Les journaux britanniques s'en sont donnés à coeur joie à l'heure de commenter le but qui a privé les Irlandais de Coupe du monde. Un seul mot d'ordre : Henry est un sale tricheur ! Pas faux, en même temps.
La presse britannique ne nous déçoit jamais. Quand il faut inventer une info, ils sont là. Quand il faut survendre une info, pareil. Et quand ils ont l'impression de s'être fait enflés comme des bleus par les Bleus, ils envoient du bois. Du gros bois, même. The Irish News évoque "une brave république d'Irlande volée" et se moque de Titi d'un subtil "Henry prend la main". Le Evening Herald préfère un joli "vol à main armée" pour résumer la rencontre. Le Irish Examiner sort les violons avec son "les coeurs brisés de l'Irlande" avant d'enfoncer Henry, coupable d'avoir "trompé les arbitres en se servant de sa main pour amener le but décisif". Le Irish Independent parle d'une "injustice massive". Sans oublier de tacler Titi : "Henry le voleur nous pique notre rêve". Ni de s'amuser un peu : "A part s'il avait pris la balle pour sa la monter en l'air, Henry n'aurait pas pu être ouvertement plus tactile". Et Vincent Hogan, le journaliste, de partir en délire : "Paris vous donne l'impression de ne pas avoir de chance. Les gens s'habillent mieux que nous, ici. Leur langage est une lettre d'amour sans fin. Les immeubles soupirent devant leur propre beauté. On dirait que même les pauvres reçoivent des leçons de mode. Ils n'ont même pas notre fétichisme pour les replicas en nylon. Leurs hommes préfèrent les expressos à la bière (euh... pas tous, Vincent, ndlr). Leurs femmes utilisent la subtilité pour choquer. (...) Peut-être que c'était la véritable difficulté hier soir. Surmonter un épique avantage psychologique." Et le Independent de poursuivre : "Trapattoni et ses joueurs ont quitté le Stade de France sur un sentiment de colère et de paranoïa hier soir. Ils avaient tenté de mettre de côté ces sentiments avant ces barrages contre la France après la honteuse décision de la FIFA de désigner des têtes des séries, obligeant l'Irlande à affronter un "gros" du foot sur la route de leur rêve d'Afrique du Sud. Malheureusement, le but qui a permis à la France d'obtenir son ticket pour le Mondial n'a pas seulement ramené ces sentiments d'injustice mais les a multipliés par mille."
Le Independent en rajoute même une couche avec une page de son site web dédiée aux mails de fans dégoûtés par le but d'Henry. On ne reprendra pas les meilleurs extraits, on vous laisse le plaisir d'aller les découvrir, mais c'est violent. Très violent. Le Irish Sun, fidèle aux autres journaux, traite Henry de "tricheur". Avant de faire une comparaison déjà utilisée un peu partout, notamment par les médias français, depuis le coup de sifflet final : "La légende d'Arsenal a fait une Maradona. Deux fois." Une allusion au fait que Titi a touché la balle non pas une mais bien deux fois avant d'effectuer sa passe décisive pour William Gallas. Le Irish Times illustre la page d'accueil de son site web d'une photo de la désormais légendaire main de Thierry Henry. Avec ce titre, inutile à traduire : "Le Hand". Plus loin, le Irish Times évoque lui aussi "la main de Dieu", nouveau rappel à Diego, avant de fracasser Titi : "C'était quelque chose d'honteux de la part de l'attaquant de Barcelone dont l'image publique prudemment construite est basée sur un sens de l'honnêteté et de la décence. Mais tout cela sera oublié le 11 juin prochain quand la France, et non l'Irlande, se préparera à disputer son premier match de la Coupe du monde." Côté anglais, le tabloïd The Sun garde sa verve habituelle avec un titre inutile, là encore, à traduire : "Le Hand of God". Et de reprendre la formule du Irish Times : "Henry le tricheur a fait une Maradona par deux fois".
Certains réclament de boycotter les produits Gillette !
The Times, lui, fait dans l'originalité. Sur la page d'accueil de son site, un papier titré : "Les fans tournent le dos à Henry mais ses sponsors restent fidèles". Un article qui nous explique les conséquences possibles de la tricherie signée Titi : "Quand Gillette a lancé sa campagne publicitaire autour des champions, avec Henry, Woods et Federer, en 2007, la compagnie US avait déclaré avoir choisi Henry car il personnifiait les vraies valeurs sportives. Ces valeurs sont remises en question après les événements d'hier soir, des groupes d'internautes ayant même appelé à un boycott des produits Gillette tant que le Français continuerait de représenter la marque. Beaucoup demandent que le fabriquant de rasoirs et de produits pour le rasage retire le footballeur de sa campagne." Une possibilité vite balayée par James Nunn, porte-parole de Gillette : "Ce n'est pas à nous de commenter une décision d'arbitrage dans un match mais en tout cas, cela ne va pas changer notre relation avec lui."
The Times enfonce le clou à travers la parole d'un de ses chroniqueurs, l'Irlandais Tony Cascarino, ancienne idole du Vélodrome lorsqu'il portait les couleurs de l'OM. Et il n'y va pas de main morte, Tony : "Thierry Henry est un tricheur hypocrite qui a terni sa réputation pour de bon. (...) Quelqu'un qui ne se préoccupe que de lui-même. (...) C'est une question de conscience. (...) Cela n'aurait jamais été une question pour moi car je n'étais pas un tricheur. (...) C'est une tricherie évidente, calculée." Pour Cascarino, Henry aurait "gagné l'admiration du monde entier" et "pu être un phare d'intégrité" s'il s'était dénoncé de lui-même à l'arbitre. "A la place, il a jeté la honte, sur lui-même et sur le football." Et Tony de conclure d'un "les joueurs de Domenech ont des coeurs de la taille de petits pois".