L'Usada a rendu public mercredi son rapport sur la procédure engagée à l'encontre de Lance Armstrong et le reste de l'équipe US Postal, compilant ce qu'elle qualifie de « preuves accablantes » du « programme de dopage plus sophistiqué, professionnel et réussi, jamais vu dans l’histoire du sport ». Morceaux choisis.
Des témoignages à charge C'est sans aucun doute le gros morceau du rapport. Les nombreux témoignages (26 personnes, dont 15 coureurs) présentent Lance Armstrong comme une sorte de chef de trafic. Pour éviter de se faire prendre, l'US Postal travaillait en équipe. Ainsi lors d’un contrôle inopiné en 2000, sachant qu’Armstrong venait de s’injecter de la testostérone par le biais d’une seringue d’huile d’olive, George Hincapie l’avait alors prévenu par texto de la présence des officiels. Mis au courant, l’Américain avait finalement renoncé à poursuivre la course. Et, d’après Hincapie, ce petit stratagème durait depuis quelque temps déjà.
En 1995 après Milan-San Remo, "Lance (Armstrong) a dit en substance : ils prennent des trucs. On va se faire tuer, on doit faire quelque chose." C’est à moment précis, selon lui, que l’équipe du « Big Tex » a commencé à utiliser de l’EPO, substance indécelable jusqu’en 2000. Tyler Hamilton evoque pour sa part une visite au domicile des Armstrong à Nice en mai 1999. « Mon taux d'hématocrite était bas, se souvient-il. Il m'a dit de me servir dans le frigo. L'EPO était à côté du lait. »
Armstrong connaissait le Dr. Ferrari L'Usada également assuré disposer de « documents tels que des relevés de paiements, des courriers électroniques », établisant un lien entre Armstrong et le docteur Michele Ferrari. Le Texan, qui a toujours nié entretenir une relation professionnelle, aurait ainsi versé plus d’un million de dollars au médecin banni à vie en 2010.
Des échantillons accablants Fort de ces éléments, l'Usada a réétudié avec minutie neuf échantillons sanguins de l’Américain prélevés sur les Tours 2009 et 2010. Tous, sans exception, se sont révélés « en accord avec un recours continu au dopage sanguin. » En cause notamment, un taux « anormalement bas » de réticulocytes, à savoir des globules rouges dont la production est stoppée quand un athlète transfuse son propre sang.
L’agence américaine cite également quatre échantillons « suspects » sur le Tour de Suisse 2001, qui seraient positifs s’ils étaient analysés selon les normes actuelles. Enfin, le rapport revient sur les traces d’EPO retrouvées dans les urines du coureur sur le Tour 1999. Une information relayée à l’époque par L’Equipe. Mais pour des raisons techniques, l’UCI n’avait pas validé le contrôlé. L'Usada ne dispose donc pas à proprement parler d'échantillons positifs. Peut-être la faiblesse de ce dossier.
Par Yohan Roblin