Les tensions n’ont pas manqué ces derniers jours au sein du Team UAE autour de la situation de Juan Ayuso, dont le départ en fin de saison a été officialisé par l’équipe, provoquant la réaction très virulente du coureur devant les micros. Joxean Fernandez-Matxin, le directeur sportif principal, lui a répondu. Analyse...
Ces derniers jours, l’équipe UAE a été traversée de nombreux soubresauts sur la Vuelta, surtout autour de la situation de Juan Ayuso, dont les ambitions personnelles – notamment sur le Tour de France – devenaient incompatibles avec la stratégie axée autour du leadership de Tadej Pogacar, et dont l’équipe a annoncé le départ en fin de saison lundi en plein Tour d’Espagne, alors que selon le grimpeur espagnol, un accord existait pour une officialisation fin septembre.
« Je continue de respecter Juan »
Juan Ayuso a explosé dans les médias mardi matin : « C’est sorti à 19h, et à 18h30 je n’en savais rien. On s’était mis d’accord pour communiquer après la Vuelta. Pourquoi c’est sorti ? C’est une question à leur poser à eux, mais ça me paraît clair : c’est pour nuire à mon image. Je leur ai dit que je n’étais pas d’accord avec le texte du communiqué, ils m’ont répondu que le premier communiqué qu’ils avaient préparé était bien pire et que je devais être content avec ça. Je voulais une belle sortie avec l’équipe, apparemment ça n’est pas possible, quand ça ressemble plus à une dictature, à des décisions unilatérales ».
« Je ne doute pas de son talent pur, mais il arrive un moment où les circonstances nous séparent »
Quelques heures plus tard, Joxean Fernandez-Matxin, le directeur sportif principal du Team UAE, a répondu devant les micros, comme rapporté sur le direct d’Eurosport : « La sortie d’Ayuso ? Je pense que c’est une opinion parmi tant d’autres, nous devons respecter toutes les opinions. Je continue de respecter Juan. J’admire le coureur, qui il est, ce qu’il nous a apporté, ce qu’il nous apporte et ce qu’il nous apportera encore sur cette Vuelta. Je lui souhaite vraiment le meilleur. Bien sûr, je privilégie l’aspect professionnel, et le jour où il aura des opportunités sur cette Vuelta, nous lui donnerons sa chance, et le jour où il devra rester près de Joao, comme hier, il le fera. C’est le plus important. Pour le reste, c’est son choix et nous respecterons son choix. Compte tenu de notre proximité, suis-je triste ou frustré par ses propos ? Je ne suis ni triste ni frustré. C’est une situation que nous devons accepter. C’est quelqu’un que j’apprécie, que j’apprécierai toujours, j’ai du respect pour lui. Je ne doute pas de son talent pur, mais il arrive un moment où, dirons-nous, les circonstances professionnelles nous séparent. Et ce moment est venu. Je ne ferai jamais rien contre les coureurs, je les défendrai toujours. Il a son opinion, je la respecte. Nous devons l’écouter, comme toutes les opinions d’ailleurs, et je l’ai écouté. Bien sûr, je ne partage pas tout son point de vue, mais je le respecte ». Comment comprendre la réaction très pondérée du boss du sportif chez UAE ? Il est clair qu’elle vise tout d’abord à apaiser la situation, alors que la Vuelta est loin d’être finie et qu’Ayuso reste susceptible d’aider Joao Almeida à vaincre Vingegaard. Mais il n’y a sans doute pas que cela. L’hiver dernier, Fernandez-Matxin avait clairement mis Ayuso en avant, le plaçant comme le leader numéro 2 derrière Pogacar, déclarant que la question n’était pas de savoir s’il pouvait gagner un Grand Tour, mais quand. Fernandez-Matxin jouait alors un jeu dangereux, qui visait à éviter que le grimpeur espagnol, l’un des grands talents du cyclisme mondial, ait envie de partir, mais qui n’était pas sans risque, sachant qu’Ayuso avait clairement fait comprendre qu’il ne voulait pas être au service de Pogacar et qu’il n’avait pas caché son ambition de rivaliser avec lui un jour. La modération des propos de Fernandez-Matxin aujourd’hui, louable sur la forme et le fond, tient probablement aussi au fait qu’il se déjugerait mécaniquement s’il se montrait trop virulent envers le grimpeur espagnol.