EDF : Matuidi nouvel empereur du milieu
La rédaction

La France avait peur de prendre une volée. Les supporters avaient peur que les absences au milieu de terrain soient fatales, face aux génies ibériques. Mais dans ce match d’hommes, un joueur s’est révélé. Blaise Matuidi.

Ne pas avoir Rio Mavuba et son expérience. Etre obligé de se passer de Diaby et de son profil unique. Didier Deschamps a dû se creuser la tête pour essayer de gagner la bataille du milieu, lui qui y régnait en maître en tant que joueur. Mais hier soir, sous la pression d’un match face aux champions toutes catégories, un challenger est venu apporter son punch, Blaise Matudi. Le milieu du PSG est passé de l’ombre à la lumière au bon moment.

Les vagues espagnoles se sont écrasées sur lui

Depuis 2006 et la retraite de Claude Makélélé, les sélectionneurs de l’équipe de France se sont mis à la recherche de celui qui serait la « sentinelle » devant la défense. Celui qui récupère sobrement le ballon avant de le donner aux animateurs du jeu. Alou Diarra, Lassana Diarra, Yann M’vila, et plus récemment Rio Mavuba, se sont vus confier le costume. Sans grand succès (un bémol pour Mavuba néanmoins). Mais hier, dans un match qui sentait la poudre, un héros très discret est sorti du bois. Pas grand (1m75), pas puissant (70 kg), Blaise Matuidi a pourtant détruit en deuxième mi-temps les attaques espagnoles. Repositionné en milieu axial aux cotés de Cabaye après la sortie de Gonalons et l’entrée de Valbuena, le Parisien a été un rempart efficace. Il a coupé les trajectoires, harcelé les meneurs de jeu de la Roja, et mis une intensité indispensable à ce niveau. Une intensité collective rarement vue depuis 6 ans, et à laquelle le natif de Toulouse n’est pas étranger. Gaucher, pas mauvais relanceur, celui qui s’est imposé au milieu au PSG version Qatar / Ancelotti a déployé un énorme volume de jeu, n’hésitant pas à monter très haut pour harceler la relance adverse. Avec lui, c’est tout le bloc Bleu qui s’est positionné de façon à étouffer la construction espagnole. Matuidi a coupé beaucoup de trajectoires, avec 10 interceptions, et n’a pas hésité ensuite à soutenir les attaques, grâce à sa capacité à passer le rideau adverse balle au pied. Bref, si c’est dans les grands matchs qu’on découvre les grands joueurs, celui-là a choisi le bon endroit et le bon moment. Surtout qu’il devrait encore avoir sa chance.

Le bon moment pour éclore

L’ancien joueur de Troyes et de Saint-Etienne, réservé et à la voix discrète dans la vie, a mené la révolte des siens hier. Une attitude de leader par l’exemple, au moment où les blessures jetaient un doute sur les ressources de la France au milieu. Mavuba est absent pour 2 à 3 mois, et Diaby étant d’une fragilité cristalline, Matuidi a une fenêtre inespérée pour faire son trou. En novembre, la France se rendra en Italie et recevra l’Allemagne. La blessure du capitaine de Lille donnera l’occasion au Parisien de se montrer encore, en enchaînant peut être trois matchs face à trois cadors mondiaux. Une occasion en or pour gagner sa place. D’autant que Matuidi joue beaucoup avec le PSG, notamment en Ligue Des Champions.

Autre avantage, le joueur est adaptable à deux schémas de jeu. En 4-3-3, il peut jouer devant la défense ou à gauche au milieu. Sa capacité à couvrir les montées des latéraux devient alors précieuse, de même que sa capacité de projection vers l’avant. Dans un 4-2-3-1, comme hier après la sortie de Gonalons, il apporte un gros abattage et une capacité à gicler sur les lignes de passes pour casser la construction adverse et donner des ballons propres à ses milieux. Dernière qualité, il est le seul gaucher du lot, avec un jeu long perfectible mais déjà intéressant. Ainsi donc, si les absents d’hier l’étaient sur blessures, ils ont eu tort, comme le veut l’adage. Un jeune balèze a montré qu’il était bien capable de sortir un gros match. Une performance à confirmer, mais au lendemain d’un nul aux allures de victoire, trois jours après une défaite face au Japon, on donnera volontiers le costume de patron à ce héros très discret.

Par Ryad Ouslimani