Schumacher, Indianapolis… Le jour où la F1 s’est mis à dos les États-Unis
Arnaud De Kanel

Un an après la victoire de Max Verstappen, la Formule 1 est de retour à Austin pour le Grand Prix des Etats-Unis. Mais en 2005, la course se disputait sur le circuit d'Indianapolis. Cette année là, rien ne s'était passé comme prévu et l'on avait alors assisté à l'un des Grand Prix les plus loufoques de l'histoire. 

Aux Etats-Unis, le Nascar est la discipline automobile reine. Alors, lorsque le paddock de Formule 1 y pose ses bagages, il se doit de réserver une course spectaculaire pour convaincre les supporters américains. Or, en 2005, lorsque Michael Schumacher l'a emporté, le Grand Prix a vite tourné au fiasco.

Les prémices d'un fiasco

Lors des essais libres, Ralf Schumacher (Toyota) s'écrase dans le mur à la sortie du virage 13, resurfacé depuis l'édition 2004, avec un tarmac plus abrasif. Son pneu gauche aurait cédé. Alors, Michelin voit bien qu'il y a un problème d'adhérence à Indianapolis et décide d'affréter de nouveaux pneumatiques. Or, ils sont identiques et d'autres sorties de pistes sont prévisibles. La FIA propose que les pilotes ralentissent dans le virage 13, qu'ils changent de pneus très régulièrement en course ou qu'ils utilisent une autre spécification, avec risque de pénalité car cela est contraire au règlement. Face au danger que représente ce problème d'adhérence, Pierre Dupasquier et Nick Shorrock indiquent alors que le manufacturier ne laissera pas courir ses équipes, soit sept sur dix. Michelin propose de transformer le virage 13 en une chicane afin que le Grand Prix puisse se tenir dans les meilleurs conditions mais Jean Todt, directeur de Ferrari, refuse cette hypothèse car la Scuderia est équipée de pneus Bridgestone qui répondent bien au circuit. Max Posley, patron de la FIA de l'époque, s'y oppose également et ordonne le départ du Grand Prix

Une grille de 6 voitures

Le public américain s'attend à voir un grand spectacle puisque toutes les monoplaces sont présentent lors du tour de formation. Or, une fois ce dernier bouclé, les 14 voitures équipées de Michelin plongent dans la voie des stands et se retirent de la course dans l'incompréhension la plus totale. Les six monoplaces chaussées en Bridgestone (Ferrari, Jordan, Minardi) prennent place sur la grille et le départ est donné. Des cris, huées, sifflets, pouces baissés et doigts d'honneur descendent des tribunes et des objets, comme des canettes ou des bouteilles, sont jetés sur la piste. Le fiasco est total et Michael Schumacher finit par l'emporter devant son coéquipier Rubens Barrichello. Afin de s'excuser de cette parodie de course, Michelin remboursera les spectateurs présents ce dimanche 19 juin 2005 et achètera également 20 000 billets pour le GP des États-Unis 2006 afin de les distribuer. Après ce fiasco, les fans américains ont du mal à digérer et ne répondent plus présents. En 2008, les Etats-Unis renoncent à leur présence au calendrier de la Formule 1. Il faudra finalement attendre quatre ans pour revoir un GP sur les terres étasuniennes. Mais ce ne sera pas à Indianapolis, mais bien à Austin que les monoplaces concourent. Et la réconciliation est désormais totale puisqu'en 2023, les Etats-Unis accueilleront trois Grands-Prix, à Austin, Miami et Las Vegas. 

Articles liés