Julian Alaphilippe avait émis des premiers signaux très intéressants sur son niveau de forme lors du Tour de Grande Bretagne, achevé à la troisième place au général. Il a plus que confirmé vendredi dernier en levant les bras sur une classique World Tour, le Grand Prix de Québec, après un coup tactique joué au cordeau. Est-ce le grand retour de Julian Alaphilippe ? Analyse.
Alors qu'il sortait d'un Tour de France décevant, sans avoir pesé réellement sur la course, traversée de façon anonyme, Julian Alaphilippe avait abordé la dernière partie de saison avec une énorme motivation. Et visiblement de très bonnes jambes. On en avait aperçu les premiers signes lors de sa course de reprise au Tour de Grande Bretagne, achevé à la troisième place au général et au cours duquel il s'était montré très costaud face à des coureurs de la trempe de Remco Evenepoel. On en a eu la confirmation magistrale lors du Grand Prix de Québec, où Alaphilippe a levé les bras après avoir passé 80 kilomètres à l'avant, sa première victoire en classique World Tour depuis de longues années.
« C’est une course que j’ai toujours rêvé de remporter, alors le réaliser aujourd’hui et de cette manière... »
Après la course, le double champion du monde ne cachait d'ailleurs pas sa joie, dans des propos rapportés par cyclismactu.net : « Honnêtement, je pense que je vais avoir besoin d’un petit peu de temps parce que le Grand Prix de Québec, c’est une course que j’ai toujours rêvé de remporter. Le réaliser aujourd’hui et de cette manière... C’est aussi pour mon équipe qui a fait un gros travail aujourd’hui. C’est comme vous le dites, ma première victoire depuis l’étape du Giro l’année dernière, donc ça faisait un bon moment et je suis très heureux de cette victoire ».
Alaphilippe n'aurait sans doute pas gagné à la pédale face aux meilleurs
A partir de là, et alors que s'annoncent les Mondiaux au Rwanda dans deux semaines, une question s'impose : est-on enfin en train d'assister au grand retour de Julian Alaphilippe ? Est-il de nouveau à son top ? Peut-on rêver d'un troisième titre de champion du monde ? L'analyse de la course au Québec amène à relativiser tout cela. Certes, la victoire du champion français ne laisse aucune part au doute : il est revenu à un très bon niveau. On ne gagne pas une classique World Tour si on n'a pas de super jambes. Pour autant, Alaphilippe a aussi gagné grâce à un coup tactique, en devançant la grande bagarre en partant à 80 kilomètres de l'arrivée dans un groupe de costauds, et s'arrangeant pour travailler a minima dans l'échappée, étant le seul représentant de son équipe Tudor : « A un moment, c’était aussi tactique. J’étais le seul représentant de mon équipe à l’avant et il y avait des équipes très fortes, et j’avais l’ordre de mon directeur sportif d’essayer de garder le plus de force possible pour le final. Je suis resté concentré, focus pour le final et à la fin, c’était de plus en plus dur, tour après tour, jusqu’à ce dernier kilomètre où j’ai vraiment tout donné. Je suis juste très heureux que ça ait marché ». La fraîcheur gardée a aidé le Français à faire la différence dans la dernière bosse. Mais Alaphilippe n'aurait probablement pas eu les jambes pour l'emporter à la pédale dans le final face aux meilleurs. D'ailleurs, dimanche dans le très exigeant Grand Prix de Montréal, le double champion du monde n'a pas résisté au pressing terrible mis par l'équipe UAE Team Emirates, abandonnant à 35 kilomètres de l'arrivée. Si le Français est donc très costaud, il n'a pas pour autant retrouvé un niveau lui permettant de rêver à un troisième sacre mondial.