Formule 1 : Après la colère de Leclerc, Ferrari justifie le fiasco à Monaco !
Arthur Montagne -
Journaliste
Affamé de sport, il a grandi au son des moteurs de Formule 1 et des exploits de Ronaldinho. Aujourd’hui, diplomé d'un Master de journalisme de sport, il ne rate plus un Grand Prix de F1 ni un match du PSG, ses deux passions et spécialités

Moins d'une semaine après le Grand Prix de Monaco, la déception du côté de Ferrari n'est pas retombée. Il faut dire que Charles Leclerc, idéalement placé pour enfin s'imposer à domicile, a été victime d'une énorme erreur de stratégie de son écurie qui la contraint à se contenter de la quatrième place, derrière Max Verstappen, son principal rival pour le titre. Inaki Rueda, principal stratège chez Ferrari tente d'expliquer ce fiasco.

Charles Leclerc est maudit. Le Monégasque rêve de remporter le Grand Prix, chez lui, dans les rues de la Principauté, mais ces dernières saisons, il a toujours été victime de malchance. L'année dernière, malgré une monoplace loin d'être en mesure de rivaliser avec Mercedes et Red Bull, il signe la pole position à Monaco. Mais il ne pourra pas prendre le départ du Grand Prix et doit renoncer dans le tour de formation à cause d'une boîte de vitesse trop abîmée après son crash en qualifications. Cette saison, il débarque cette fois-ci en grand favori. En course pour le titre mondial, Charles Leclerc dispose d'une monoplace capable de le faire briller, surtout sur le tracé monégasque. Et le pilote Ferrari confirme rapidement son statut en signant largement la pole position, et après un bon départ, rien ne semblait pouvoir le priver de sa première victoire à domicile... à part la stratégie de l'écurie italienne. Ferrari est effectivement retombée dans ses travers en gérant très mal le cas Leclerc appelé très tard au stand pour chausser les intermédiaires alors que la piste séchait très rapidement... avant de le rappeler deux tours plus tard pour mettre des slicks ! Le Monégasque saute alors dans la voie des stands, juste derrière Carlos Sainz, mais reçoit immédiatement l'ordre inverse dans la radio. Un énorme quiproquo qui engendre la colère de Charles Leclerc qui pousse un gros coup de gueule contre ses ingénieurs. Mais c'est trop tard. Non seulement Sergio Pérez a pris la tête devant Carlos Sainz, mais surtout Max Verstappen dépasse aussi Charles Leclerc qui ne terminera que quatrième. « Je suis dégoûté. Ça fait mal. Il y a beaucoup de courses et nous avons le rythme, mais nous ne pouvons pas nous permettre de terminer quatrième alors que nous avions six secondes d'avance sur le deuxième. Je gérais l'écart avec ceux qui étaient derrière. Ça fait mal, en plus chez moi », confiait Leclerc après la course. Il faut dire qu'alors qu'il était idéalement placé pour s'imposer, le Monégasque perd finalement de précieux points dans la course au titre face à Max Verstappen.

Ferrari explique le fiasco

Comment expliquer un tel fiasco pour la Scuderia ? Stratège en chef de Ferrari, Inaki Rueda donne des éléments de réponse dans des propos rapportés par Nextgen-auto.com. « Avec Charles, nous avons fait deux erreurs - la première était de couvrir Perez. Alors qu’avec Carlos nous avons réalisé très tard dans son tour que nous ne pouvions pas couvrir Perez, avec Charles nous avions un grand écart sur la Red Bull à notre avantage et nous pensions pouvoir couvrir Perez. Au début du 18ème tour, Charles avait plus de 10 secondes d’avance sur Perez. Nous pensions que cet avantage allait se réduire car Perez, en pneus intermédiaires, était beaucoup plus rapide que Charles en pneus maxi-pluie. Nous avions regardé d’autres F1, nous avions des données en direct des voitures, et nous pensions que cet écart se réduirait d’environ 10 secondes à cinq, quatre, trois au pire. Mais nous avons vu cet écart de 10 secondes se réduire - sept, six, cinq, quatre. Lorsque Charles passe la Piscine, la dernière référence de chronométrage que nous avions indique qu’il devance Perez d’une seconde. Ce à quoi nous ne nous attendions pas, c’est que Perez soit neuf secondes plus rapide au total dans ce tour, et à cause de cela, nous avons perdu la course avec Charles », explique-t-il.

Finalement, deux tours plus tard, Ferrari décide d'appeler ses deux pilotes au stand pour chausser des pneus slicks. C'est la seconde erreur stratégique puisque Charles Leclerc va perdre du temps derrière Carlos Sainz lors de ce double arrêt. « Nous voulions mettre les deux voitures en pneus slicks, et au 21e tour, nous avons pensé que la piste était bonne pour les pneus slicks. En même temps que nous faisions rentrer Carlos pour essayer de garder la tête de la course, nous nous sommes dit ’Faisons rentrer Charles pour essayer de faire l’undercut sur Perez pour que nous puissions finir 1er et 2e’. En arrivant, nous avons regardé les écarts, et l’écart entre nos voitures était de cinq secondes - il était temps de faire un double arrêt. Un doppio (double arrêt en italien, NDLR) confortable se fait avec six secondes entre les voitures, mais nous avons pensé que cinq secondes et demie pourraient suffire. Comme les voitures se rapprochaient de plus en plus de l’entrée des stands, l’écart s’est réduit, et à l’entrée des stands, l’écart n’était plus que de trois secondes et demie », assure Inaki Rueda. En s'apercevant de ces données, c'est la panique chez Ferrari qui demande finalement à Charles Leclerc de rester en piste, mais c'est trop tard. Le Monégasque pousse alors un énorme coup de gueule à la radio, comprenant qu'il avait définitivement laissé filer une victoire qui lui tendait les bras. « Nous avons fait une tentative de dernière minute pour essayer de dire à Charles de ne pas rentrer, mais c’était trop tard. Il était déjà entré. Dans ce double arrêt, Charles a perdu deux secondes. C’était crucial. Pourquoi ? C’est ce qui a permis à Verstappen de sortir devant Charles un tour plus tard », ajoute Inaki Rueda qui espère que Ferrari en sortira plus fort : « Nous sommes retournés à l’usine, nous avons analysé ce que nous avons fait de bien et de mal, nous avons mis à jour nos outils, nos procédures, et nous nous assurons que nous revenons plus forts de cette expérience. » C'est en tout cas ce que doit espérer Charles Leclerc...

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