le CT. À Huntington Beach, en Californie, lors de la 4e étape en août. Mignot atteint la finale, remonte au classement général, et se relance dans la course à la qualification : « J’étais en free surf avec un pote avant l’US Open, et il m’a dit : ‘Ce serait cool un quart de finale, non ?’ Mais je lui ai répondu : ‘Non, il me faut au moins une finale.’ Et c’est fou, car j’ai fait finale. Ça m’a donné énormément de confiance. »

Victoire au Brésil

« Bon après le souci c’est que je suis repassé à côté au Portugal lors de la 5e étape », reprend Mignot. « Et là pour la deuxième année de suite je me retrouve dans la même situation, à tout jouer sur la dernière étape au Brésil. » Un an plus tôt, c’est en effet sur cette même vague de Saquarema qu’il avait loupé de peu, l’accession à l’élite mondiale du surf. « Au Portugal j’y suis allé avec l’envie de valider ma qualification et ça n’a pas marché. Au Brésil, je me suis détaché, j’ai juste profité de l’instant. J’avais mon père avec moi il m’a énormément aidé à évacuer tout ce stress. Ça m’a énormément aidé. »

« Je veux être un jour champion du monde et je le serai »

Marco Mignot qui a surfé ses premières vagues à l’âge de 5 ans à Sayulita au Mexique où sa famille est installée va donc réaliser un rêve d’enfant dans quelques semaines. Mais il ne compte pas s’arrêter-là. S’il est évidemment pressé d’aller surfer en compétition à Pipeline, qu’il espère que la légende mondiale Kelly Slater (officiellement retraitée depuis l’an dernier) aura quelques wildcards pour pouvoir le rencontrer lors d’une série cette année, il ne vient pas en touriste sur le CT. « Je ne me dis pas que je dois faire Top 5 dès cette année, je ne mets pas une telle pression. Mais c’est un nouveau chapitre et une nouvelle histoire et cette année elle doit me servir pour apprendre, progresser et travailler encore plus dur. Je veux être rookie de l’année. » L’objectif à court terme est posé. Celui à long terme également : « Je veux être un jour champion du monde et je le serai. »

Entraînement intensif en décembre

Pour cela, après avoir savouré suite à sa victoire à Saquarema en octobre, l’entraînement a repris ses droits. « Depuis le début du mois de décembre, l’entraînement a vraiment repris. Même si c’est les fêtes et que je suis avec ma famille au Mexique, c’est intensif. On met l’accent sur le physique, le mental, je dois aussi prendre deux kilos, car les vagues seront plus puissantes sur le CT par rapport au CS. Il faut faire ce travail maintenant, car après quand la saison reprend on ne peut plus vraiment faire tout ça », nous explique celui qui sera « forcément fier » d’être le neuvième représentant français de l’histoire du Championship Tour.

Être un exemple pour les Français

« J’espère être un modèle. Depuis Jérémy Florès il y a eu Maxime (Huscenot, ndlr) pendant une année et maintenant moi. J’espère vraiment apporter une énergie, une confiance pour les Français. Leur dire que c’est possible, qu’on fait partie de ce tour. J’en suis convaincu il y aura de plus en plus de français et même d’européens sur le CT dans le futur », lâche Marco Mignot, né d’un père français et d’une mère espagnole lors d’un tour du monde en voilier, qui a notamment vécu en Australie, en Californie et au Portugal avant que sa famille s’installe au Mexique, mais qui a toujours gardé un lien fort avec la France : « Hossegor dans les Landes, c’est l’endroit où je me pose le plus en fait, deux à trois mois par an. Sur les dernières années plus qu’au Mexique où est ma famille. Le reste du temps, c’est des voyages pour les compétitions. »

Première étape à Pipeline

Dans quelques semaines, c’est donc à Pipeline à Hawaï que Marco Mignot lancera sa carrière sur le CT. Une vague mythique et tubulaire. Un type de vagues que les surfeurs n’ont pas l’habitude de rider en compétition sur le Challenger Serie. Mais là encore Mignot promet : « Les gens ne le savent pas forcément et ne m’ont jamais vu en compétition sur ce type de vague, mais depuis que j’ai 12 ans je vais à Hawaï. Je surf Pipeline depuis que j’ai 13 ans par exemple. Je la connais cette vague. Je n’ai jamais fait de compétition où il y avait des tubes, mais j’en surfe régulièrement en free surf depuis que je suis jeune. J’ai confiance en moi, je me sens déjà prêt ».

*Vahine Fierro a déjà bénéficié de cinq wildcards dans le passé et avait même remporté l’étape mythique de Tahiti en 2024.

Marco Mignot avait, lui, bénéficié de deux invitations en 2019 en France et en 2024 au Portugal.

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