Souvent décrié pour son inefficacité en équipe de France, Karim Benzema est pourtant décisif avec le Real Madrid. Peut-être que le problème ne vient finalement pas de lui mais de ceux qui l’entourent.
Et si tous les maux de l’équipe de France n’étaient pas le simple apanage de Karim Benzema ? C’est vrai, les chiffres ne plaident pas en sa faveur. Benzema, c’est un total de deux buts en compétition officielle sous le maillot bleu en deux ans. Le dernier en date, c’était le 11 septembre 2011 en Albanie (1-2), l’antépénultième intervient le 12 octobre 2010 contre le Luxembourg (0-2) à Saint Symphorien. Ajoutons à cela que son dernier but était en match amical face à l’Estonie (4-0) et un doublé. Ca commence à faire beaucoup, mais comme on dit souvent, les grands joueurs se révèlent lors des grands événements, ce soir en est un.
Le soutien indéfectible de Didier Deschamps
Plus que la France, c’est l’Espagne toute entière qui attend l’ancien lyonnais au tournant. Il est indéniablement le plus dangereux de l’équipe malgré son manque d’efficacité criant chez les Bleus. En Liga, le Français a fait ses preuves après une période de disette. Fort d’un but en championnat et deux en Ligue des champions, sa gâchette ne souffre pas l’indifférence. Un homme le soutien bec et ongle dans sa traversée du désert bleu, c’est Didier Deschamps. « Benzema est tout sauf un problème. Il y a des périodes de réussite, d’autres un peu moins. Au niveau international pour être performant, il faut de l’efficacité. Karim a déjà prouvé en sélection et en club qu’il pouvait être efficace. » a rappelé l’entraîneur français. Son ciseau contre l’Ajax d’Amsterdam (1-4) vient confirmer qu’il a le sens du but et l’instinct du tueur. Zinedine Zidane ne doute pas non plus de son talent. « Il marque moins avec les Bleus en ce moment, mais c’est toujours pareil, il y a chez un buteur une forme de confiance un peu particulière qui peut être déclenchée par un but. Pourquoi pas mardi ? Mais en tout cas, et c’est très important, je le trouve vraiment présent : à un moment donné, on le voyait plus ou moins dedans selon les matches, alors qu’aujourd’hui on le sent investi de quelque chose », a affirmé Zizou dans les colonnes de L’Equipe.
Mal positionné, mal entouré, il manque de stabilité
Quid de son rôle en équipe de France. Il y a un premier paramètre qui entre dans l’explication de son malaise bleu. Le joueur est victime d’expérimentations quasi laborantines. Tantôt placé seul en pointe, puis à gauche sur le côté ou même à droite, il doit jongler avec les schémas tactiques mis en place. En 4-4-2 avec Olivier Giroud face à l’Uruguay, en 4-3-3 contre le Japon et la Biélorussie, difficile de prendre du galon alors que le joueur madrilène affirme lui-même être plus à l’aise seul en pointe. Didier Deschamps devrait tenir compte du fait que ses trois buts cette saison (Liga et Ligue des champions confondus) sont le fruit d’un placement en 9 pur. L’autre point qui peut expliquer ses difficultés, c’est le manque d’animation offensive qui règne autour de lui en équipe de France. A l’exception de Franck Ribéry, rares sont les coéquipiers qui mettent en valeur son jeu. C’était criant face au Japon, ça l’était tout autant lors de la confrontation face aux ibériques lors du dernier Euro. A Madrid, c’est tout le contraire. Entouré de l’un des meilleurs joueurs du monde, Cristiano Ronaldo, de Mezut Ozïl, de Modric, de Di Maria, Benzema est régulièrement servi sur un plateau. Ce fut le cas avec Kaka aussi à Amsterdam, qui lui a déposé une galette. En équipe de France, il peine à trouver ses marques avec Giroud, Menez et les autres. Mais peut-être que toutes ces considérations seront balayées d’un revers de pied ce soir. Ce serait le meilleur moyen de répondre aux critiques.
Par Arnaud Boisteau