Alors qu’il a encore été contraint à l’abandon à cause d’une chute sur les Stade Bianche, certains commentaires commencent à annoncer la fin des perspectives à haut niveau de Julian Alaphilippe. Est-il vraiment hors du coup ? A l’analyse, la réalité apparaît largement plus nuancée…
Alors que son premier week-end flandrien, préparé dans les pires conditions suite à la sortie médiatique du manager général de la Soudal-Quickstep Patrick Lefévère, qui s’en était une nouvelle fois pris à lui, avait laissé une impression plutôt encourageante malgré l’absence de résultat, Julian Alaphilippe a une nouvelle fois chuté lors des Strade Bianche samedi, ce qui marque un nouveau contretemps dans son début de saison.
Cyclisme : «C’est fini» pour Alaphilippe https://t.co/YM03S7MbG3 pic.twitter.com/B6Zs6i5KMB
— le10sport (@le10sport) March 4, 2024
« Alaphilippe et le haut niveau, c’est fini »
Suffisant pour que certains commentaires tirent un trait définitif sur son retour au top niveau, à l’image de celui de Jérôme Pineau, l’ancien coureur et patron de l’équipe BB Hôtels, sur les ondes de RMC : « Depuis sa lourde chute sur Liège-Bastogne-Liège (en avril 2022), Alaphilippe ne met plus un pied devant l’autre, il n’y est plus sportivement. Il a enchaîné les chutes et les incidents. Il n’arrive plus à tenir sur son vélo, il n’est plus dans le coup et n’y est plus physiquement. Lefevere ne parle pas pour rien. J’ai défendu Julian la semaine dernière en disant que ça n’a pas à être dans la presse. En revanche, s’il le dit c’est qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Il sait ce qui se passe dans son équipe. Patrick Lefevere a-t-il tué Julian Alaphilippe ? Non. Alaphilippe s’est tué tout seul. Il a eu une grosse chute mais depuis il n’a pas fait les efforts nécessaires pour revenir au niveau où il était. Il a un très gros salaire et il a la vie qu’il a à côté, mais je n’en parlerai pas. Je ne dis pas que c’est bien ou pas, c’est la méthode Lefevere. Alaphilippe s’est tué tout seul en ne faisant pas les efforts nécessaires. Il y a eu trop d’erreurs dans sa vie, son job et ses choix pour qu’on puisse attendre de Julian Alaphilippe qu’il redevienne le vrai Julian Alaphilippe. Ce n’est pas possible de faire ce qu’il fait en ce moment et d’avoir les résultats pour être au haut niveau. Je pense que dans une équipe familiale il peut rebondir. Plus jamais au même niveau. Il pourra gagner des étapes sur le Tour, mais être champion du monde et gagner des grandes classiques, c’est fini ».
Ses temps de passage pas aussi négatifs qu’on peut le penser
Faut-il alors s’inquiéter pour Alaphilippe ? Est-il réellement terminé pour le haut niveau ? Objectivement, une telle conclusion paraît prématurée. Assurément, Julian Alaphilippe apparaît mieux que l’an dernier, plus à même d’être à la bagarre lorsque la course se joue, mais les chutes ne lui ont pas permis de concrétiser. Ce lundi, le Français a disputé le prologue de Tirreno Adriatico. Il n’a pas brillé, terminant 60ème , mais là encore, il convient de modérer. D’une part, Alaphilippe devait récupérer de sa chute de samedi, d’autre part, il n’est qu’à 20 secondes de Vingegaard, 10 secondes de Pidcock et 5 secondes d’Enric Mas. Sur 10 kilomètres, ce n’est pas infamant. Alaphilippe n’est donc pas aussi loin que cela d’un vrai bon niveau de forme. La situation apparaît aujourd’hui en trompe l’œil et pourrait ne pas être aussi sombre qu’on pourrait l’interpréter. A l’occasion de sa chronique sur le Het Nieuwsblad, Patrick Lefévère n’en a d’ailleurs pas rajouté : « Tout le monde connaît mon adage : nous ferons l’évaluation du printemps après Liège. Mais un message clair : nous n’allons pas être défaitiste tout au long de la route ».