JO RIO 2016 - Athlétisme - Valentin Lavillenie : «J’ai trouvé le bon entraîneur»
Alexis Bernard -
Rédacteur en chef
Footballeur presque raté, j’ai choisi le journalisme car c’est l’unique profession qui permet de critiquer ceux qui ont réussi. Après avoir réalisé mon rêve de disputer la Coupe du Monde 2010 (en tribune de presse), je vis de ma passion avec le mercato et les grands événements sportifs comme deuxième famille.

Valentin Lavillenie déborde d’ambition à l’orée de cette année 2016. C’est avec son sourire et sa bonne humeur naturelle que le perchiste du Team Caisse d’Epargne espère s’élever au plus haut des cieux… olympiques !

Lorsqu’on voit le Team Caisse d’Epargne ensemble, on a vraiment l’impression de découvrir une petite « famille ». Vous partagez ? Totalement ! C’est un réel plaisir de tous se revoir, à chaque fois. En tout cas pour moi (sourire) ! Chaque fois que la Caisse d’Epargne nous réunit, c’est un moment important. Le groupe est… évident. Les affinités se sont créées rapidement, l’esprit d’équipe aussi. En cette période de préparation olympique, tout le monde est un peu « centrée » sur ses objectifs perso. Donc ça fait du bien de retrouver des gens qui ont les mêmes problématiques que nous, un objectif commun. C’est sans doute ça qui nous rapproche. La diversité de vos univers permet aussi de susciter la curiosité voire l’admiration. Il y a un athlète sur lequel vous avez « accroché » particulièrement ? J’aimais beaucoup Simon Fourcade avant de le connaître, de le rencontrer. Il y avait quelque chose qui m’attirait dans sa pratique. Et il se trouve que l’homme est également quelqu’un de fabuleux. Sinon, il y a nos handballeurs… Les mecs sont au-dessus de tout dans leur sport et ils restent d’une simplicité assez déconcertante. Dans le courant de l’année 2015, vous avez pris un nouveau virage au quotidien puisque vous avez changé d’entraîneur. Aucun regret ? Aucun, au contraire ! Je suis 100% ravi et content de l’avoir fait. Ça n’a pas bouleversé mon quotidien puisque je n’ai pas changé de lieu d’entraînement, je suis toujours au même endroit. Ce sont les méthodes et le contenu des séances qui changent. J’avais besoin et envie de ce changement. Ca fait maintenant six mois, j’ai l’impression d’avoir parcouru beaucoup de chemin depuis… Sur quel point travaillez-vous d’avantage à présent ? La technique, les courses, les sauts, le mental ? J’ai le droit de répondre « Tout » (rire) ? On travaille vraiment sur tous les points. Enormément la technique dans les courses, les sautes mais aussi l’approche mentale. J’ai trouvé le bon entraîneur, celui qui parvient à me canaliser, c’est une véritable chance. Il parvient à avoir un impact sur la boule de nerf que je suis, c’est un véritable atout.

« Avant un saut, si besoin, je lève la tête, je le cherche et dès que je le vois en tribune, c’est bon… »

Mais sur la piste, face à la barre, vous êtes seul, il n’est pas là pour vous « canaliser » ? Seul, oui et non. Car il suffit d’un regard, parfois, pour se comprendre. Le simple fait de savoir qu’il est là me rassure. Avant un saut, si besoin, je lève la tête, je le cherche et dès que je le vois en tribune, c’est bon… 2016 est une année charnière pour tous les athlètes, avec les Jeux de Rio. Celui qui brillera cet été pourra faire basculer sa carrière, c’est ce que vous vous dîtes ? C’est étrange mais je ne le ressens pas du tout comme ça. Je sais qu’il y a une attente mais je ne parviens à me dire que cette année, plus qu’une autre, sera décisive. C’est une année comme les autres. Peut-être que je me dis cela pour me rassurer, pour m’enlever de la pression, mais je le pense vraiment. Alors oui, celui qui fait quelque chose aux JO va prendre 10 fois plus de lumière et voir sa carrière prendre un autre tournant. Mais je n’ai pas le sentiment d’avoir un rendez-vous déterminant, d’avoir cette étape crucial. Je me sens encore tout jeune, tout bébé (il a 24 ans). Est-ce que ça veut dire que d’ici les Jeux, vous allez tenter des choses ? Essayer de nouvelles perches, vous tester ? Pourquoi pas, oui. On a déjà essayé des plus grosses perches, des courses avec plus d’élan. On tente de mettre de nouvelles choses en application, ce n’est pas défendu. Je sais ce qui m’attend ces prochaines semaines, le calendrier est assez clair. Avec François (Julliard, son nouvel entraîneur), on a coché 2-3 dates importantes, avec des compétitions intermédiaires. Ces rendez-vous vont nous permettre de se jauger, d’essayer, de réajuster.

« Si je commence à me dire ‘Tiens, est-ce qu’il est dopé '’, c’est fini… »

2015 a été une année difficile, et même douloureuse pour l’athlétisme. Beaucoup de révélations autour de scandales, d’affaires de dopage. Vous imaginiez une telle réalité ? Sincèrement, je ne pensais pas que se pouvait être corrompu à ce point. Je ne pouvais pas imaginer que ça pouvait prendre une telle ampleur. C’est impressionnant, mais dans le sens « monstrueux » du terme. Est-ce que cela change votre regard sur votre sport, vos rêves, votre quotidien ? Si mon regard change, si je perds la magie que ce sport me procure, je suis foutu. Si je commence à me dire « Tiens, lui, est-ce qu’il est dopé ? Et lui là-bas, tu ne penses pas que… », c’est fini. Ce n’est pas fermer les yeux, pas du tout, mais chaque athlète doit être en accord avec soi-même. Moi, je sais que je suis propre, donc je peux continuer et avancer dans ma carrière l’esprit libre. Une dernière question Valentin… Vous est-il déjà arrivé de répondre à une interview sans parler de votre frère ? (rire) Jamais. Et je vous en remercie !

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