On a l'habitude de voir les journalistes casser du sucre sur le dos de Raymond Domenech. Nouvelle tendance, les joueurs eux-mêmes s'y attaquent désormais. Pour une légitimité encore plus écornée.
Voici une liste (non-exhaustive), de tout ceux qui aiment assassiner leur propre sélectionneur: Thierry Henry, le 2 mars: « Je l'ai déjà dit un million de fois, je préfère jouer dans l'axe. Franck préfère jouer à gauche, moi dans l'axe mais après il y a un coach qui décide même si on n'est pas toujours d'accord. » Jérémy Toulalan, le 4 mars: « Il nous reste un peu de travail avant d'être au niveau. Beaucoup ? Chacun pense ce qu'il veut. Je ne vais pas dire que je ne suis pas inquiet. » Bacary Sagna, le 4 mars: « Il faut qu'on apprenne à mieux de connaître les uns les autres. » Hugo Lloris, le 9 mars: « Il faut trouver des automatismes, un plan de jeu, que notre collectif dépende de ce plan de jeu et qu'on joue sur nos points forts. » Ajoutez à cela la frustration, non dissimulée, de Franck Ribéry sur la pelouse du Stade de France, qui a passé 60 minutes à jouer sur un côté droit qu'il déteste, et vous comprendrez la cassure, tellement sous-entendue qu'elle sort comme un cri du coeur, de l'ensemble du groupe France. L'enseignement est simple: personne ne respecte Raymond Domenech. Première raison, c'est un entraîneur aux choix contestables. Henry et Ribéry, pourtant les deux stars supposées de l'équipe de France, passent leur temps à réclamer autre chose qu'un positionnement qui ne met en valeur ni l'un ni l'autre. Sans pour autant être entendu. Et quand le taiseux Lloris demande de jouer sur ses « points forts », inutile de dire qu'il remet sensiblement en cause cette orientation douteuse du patron des Bleus. Deuxième raison, qui n'est pas la moindre: Raymond Domenech n'a pas réussi à créer un groupe. Un comble alors qu'il est en charge des Bleus depuis six ans ! Entendre Lloris parler d'automatismes et de temps de jeu. Entendre Sagna espérer que tout le monde se connaisse un peu mieux, alors que l'on sort d'une campagne de qualification (épique) pour le Mondial, cela semble être un comble. Si Domenech n'était là que depuis quelques mois, cela s'apparenterait à un discours attendu. Au bout de six ans, on ne peut appeler cela autrement qu'un cri d'alarme. Et Jean-Pierre Escalettes, apparemment, n'est décidé en rien à sortir la bouée de sauvetage.